McLaren Honda
Plombé par son manque de kilométrage pendant l’hiver, le duo McLaren-Honda a vécu un premier Grand Prix cataclysmique en Australie. Loin du rythme des meilleurs, les MCL32 ont, en outre, souffert tout le week-end d’importants problèmes de fiabilité. Souci d’alimentation, défaillance électronique ou encore rupture de suspension : autant d’ennuis qui ont condamné les hommes d’Éric Boullier à un indigne rang de figurant dans les rues de Melbourne. Victime du manque de compétitivité chronique de sa monoplace en qualification, le moteur japonais rendant près de 30 km/h à la concurrence, Stoffel Vandoorne n’a même pas passé le cap de la Q1, échouant à une catastrophique 18ème place. Parvenu à se défaire des deux Sauber de Giovinazzi et d’Ericsson au départ, le Belge s’arrête à son box dès le 9ème tour afin de monter les pneus tendres. Régulièrement privé de puissance, sans compter des passages de rapports pour le moins hasardeux, le champion 2015 de GP2 traverse toute la course dans l’anonymat de la queue du peloton. Seule satisfaction : le natif de Courtrai rallie l’arrivée à l’inverse de son coéquipier Fernando Alonso. Héroïque 13ème des qualifications, le double champion du monde profite de sa bonne impulsion au départ pour griller la politesse à Ocon et Hulkenberg. Capable de maintenir le pilote Renault derrière lui pendant son premier relais, l’Espagnol grimpe même en dixième position dès le 15ème passage à la faveur de l’abandon de Grosjean. Convié à son box une boucle plus tard afin de chausser les gommes super-tendres, le « Taureau des Asturies » oppose une superbe résistance à Ocon dont il sortira finalement perdant au 52ème tour, la faute à un affaissement de sa suspension le contraignant à mettre pied à terre. Un calvaire.
Kevin Magnussen
Non conservé par Renault cet hiver, Kevin Magnussen a donné du crédit aux décideurs de la marque au losange en passant complètement à côté de sa manche d’ouverture. Brouillon en qualification, il commet deux erreurs à la sortie de Waite qui le repousse au 17ème rang à près de trois secondes du chrono réalisé par son coéquipier Grosjean, le Danois n’a guère été plus à son avantage lors d’un Grand Prix qu’il s’est lui-même compliqué en accrochant le malheureux Ericsson dans le virage 3. Contraint d’opéré un premier passage par les stands anticipé dès le 1er tour afin de changer d’aileron avant, le pilote Haas a passé le reste de son épreuve à tenter d’effacer sa bourde du départ. Sans grand succès. Ressorti en 19ème position équipé de pneus super-tendres, le champion 2013 de F3.5 va végéter à l’avant-dernier rang pendant plus de 27 boucles avant que l’abandon de Ricciardo ne le fasse reculer à la place de lanterne rouge de ce Grand Prix d’ouverture de la saison. Incapable ne serait-ce que d’opérer la jonction avec la pourtant très peu performante McLaren de Vandoorne, l’ancien protégé de McLaren prend le pari de s’arrêter une deuxième fois à son stand au 44ème passage afin de troquer ses super-tendres contre des ultra-tendres. Pas beaucoup plus à son avantage, même si son train de gommes neuves lui permet de signer le septième meilleur chrono du jour, le Nordique verra son long chemin de croix australien s’achever deux boucles plus tard à la suite d’une rupture de suspension. Pointé du doigt l’an dernier par ses employeurs pour son manque d’implication et (surtout) de résultats, Magnussen entame de la pire des manières sa nouvelle aventure chez Haas, égratignant encore un peu d’avantage une réputation déjà pas au beau fixe dans le paddock. À côté de ses pompes.
Lance Stroll
Cible privilégiée des critiques pendant l’hiver en raison de ses sorties de piste répétées lors des essais hivernaux, Lance Stroll n’a pas vraiment rassuré à l’occasion de son premier Grand Prix en Formule 1. Et c’est peu de le dire. Fébrile tout au long du week-end australien, à l’image de son crash en libres 3, le pilote Williams a surtout souffert de la comparaison avec son très expérimenté équipier Massa. Inexistant face au vice-champion du monde 2008 dans l’exercice du tour chronométré, il empoche un fade 19ème temps à 2,5 secondes de son voisin de garage, le Canadien a également pris le bouillon le dimanche en course face à la vista du Pauliste. Opportuniste au départ, le Québécois tire habillement profit de la confusion régnant dans les deux premiers virages, non sans endommager sérieusement son pneu avant-droit sur un blocage très appuyé, pour grimper en 14ème position. Ce sera son seul et unique fait d’arme à Melbourne. Coincé entre la Force India d’Ocon et la Renault de Palmer, le natif de Montréal bascule rapidement sur une stratégie décalée à deux arrêts au stand. Après un premier pit-stop anticipé dès le 5ème passage où il monte les ultra-tendres, le champion 2016 de F3 se maintient un long moment en treizième position juste devant la Sauber de l’autre débutant Giovinazzi. Trop distancé par le top dix pour pouvoir, à la régulière, prétendre marquer des points, le pilote flanqué du numéro 18 exécute son second changement de gommes au 29ème tour avec l’espoir de terminer sa course sur une bonne note. Il n’en aura, hélas, pas l’occasion. Reparti équipé d’un nouveau train d’ultra-tendres, l’ancien membre de la Ferrari Driver Academy voit ses freins le lâcher dans la 43ème boucle. Parti tout droit dans l’échappatoire du virage Ascari, Stroll abandonne aussitôt et clôt d’une bien triste manière des débuts loin de répondre aux (immenses) attentes placées en lui par Williams. Va devoir se ressaisir et vite.
Mercedes
Indétrônable au sommet de la Formule 1 depuis l’intronisation de la motorisation hybride, Mercedes a pourtant égayé ses trois ans de règne de quelques couacs dont elle a le secret. L’édition 2017 du Grand Prix d’Australie figure, indubitablement, très haut dans la hiérarchie des courses qui n’auraient jamais dû échapper à la firme à l’étoile. Encore une fois souveraine en vitesse pure, Hamilton décrochant samedi le 16ème pole position consécutive d’une flèche d’argent depuis le Canada l’an dernier, l’écurie codirigée par Niki Lauda s’est complètement fourvoyée dimanche en stoppant précipitamment son triple champion du monde à la fin du 17ème tour. Renvoyé en piste derrière le coriace Verstappen, l’Anglais n’avait dès lors plus aucune chance de se maintenir devant la Ferrari d’un Vettel redoutablement rapide une fois chaussé de gommes tendres. Inconcevable eu égard aux immenses moyens techniques et humains déployés par la firme à l’étoile, cette bévue s’avère d’autant plus risible que si « Baby-Schumi » était parvenu à suivre la cadence imprimée par le natif de Stevenage en début de Grand Prix, rien ne peut certifier que le quadruple champion du monde aurait pu dépasser à la régulière le fer de lance de Mercedes tant les perturbations aérodynamiques provoquées par les monoplaces endiguent toute velléité de dépassement. Battue à plate couture par sa rivale italienne dans un domaine, la stratégie, où elle n’a pourtant que très rarement été prise à défaut par le passée, l’équipe allemande rate l’occasion d’imprimer d’entrée sa marque sur ce championnat 2017 et offre sur un plateau à la Scuderia une victoire dont les effets pourraient se révéler bien plus lourd de conséquence que la réaction fair-play des hommes de Toto Wolff à l’arrivée ne le laisse présager. Gare à l’excès de confiance.
Andrea Noviello
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