Sebastian Vettel
Singapour constituait sa plus belle chance de récupérer un fauteuil de leader qu’il avait abandonné à son rival Hamilton deux semaines plus tôt en Italie. Il l’a gâché et pas qu’un peu. Mais qu’a-t-il pu se produire dans l’esprit de Sebastian Vettel pour ainsi détruire en quelques secondes tout le (formidable) travail qu’il avait accompli la veille en qualification ? En tassant exagérément la Red Bull de Verstappen vers l’intérieur de la piste à l’extinction des feux, l’Allemand a non seulement provoqué un carton en chaîne qui lui sera fatal, mais a surtout ruiné une occasion en or de marquer de gros points le jour où son adversaire dans la course au titre n’aurait, normalement, pas dû représenter une sérieuse menace. Déjà pointé du doigt après sa réaction épidermique lors du Grand Prix d’Azerbaïdjan, le pilote Ferrari a vu un nouveau flot de critiques s’abattre sur lui à la suite de son décalage trop prononcé du départ à Marina Bay. Jugé, à juste titre, responsable de l’accident, le natif d’Heppenheim a payé au prix fort son attitude antisportive et périlleuse. Blessée à mort par le contact avec son coéquipier Räikkönen, les radiateurs ayant subi des dégâts trop importants, sa SF70-H est ensuite venue se fracasser contre le rail de sécurité après une perte d’adhérence du fer de lance de la Scuderia en sortie du virage 1. Contraint et forcé d’immobiliser sa monoplace meurtrie quelques mètres plus loin, le quadruple champion du monde enregistre au plus mauvais moment son premier abandon de la saison. Distancé par Hamilton au championnat, il compte désormais 28 points de retard sur le pilote Mercedes, « Baby-Shumi » risque bien de regretter pendant longtemps un geste largement évitable et révélateur de son manque de self-control lorsqu’il évolue sous pression. Un beau gâchis.
Daniil Kvyat
Pas encore assuré de poursuivre l’aventure chez Toro Rosso l’an prochain, Daniil Kvyat a offert à ses détracteurs une nouvelle raison de mettre un terme à son bail dans l’écurie sœur de Red Bull en se crashant piteusement dans le 11ème tour de ce Grand Prix de Singapour. Venu à bout quelques secondes plus tôt du coriace Magnussen, le Russe occupait une prometteuse dixième place lorsque son freinage complètement manqué dans le virage 7 l’envoya s’encaster contre les barrières Tecpro. Si le natif d’Oufa n’avait jusque-là jamais réellement fauté en course, ses quatre précédents abandons étant tous provoqués par un ennui mécanique ou par la maladresse de l’un de ses congénères (Perez à Monaco), il s’est bêtement pris les pieds dans le tapis détrempée de Marina Bay alors que les nombreux incidents auraient pu lui permettre de sortir de son marasme actuel. Dominé, une nouvelle fois, par son coéquipier Sainz en qualification, il décroche un très modeste 13ème chrono à trois dixièmes du temps réalisé par l’Espagnol, le pilote Toro Rosso va également subir de plein fouet la comparaison avec son voisin de garage en course. Crédité d’un envol prudent, il gagne tout de même deux places grâce aux abandons de Vettel, Räikkönen et Verstappen, l’ancien protégé d’Helmut Marko émerge en onzième position à la fin du 1er tour derrière la Haas de Magnussen. Débarrassé de la menace Alonso dès la 7ème boucle, l’Espagnol ralentissant sensiblement sa cadence avant de renoncer deux tours plus tard des suites de son accident du départ, le champion 2013 de GP3 ramarre rapidement Magnussen, mais bute plusieurs tours durant derrière le Danois. Après de timides tentatives d’intimidation, l’éphémère pilote Red Bull trouve finalement la faille par l’extérieur en sortie du virage 4. Sans doute grisé par ce dépassement, Kvyat se sort dans le freinage suivant et met pied à terre le jour où son futur ex-équipier Sainz signe le plus beau résultat d’une Toro Rosso en 2017. Cela commence à sentir mauvais.
