Course : Verstappen ouvre son compteur

Max Verstappen course Autriche 2018
Au terme d'une course pleine de panache, Max Verstappen empoche sa quatrième victoire en F1.
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Sevré de victoire depuis le Grand Prix du Mexique 2017, Max Verstappen a enfin renoué avec la plus haute marche du podium en triomphant d’un très mouvementé Grand Prix d’Autriche de Formule 1. Opportuniste au moment de la neutralisation sous régime de voiture de sécurité, le Néerlandais a ensuite parfaitement géré ses gommes et le retour des Ferrari pour remporter le quatrième succès de sa carrière devant Kimi Räikkönen et le nouveau leader du championnat Sebastian Vettel.

Il l’attendait depuis le mois d’octobre 2017 et un succès déjà conquis lors d’une course particulièrement agitée dans l’atmosphère étouffante et polluée de Mexico City. Plus jeune vainqueur de l’histoire d’un Grand Prix à 18 ans, 7 mois et 15 jours (Espagne 2016), Max Verstappen avait pourtant vu sa jeunesse et son manque d’expérience se retourner cruellement contre lui en cette première moitié de championnat 2018. Régulièrement pointé du doigt pour ses bourdes à répétition et son manque de remise en question, le Néerlandais avait toutefois préféré faire abstraction des conseils d’une presse britannique toujours encline à tomber dans les excès pour se focaliser exclusivement sur son pilotage, persuadé que son inestimable talent et son agressivité naturelle lui permettraient de se relever de ce début d’exercice délicat. Encore très vindicatif envers ceux qui ont osé le jeté en pâture après ses multiples incartades à son arrivée dans le paddock de Spielberg, le pilote Red Bull a pris, en piste, la plus cinglante des revanches en triomphant d’un Grand Prix d’Autriche à rebondissements.

Troisième à la fin d’un premier tour au cours duquel il avait gentiment écarté Kimi Räikkönen de son chemin, le Batave ne semblait cependant pas en mesure de venir menacer d’insubmersibles Mercedes parties pour réaliser un implacable doublé en terre autrichienne. Mais c’était sans compter sur la défaillance technique (double abandon des W09) et humaine (grossière erreur de stratégie) d’une écurie Mercedes complètement déboussolée par la neutralisation sous régime de voiture de sécurité au 15ème passage. Débarrassé des flèches d’argent, Verstappen n’avait dès lors plus qu’à gérer la dégradation de ses gommes et à contenir le retour de Ferrari sur courant alternatif dans les montagnes de Styrie, une tâche dont il s’acquitta avec brio empochant ainsi le quatrième succès de sa carrière F1 après presque sept mois d’attente. « Gagner ici avec Red Bull, c’est tout simplement génial, s’enthousiasme le fils de Jos. Préserver les gommes aussi longtemps ne fut pas chose facile, mais j’ai pu contrôler les écarts tout en surveillant les pneus. Cette journée a été très bonne pour moi et j’espère maintenant poursuivre sur cette lancée à Silverstone. »

Un départ agité

Propulsé sur la quatrième place de la grille de départ à la suite de la pénalité infligée à Sebastian Vettel, Verstappen s’extirpe relativement bien de son emplacement à l’extinction des feux sans pour autant parvenir à inquiéter devant lui le duo de Mercedes. C’est au contraire Räikkönen, chaussé comme son coéquipier en ultratendres, qui réalise le meilleur envol, le Finlandais s’infiltrant dans un trou de souris entre les deux monoplaces argentées pour ravir au virage 1 la deuxième place au poleman Valtteri Bottas. Boosté par ce départ de rêve, le champion du monde 2007 part aussitôt à l’assaut du leader Lewis Hamilton dans Remus, osant une attaque quelque peu optimiste par l’extérieur qui va finalement le desservir. Passé au virage suivant par Bottas, le pilote Ferrari voit également le rusé Verstappen lui ravir la troisième position à la sortie de Würth, reculant encore d’un rang dans la hiérarchie. Tombé à la huitième place à la suite d’un 1er tour quelque peu mouvementé, Sebastian Vettel dispose facilement des Haas de Kevin Magnussen (2ème passage) et de Romain Grosjean (3ème passage), entamant une remontée qui le portera jusqu’à la dernière marche du podium.

Parvenu à quasiment effacer tout le handicap de sa pénalité grâce à un 1er tour bien négocié, il pointe déjà au quatorzième rang après s’être élancé depuis la dix-huitième place sur la grille, Charles Leclerc part à la faute dans Rauch, chutant en dix-neuvième position devant la seule McLaren d’un Stoffel Vandoorne passé précipitamment à son stand afin de changer un aileron-avant endommagé dans un accrochage avec la Toro Rosso de Pierre Gasly. Pas vraiment échaudé par cette sortie au large dans les graviers, le Monégasque repart immédiatement au combat, débutant son opération rachat par un dépassement autoritaire sur l’autre McLaren de Fernando Alonso au 7ème passage. Conforté dans le potentiel de sa C37, le pilote Sauber se défait dans la foulée de Brendon Hartley (11ème tour) et de son coéquipier Marcus Ericsson (13ème tour) tandis qu’à l’avant du peloton les mécaniques commencent à souffrir de l’intense chaleur (46° au sol) sévissant dans les montagnes autrichiennes. Après le spectaculaire explosion du moteur de Nico Hulkenberg dans la 12ème boucle, la boîte de vitesses de la Mercedes de Valtteri Bottas rend l’âme deux tours plus tard à l’approche du virage 4.

