Son arrivée à Woking avait suscité de grosses attentes dans les rangs d’une écurie encore sous le choc d’un dernier exercice (2013) catastrophique et traumatisée par l’exil de son enfant prodigue, Lewis Hamilton, vers la rivale Mercedes. Présenté comme l’homme idoine pour ramener McLaren au sommet, Éric Boullier croyait alors à tort que sa capacité de « faiseur de miracles » allait sortir le team au huit couronnes mondiales de l’abîme dans lequel il était tout doucement en train de s’enfoncer. Si ses talents de maître d’orchestre avait jadis permis à Lotus de se reconstruire sur les ruines du « Singapourgate » puis de tenir en respect des équipes autrement mieux dotées qu’elle tant sur le plan humain que financier, il n’aura en revanche été d’aucun secours au sein d’une écurie rongée par de sempiternelles dissensions internes et lésée par le gigantisme de son organisation. Simple pion dans un échiquier privé de la présence si précieuse et rassurante d’un roi aux ambitions claires et assumées, le Français n’aura ainsi jamais pu entreprendre la restructuration promise lors de sa signature, se privant de facto du moindre espoir d’amélioration tout au long de ses quatre saisons et demie passées à la tête de la troisième équipe la plus titrée de l’histoire. Tributaire d’un choix (l’association McLaren-Honda) qui n’était pas le sien, le Mayennais a pourtant payé en premier le prix d’une situation devenue à force aussi inacceptable que risible (aucun podium gravi depuis le 16 mars 2014 en Australie). Débarqué au surlendemain d’un Grand Prix d’Autriche qui n’aura pas franchement contribué à redorer l’image d’une écurie en totale perdition, Boullier quitte, provisoirement tout du moins, la Formule 1 sur un échec colossal qui pourrait bien avoir torpillé tout le crédit qu’il s’était brillamment construit lors de son passage remarqué dans la feu écurie Renault. Good-by Éric !
Andrea Noviello
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