Marcus Ericsson
En sursis depuis l’arrivée à la tête de Sauber de Frédéric Vasseur, Marcus Ericsson a peut-être signé le glas de son aventure au sein de l’écurie helvétique en commettant une nouvelle bourde de débutant en course. Déjà pas au mieux en essais, il termine dernier en libres 2 et libres 3, le Suédois a encore pris le bouillon en qualification, décrochant le dernier chrono à une demi-seconde de son coéquipier Wehrlein. Sa course ne sera pas beaucoup plus enthousiasmante. Parvenu à prendre le meilleur sur l’Allemand à l’extinction des feux, le pilote Sauber achève le 1er tour du Grand Prix au seizième rang, bien aidé par les abandons du trio Vettel-Verstappen-Räikkönen. Appelé à son stand au moment de la première neutralisation de la course la boucle suivante, le natif de Kumla chausse un nouveau train de maxi-pluie, un choix opéré également par son voisin de garage quelques secondes plus tard. Capable de se maintenir à distance respectable de la Haas de Grosjean en début d’épreuve, le Nordique va voir sa manche singapourienne basculer du mauvais côté lors de son troisième passage par les stands au 28ème tour. En délicatesse avec des pneus intermédiaires plus adaptés aux conditions de piste, l’ex-pilote Caterham rentre monter les gommes tendres, une option qui va très vite se révéler perdante. Dans l’impossibilité de faire monter ses enveloppes à leur juste température de fonctionnement, le Suédois repasse par la case boxe une quatrième fois quatre boucles plus tard et chausse de plus traditionnels pneus ultratendres. Particulièrement lent, cet arrêt à rallonge pousse le pilote Sauber à attaquer fort pour tenter de rattraper le temps perdu. Piégé comme un débutant au niveau du pont dans le 38ème tour, Ericsson abandonne pour la cinquième fois de la saison et donne encore davantage de crédit aux candidatures des protégés de la Ferrari Driver Academy Charles Leclerc et Antonio Giovinazzi. Trop insuffisant.
Les commissaires de piste
Un an après l’ubuesque épisode du commissaire courant à perdre haleine dans la ligne droite des stands afin d’éviter le peloton de F1 lancé à vive allure, le Grand Prix de Singapour a offert une nouvelle facette de la médiocrité de ses hommes de terrain. Déjà particulièrement lents pour nettoyer les débris causés par le chaos du départ entre les Ferrari et la Red Bull de Verstappen (faut-il vraiment cinq tours pour rendre une piste praticable alors que les trois voitures accidentées se trouvent toutes en dehors des limites du circuit ?), les marshals de Marina Bay ont carrément outrepassé les limites du pathétique lors des deux autres périodes de neutralisation derrière la voiture de sécurité. Incapables de dégager la Toro Rosso de Kvyat en moins de trois boucles, une farce quand on sait qu’une énorme zone de dégagement précède les lieux de la sortie du pilote russe, les commissaires ont patienté ce même nombre de tours avant de daigner intervenir pour dégager la Sauber d’Ericsson coincée au niveau du pont. Si la réglementation complètement alambiquée de la Fédération Internationale de l’Automobile (quelle bonne idée d’obliger les pilotes à rouler au ralenti sur tout le circuit !) et la frilosité maladive d’un Charlie Whiting n’aident pas, le manque de compétence de ceux qui sont pourtant censés assurer la sécurité des pilotes en course est d’autant plus consternante qu’elle met parfaitement en lumière les propres incohérences de l’autorité régulatrice. Constamment en quête de nouvelles solutions plus stupides les unes que les autres (Halo, Aeroscreen, Shield ce ne sont pas les choix qui manquent) afin de rendre moins périlleux (quitte à complètement le dénaturer) le sport de ces équilibristes du volant, l’instance dirigeante continuent pourtant de fermer les yeux devant l’affligeant amateurisme des hommes de terrain de la quasi-totalité des Grand Prix présents au calendrier de la catégorie reine. Vous avez dit grotesque ?
Andrea Noviello
pardon, mais Lewis a plus que prouvé sur ce GP qu’en course il aurait été un adversaire plus que coriace et compétitif, et je reste persuadé qu’il aurait gagné ce GP même avec les deux rouges et les deux RBR en piste … son départ est excellent, et il aurait certainement passé Vettel dans la première boucle.
Pour ce qui est de Vettel, je ne partage pas cette condamnation générale et pratiquement unanime … c’est, à mon avis une erreur de charger Seb de tout les maux, derrière lui de nombreux pilotes (au moins 3 autres) traversent encore plus franchement la piste de part en part … et je n’ai pas entendu une seule remarque à leur propos …
je me souviens aussi que lors d’un GP de Spa Lewis met carrément dehors Nico au freinage de la chicane sans ne serai-ce que regard pour son adversaire pourtant pratiquement à son niveau … comme s’il n’était pas là … commentaire du pilote « j’étais devant j’avais le droit de prendre ma trajectoire … » et tout le monde (ou presque, pas moi) a approuvé et applaudit Lewis pour cette manœuvre antisportive au possible …
alors évidement, une petite question … Vettel n’est il pas devant tout le monde ? …
deuxième question… vraiment 100% persuadé que Verstappen ne c’est pas rabattu simplement parce qu’après avoir pointé au start sur Vettel il c’est rendu compte que Kimi le passait comme un avion et qu’il allait être au mieux 3 au passage de la première courbe ?
moi, personnellement, c’est ce que j’ai vu, en direct au départ puis maintes fois en regardant les vidéo et les ralentis sous divers angles …
Que Vettel ai pris trop de risques … soit, qu’il soit le seul responsable de cet accident … je ne le pense pas du tout