Mercedes
Depuis son retour officiel à la compétition en 2010, jamais la firme à l’étoile n’avait encore connu l’affront d’un double abandon sur problème mécanique. Pire, après avoir co-égalé en France le record (33) d’arrivées consécutives à une course détenu depuis 2009 par Nick Heidfeld, Lewis Hamilton a dû renoncer dans les verdoyantes montagnes autrichiennes, mettant ainsi fin à une incroyable série débutée au lendemain de son douloureux KO technique lors du Grand Prix de Malaisie 2016. Reboosté par son autoritaire succès varois, le quadruple champion du monde a vécu un premier accroc en qualification, son coéquipier Valtteri Bottas lui soufflant la pole position en Q3 pour 19 minuscules millièmes de seconde. Parvenu à reprendre l’avantage sur la Mercedes sœur au moment du départ, le Britannique semblait se diriger vers une nouvelle promenade de santé, il comptait plus de cinq secondes d’avance sur le troisième Verstappen après le 9ème tour, et un tranquille doublé quand la rupture de la boîte de vitesses du natif de Nastola au 14ème passage a totalement changé la physionomie de son dimanche après-midi. Inexplicablement maintenu en piste par les stratèges de Brackley au moment de la neutralisation sous régime de voiture de sécurité, l’ancien enfant prodigue de McLaren perd toutes chances de s’imposer sur une énième bourde stratégique de ses employeurs. Finalement appelé à son box dans la 25ème boucle, l’Anglais recule en quatrième position, une place qu’il ne quittera plus jusqu’à son retrait de la course au 63ème tour sur perte de pression d’essence. Tout prête d’être rattrapée par sa grande rivale Ferrari en termes de performance pure, la SF-71H surpassant même la W09 sur certains circuits, Mercedes affiche de surcroît d’inquiétantes périodes de flottement en cette saison 2018, un défaut qu’il lui faudra impérativement corriger à l’avenir si l’écurie quadruple championne du monde en titre entend, cette année encore, conserver sa suprématie sur la catégorie reine et maintenir son invincibilité sous l’ère hybride. Alerte rouge !
FIA
Maître dans l’art de se tourner en ridicule depuis un long moment déjà, la Fédération Internationale de l’Automobile s’est encore surpassée à l’occasion de cette neuvième étape de la saison. Outre son obsession maladive à vouloir constamment instaurer une troisième zone DRS course après course, comme si l’aileron arrière mobile était générateur d’un plus grand spectacle en piste, l’instance dirigeante s’est comme toujours fourvoyée dans ses prises de décision, appliquant des sanctions aussi ridicules que contestables quand elle n’a pas carrément faussé le déroulé de ce Grand Prix d’Autriche. Si l’incompréhension entre Sebastian Vettel et Carlos Sainz lors de la seconde partie des qualifications auraient bien évidement pu avoir de conséquences beaucoup plus lourdes pour les deux protagonistes, elle ne justifie en rien pour autant l’excessive sévérité de Charlie Whiting et de ses disciples. En sanctionnant le pilote Ferrari d’un recul de trois places sur la grille quand une simple réprimande se serait avérée nettement plus juste, Sainz partant de toute façon à la faute juste avant de rattraper la SF-71H de « Baby-Schumi », l’autorité régulatrice a non seulement privé l’Allemand d’un potentiel succès en terre autrichienne, mais a surtout renvoyé une image toujours plus déplorable d’une discipline où la beauté du sport a laissé place à l’absurdité d’une réglementation alambiquée et rigide à souhait. Et que dire alors de la neutralisation sous régime de voiture de sécurité virtuelle après l’abandon de Valtteri Bottas ? Non content de totalement altérer le déroulement de l’épreuve, le leader Hamilton perdant tout le bénéfice de son bon début de course sur une erreur stratégique de son écurie, l’activation de la VSC ne peut en aucun cas être motivée par un quelconque désir sécuritaire, le Finlandais ayant bien pris le soin de ranger très loin dans la zone de dégagement du virage 4 sa Mercedes meurtrie à la suite d’une défaillance de boîte de vitesses. Vous avez dit grotesque ?