Journée noire pour Mercedes

Le leader Hamilton l’ignore encore, mais l’abandon de son dauphin vient de totalement torpiller ses chances de succès sur le Red Bull Ring. Prétextant un danger qui n’existe pas, Bottas ayant sagement rangé sa flèche d’argent très loin dans la zone de dégagement, la direction de course active inexplicablement la voiture de sécurité virtuelle au 15ème passage. Si les deux Ferrari et les deux Red Bull se jettent logiquement dans la voie des stands afin de troquer leurs pneus contre des tendres, Mercedes maintient contre toute logique Hamilton en piste, détruisant ainsi son tonitruant début de Grand Prix. « Nous avons commis une erreur, reconnaît après coup le directeur de Mercedes Toto Wolff. Avec l’entrée de la virtual safety-car nous avions un demi-tour pour réagir, mais nous ne l’avons pas fait. C’est là que nous avons perdu la course. » Neutralisé l’espace d’un tour et demi, le Grand Prix est relancé à la fin de la 16ème boucle avec en tête de gondole un Hamilton qui se sait désormais éliminé de la course à la victoire. Nanti d’une avance de treize secondes sur son nouveau dauphin Verstappen, l’Anglais va pourtant tout mettre en œuvre pour tenter de limiter au possible les dégâts causés par ses stratèges.

Donnant la pleine mesure de sa W09, le quadruple champion du monde accumule les meilleurs tours dans l’espoir de se mettre, au moins, à l’abri de son principal adversaire au championnat Vettel. Averti des malheurs de son rival, l’Allemand hausse sa cadence en conséquence, ce qui lui permet même de recoller à 4,2 secondes de l’autre Ferrari d’un Räikkönen toujours aussi fébrile en course, « Ice-Man » se faisant déposséder de sa troisième place par Ricciardo après une erreur dans le virage 3. Pourtant, les efforts de « Baby-Schumi » seront vains. Stoppé par Mercedes au 26ème tour, Hamilton reprend la piste sous le nez de la Ferrari frappée du numéro 5, conservant ainsi l’avantage sur celui dont il a repris les commandes du championnat une semaine plus tôt au Paul-Ricard. Une joie de courte durée pour le Britannique, la malchance n’ayant pas décidé de lâcher l’écurie championne du monde en titre ce dimanche après-midi. Déjà passablement agacé par la nouvelle bourde stratégique commise par ses ingénieurs, Hamilton subit quelques coupures moteur en bout de ligne droite, un handicap qui va le mettre à la merci de Vettel.

Ferrari tire le gros lot

Un tour seulement après que Räikkönen ait pris sa revanche sur un Ricciardo à l’agonie avec ses gommes arrière, l’Australien comme beaucoup d’autres pilotes ayant été victime d’un brutal phénomène de cloquage, Vettel attaque et dépasse Hamilton dans la 39ème boucle en dépit de la résistance plus que virile du natif de Stevenage. Alors qu’elles semblaient souffrir de la chaleur en début de course, les Ferrari viennent de totalement renverser la situation. Chez Mercedes en revanche, rien ne va plus puisque la seule W09 rescapée, celle d’Hamilton, est frappée à son tour par du blistering. Décidé à rester agressif en dépit des recommandations de son pit-wall, le leader du championnat s’évertue à combler l’infime retard (1 seconde) qu’il a accumulé sur la Ferrari de Vettel. Hélas pour lui, le délaminage de son pneu arrière-gauche vient contrarier ses belles aspirations. Contraint à un second changement de pneus au 53ème passage, Hamilton ressort derrière la Red Bull de Ricciardo, annihilant ainsi toutes chances de terminer devant son rival.

Mais le pire est encore à venir. Si Ricciardo ne représente plus un problème pour lui depuis le 54ème tour, l’Australien renonçant sur rupture de boîte de vitesses, Hamilton voit sa mécanique le trahir au 63ème passage, mettant définitivement fin à son calvaire autrichien. « Toute l’équipe doit se remettre en question, assène le quadruple champion du monde. Nous étions les plus rapides aujourd’hui. Rencontrer un problème de fiabilité et de stratégie n’est clairement pas dans nos habitudes. Gaspiller des points de cette façon est intolérable. » Amputé de son champion en titre, la fin de Grand Prix se résume alors à un intense duel à distance entre le leader Verstappen et le duo de chez Ferrari Räikkönen-Vettel. Un temps installé sur un douillet matelas de sept secondes, le Néerlandais a vu son avance fondre à mesure que le blistering s’est emparé de ses gommes arrière. Pourtant là où Ricciardo s’était montré incapable de sauvegarder ses enveloppes, Verstappen va y parvenir, s’imposant d’infime justesse (1,5 seconde sur la ligne) sur des monoplaces rouges certes battues, mais grandes gagnantes de ce neuvième rendez-vous de la saison.

Andrea Noviello

©Force India
Force India réalise un joli tir groupé en Autriche avec la 6ème place d’Ocon et la 7ème de Perez.
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