Leclerc comme un vieux briscard

Charles Leclerc Melbourne 2018
Malgré un départ raté, Charles Leclerc a passé avec succès son examen d'entrée en F1 à Melbourne.
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Pas franchement chamboulé par son départ manqué, Charles Leclerc a réalisé un Grand Prix d’Australie plein d’assurance et de sang froid pour sa toute première course au volant d’une Formule 1. Passé au travers de toutes les embûches, le Monégasque s’adjuge une très honorable treizième place à un peu plus d’une minute du vainqueur Sebastian Vettel.

Sa prometteuse qualification de la veille avait déjà laissé planer quelques espoirs dans le camp du team Sauber. En qualifiant sa très perfectible C37 au dix-huitième rang à moins d’un dixième de son expérimenté coéquipier Marcus Ericsson, Charles Leclerc avait non seulement amplement rempli son rôle, mais s’était également positionné comme une alternative plus que crédible au Suédois en cas de défaillance de ce dernier en course. Sauber rapidement privée des services du Nordique, la faute à une défaillance de la direction assistée, tous les espoirs de l’écurie helvétique reposaient de facto sur les jeunes épaules du petit prodige de la Ferrari Driver Academy lors de ce Grand Prix d’Australie. Et force est de constater que le Monégasque n’a pas déçu ses employeurs. Bien au contraire. Excepté un envol mal négocié, le champion du monde 2017 de GP2 s’est tout bonnement montré irréprochable dans les rues de Melbourne, accrochant au terme d’une prestation des plus convaincantes une inespérée treizième place sous le drapeau à damier.

« Je suis vraiment satisfait de ma journée, confie le sourire au lèvre le protégé de Nicolas Todt. On a maximisé notre potentiel et on a constamment eu un bon rythme. J’ai également été capable de dépasser quelques voitures ce qui était plutôt plaisant. Globalement, ce fut un week-end positif pour nous. Cette course constitue un excellent point de départ pour la suite de la saison. J’ai énormément appris et j’aborde la prochaine manche à Bahreïn avec confiance. » Parvenu à rallier l’arrivée dans le même tour que le vainqueur du jour Sebastian Vettel, Leclerc aurait pourtant pu connaître un premier Grand Prix au volant d’une Formule 1 autrement moins réjouissant en raison d’un départ pour le moins chaotique. Positionné sur le côté sale de la grille après avoir décroché samedi le dix-huitième chrono des qualifications, le représentant de la Principauté manque totalement sa mise en action, se laissant déborder par la Williams de l’autre rookie du plateau Sergey Sirotkin et par la Toro Rosso du quasi-débutant (5 courses au compteur) Pierre Gasly.

Une course sage et sans fioritures

Guère décontenancé par cet envol poussif, le pilote Sauber se rachète immédiatement en disposant dès le 1er tour du Russe et de l’autre Toro Rosso de Brendon Hartley, le Néo-Zélandais anticipant son premier passage par les stands à la suite d’un énorme plat sur son pneu avant-gauche. Revenu au rang qui était le sien avant l’extinction des feux, le natif de Monaco part alors à la chasse de Gasly. Dans l’impossibilité de menacer sérieusement le Français, Leclerc va pourtant gagner une position au 7ème passage, son coéquipier Ericsson devant précipitamment renoncer. Débarrassé de la menace Sirotkin depuis la boucle suivante, le débutant immobilisant sa Williams FW41 dans un échappatoire après qu’un sac plastique ait provoqué une panne du système hydraulique, le poulain de Nicolas Todt se maintient à une seconde de la Toro Rosso devant lui sans toutefois parvenir à réellement recoller. Mais la chance est décidément du côté du pilote de 20 ans lors de cette manche inaugurale de la saison 2018. Trahi par le MGU-H de son V6 Honda, Gasly doit renoncer dans la 15ème boucle, permettant ainsi à Leclerc de remonter en seizième position.

Désormais repoussé à 4,4 secondes de Lance Stroll, le membre de la Ferrari Driver Academy hausse progressivement sa cadence au point de revenir à une seconde du Canadien dans le 21ème tour, moment choisi par son écurie pour le rapatrier à son stand et l’équiper de gommes tendres. Provisoirement tombé au dix-septième rang derrière la Toro Rosso d’Hartley, Leclerc récupère son bien deux boucles plus tard à la suite du pit-stop du Néo-Zélandais avant que les erreurs à répétition de l’écurie Haas ne viennent encore davantage favoriser sa progression dans la hiérarchie. Kevin Magnussen (23ème passage) et Romain Grosjean (25ème passage) abandonnant tour à tour à la suite d’une roue mal fixée lors de leur arrêt au stand respectif, le champion 2016 de GP3 grimpe à la quatorzième place et profite même de la neutralisation de la course sous régime de voiture de sécurité virtuelle pour troquer ses pneus tendres contre des ultratendres. Les commissaires éprouvant toutes les peines du monde à évacuer la VF-18 du Tricolore, la safety-car entre alors en jeu, regroupant ainsi tout le peloton au plus grand bonheur d’un Leclerc bien décidé à croquer la Williams de Stroll au restart.

« Ce sera très difficile d’inscrire des points cette saison »

Parfaitement blotti dans l’aileron arrière du Québécois à la relance, le pilote Sauber efface aussitôt la monoplace du Montréalais au terme d’un superbe dépassement par l’extérieur dans le virage 1. Installé à une treizième position qui sera sienne jusqu’à l’arrivée, le Monégasque ne va pourtant pas ménager ses efforts pour tenter d’améliorer encore un peu plus sa position au classement. Mais l’équilibre imparfait de sa C37 depuis son passage en pneus ultratendres le priveront de ce plaisir. De 2,9 secondes au 39ème tour, l’écart entre sa Sauber et la Force India d’Esteban Ocon grimpe au-dessus de la barre des dix secondes au 46ème passage, mettant définitivement fin aux espoirs de celui qui a marqué l’antichambre de la F1 de son empreinte la saison dernière en raflant sept des 22 victoires mises en jeu. Contraint de se contenter de surveiller un éventuel retour de Stroll, Leclerc gère sereinement sa fin de Grand Prix, laissant même le Canadien recoller à une seconde derrière lui.

Passé sous le drapeau à damier avec un pécule de 2,5 secondes d’avance sur le pilote Williams, le prodigue de Monaco signe en Australie une treizième place qui pourrait valoir chère au championnat tant l’écurie helvétique accuse aujourd’hui un déficit de performance trop important pour espérer briguer les points à la régulière. « Clairement ce sera très difficile d’inscrire des points cette saison, déclare lucide le pilote Sauber. On n’y est pas parvenu aujourd’hui. Vous avez beau tout faire à la perfection, certaines choses ne dépendent pas de vous. C’est la particularité de la F1. » Légèrement frustré de n’avoir pas pu couronner sa belle course par une entrée dans le top 10, le champion du monde en titre de Formule 2 a néanmoins vu sa solide prestation dans les rues de l’Albert Park saluée par le patron du team suisse, Frédéric Vasseur. « Félicitations à Charles pour son premier Grand Prix. Il était important pour lui de terminer la course. Il a réalisé du très bon travail dans la gestion des pneus et dans l’économie de carburant. »

Andrea Noviello

Charles Leclerc course Australie 2018
Moins à l’aise en ultratendres, Leclerc réussit pourtant à rallier l’arrivée dans le tour des leaders.
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