Renault
Seule équipe avec Ferrari et Mercedes à avoir constamment classé (au moins) l’une de ses voitures dans les points depuis l’ouverture du championnat à Melbourne, Renault a enregistré son premier résultat blanc de la saison en Autriche. Une contreperformance que l’on peut autant mettre au crédit d’un manque de fiabilité (Nico Hulkenberg) que de vitesse en course (Carlos Sainz) des monoplaces jaune sur le très vallonné circuit du Red Bull Ring. Qualifié in extremis en Q3 au dixième rang, l’Allemand n’a pas eu le loisir de profiter bien longtemps de son bon envol en raison de l’explosion spectaculaire de son moteur au 12ème tour alors qu’il occupait solidement la neuvième place dont il avait su s’emparer au moment de l’extinction des feux. Épargné par les ennuis mécaniques, l’Espagnol a certes eu le « plaisir » de rallier l’arrivée de cette neuvième manche de la saison, mais à une douzième et antépénultième place indigne de celle qui s’est construite le statut de quatrième force du plateau. Neuvième sur la grille après avoir maté « Hulk » pour la cinquième fois de l’année dans l’exercice du tour chronométré, « Carlito » gère mal la cohue du premier virage, tombant en douzième position non sans avoir honteusement tassé Ocon dans l’herbe. Venu à bout de la Williams de Stroll dès le 1er tour, le Madrilène reste un long moment coincé à la porte du top dix avant que l’abandon de Bottas ne lui ouvre enfin la zone des points. Passé à son stand monter les pneus tendres lors de la neutralisation sous virtual safety-car, le champion 2014 de F3.5 grignote une place avant que la dégradation excessive de ses gommes arrière ne l’oblige à un second pit-stop dans la 36ème boucle. Rejeté en queue de peloton, l’Ibère ne parviendra dès lors qu’à prendre le meilleur sur les deux Williams de Stroll et Sirotkin, achevant son long calvaire à près de cinq secondes de la Toro Rosso à l’agonie de Gasly. Si sa quatrième place au championnat constructeurs n’est pas encore menacée par Haas (62 points contre 49), Renault va devoir se relancer dès Silverstone pour s’éviter une deuxième partie de saison sous tension.
Stoffel Vandoorne
Le Belge reste une énigme indéchiffrable aux yeux d’une (très) large partie du paddock. Si brillant par le passé dans les formules de promotion, Stoffel Vandoorne ne cesse de décevoir depuis son arrivée en catégorie reine. Déjà sérieusement malmené l’an dernier par son illustre et encombrant coéquipier Alonso, le natif de Courtrai continue d’évoluer dans l’ombre de l’Espagnol en 2018, enchaînant les prestations insipides et ternes à l’image de son week-end autrichien. Devancé, une nouvelle fois, par « Nando » en qualification, il reste coincé en Q1 à la seizième place, le pilote McLaren réalise un envol correct, mais va bêtement tout gâcher sur une erreur de débutant dans le virage 3. En lutte avec la Force India de Perez, le champion 2016 de GP2 accroche inexplicablement la Toro Rosso de Gasly devant lui, endommageant au passage son aileron-avant. Contraint de stopper à son box réparer les dégâts dès la fin du 1er tour, l’ancien petit protégé de Frédéric Vasseur chez ART GP connaît un arrêt catastrophique qui va définitivement mettre fin à ses espoirs de briller dans le décor bucolique de la Styrie. Relâché au moment où le peloton de tête déboule dans la ligne droite des stands, le pilote flanqué du numéro 2 doit laisser filer toute la meute, se retrouvant de facto avec un insurmontable handicap d’un tour à remonter. Bon dernier pendant tout le long de son interminable calvaire, il effectuera un second passage par les stands au 41ème passage afin de chausser un train de pneus tendres neuf, « Stoff » ne verra même pas la ligne d’arrivée, une rupture de sa boîte de vitesses à six boucles du baisser du drapeau à damier l’obligeant à mettre pied à terre. Encore éclipsé par Alonso à Spielberg, Vandoorne enregistre son cinquième résultat blanc consécutif depuis Bakou et voit l’écart (28 points) avec son coéquipier encore s’agrandir au championnat. Sans un sursaut rapide de sa part dans les courses à venir, le Belge pourrait voir son futur remis en cause par une écurie en pleine reconstruction.
Andrea Noviello
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