Troisième pilote monégasque de l’histoire amené à courir en Formule 1, Charles Leclerc entend rendre fier ses compatriotes en 2018.
Avant lui, ils n’étaient que deux à avoir réussi le tour de force d’évoluer, ne serait-ce que l’espace de quelques mois, au plus haut niveau du sport automobile. Outre le pionnier Louis Chiron dans les années 50, Olivier Beretta était, près de quatre décennies plus tard, lui aussi parvenu à hisser le drapeau monégasque en Formule 1 le temps de neuf Grand Prix. Sacré champion du monde de F2 en 2017 à l’issue d’une saison dominée de la tête et des épaules, Charles Leclerc deviendra le 25 mars prochain le troisième représentant de la Principauté en catégorie reine, mettant ainsi fin à plus de 24 ans d’attente dans un pays où la course est élevée au rang de religion. Logiquement promu titulaire par Sauber, le jeune prodige de la Ferrari Driver Academy se sait particulièrement attendu en 2018 lui qui reste sur deux saisons particulièrement fécondes en victoires dans les championnats de Formule 2 et de GP3. Pressé d’en découdre au volant de la nouvelle monoplace fabriquée dans les ateliers d’Hinwil, le natif de Monaco préfère toutefois ne pas se fixer d’objectifs précis avant d’avoir pu jauger le réel potentiel de la descendante de la C36.
La Principauté de Monaco avait dû patienter trente-neuf ans avant de voir l’un des siens succéder au pionnier Louis Chiron. Vingt-quatre ans après le court passage d’Olivier Beretta chez Larrousse, vous devenez le troisième pilote monégasque à accéder au plus haut niveau du sport automobile. Ressentez-vous une pression particulière à l’idée de porter les espoirs de tout un pays ?
Être pilote de Formule 1 constitue déjà quelque chose de spécial en soi. Mais si en plus vous venez de Monaco et si vous n’êtes que le troisième de l’histoire à évoluer à ce niveau, alors cela prend une dimension encore plus particulière. La F1 a vraiment une place à part en Principauté. Le Grand Prix de Monaco est et a toujours été une épreuve mythique. Tous les Monégasques aiment cette course. Ressens-je pour autant une pression supplémentaire ? Pas vraiment. C’est même le contraire. Cet engouement m’apporte un surcroît de motivation et me pousse à fournir le meilleur travail possible. Je vais m’attacher à porter au plus haut les couleurs de Monaco. Je reste toutefois conscient que la route sera longue avant de pouvoir truster le sommet du classement et qu’un long apprentissage m’attend. À moi de bien bosser pour être au top le plus rapidement possible.
Contrairement à la saison dernière, Sauber pourra s’appuyer sur une version à jour du bloc Ferrari. L’écurie helvétique bénéficiera également d’un soutien technique plus prononcé de la Scuderia grâce au partenariat passé avec Alfa Romeo. Que pouvez-vous viser cette année ?
Il est très difficile de répondre à cette question honnêtement. Ce n’est que ma première saison en F1. Je sais une chose en revanche : on ne peut rien prévoir en F1 tant que l’on n’a pas effectué le moindre roulage. Certes sur le papier cela à l’air top, mais il faudra patienter jusqu’aux premiers tests pour nous situer dans la hiérarchie. À partir de là, on pourra alors vraiment commencer notre travail de développement. Le team est entre de bonnes mains donc je ne m’inquiète pas outre mesure.
« Courir pour Ferrari, c’est le rêve de tout pilote. À titre personnel, la voiture rouge m’a toujours énormément attiré et ce depuis tout petit »
Rejoindre Sauber, c’est aussi un joli clin d’œil du destin puisque sans son terrible accident de Suzuka, Jules Bianchi aurait très probablement couru sous les couleurs du team helvétique en 2015 …
Honnêtement, j’ignore si Jules devait signer chez Sauber. En revanche, je suis certain qu’il me regarde de là-haut. Je vais donc essayer de livrer le meilleur boulot possible pour le remercier de tout ce qu’il a fait pour moi. Je veux aussi remercier mon père pour tout ce qu’il m’a apporté depuis mes débuts en karting. Si j’en suis arrivé là aujourd’hui, c’est avant tout grâce à eux deux. Dommage qu’ils ne puissent pas être ici pour voir ça, mais je compte bien tout mettre en œuvre pour les rendre fiers de là-haut.
Ferrari représente généralement le rêve d’un pilote de course et d’autant plus dans le cas d’un débutant en F1. Est-ce aussi vrai pour vous ?
Oui, totalement. Courir pour Ferrari, c’est le rêve de tout pilote. À titre personnel, la voiture rouge m’a toujours énormément attiré et ce depuis tout petit. Aujourd’hui, cela reste qu’un simple rêve. Je dois d’abord veiller à bien négocier cette saison 2018. On verra ensuite quelles opportunités peuvent s’ouvrir à moi.
« J’ai la chance d’avoir pu rouler sur pratiquement tous les circuits du calendrier au volant du simulateur Ferrari. Cela m’a énormément aidé dans mon apprentissage des tracés »
Vous allez devoir découvrir de très nombreuses pistes cette année. Est-ce une difficulté supplémentaire dans votre processus d’apprentissage de la F1 ou est-ce qu’avec les outils de simulations modernes cela ne vous posera pas plus de problème que cela ?
Rouler pour la première fois sur un nouveau circuit génère toujours une sensation particulière. Cela nécessite forcément un petit temps d’adaptation. Cela représente donc un léger désavantage pour moi, mais on a quand même la chance d’avoir pas mal de roulage en F1 avant les qualifications. En Formule 2 on ne disposait que d’une seule séance libre pour prendre nos marques. J’estime donc disposer de suffisamment de temps pour me familiariser avec le circuit et apprendre son dessin. J’ai la chance d’avoir pu « rouler » sur pratiquement tous les circuits du calendrier au volant du simulateur Ferrari. Cela m’a énormément aidé dans mon apprentissage des tracés donc je ne crois pas au final partir avec un si gros désavantage que ça.
Lors de l’officialisation de votre arrivée chez Sauber vous déclariez : « décrocher un volant en F1 est bien sûr un rêve, mais ce n’est pas une finalité en soi ». Votre objectif est-il donc de pouvoir continuer à progresser et à grandir pour pouvoir un jour aller chercher une couronne mondiale dans la catégorie pinacle du sport automobile ?
Absolument. Je ne veux pas paraître prétentieux, car je sais très bien tout le travail qu’il me reste à accomplir. Un titre en F1 ce n’est pas pour demain. Je dois encore énormément progresser pour espérer un jour avoir la chance de pouvoir me battre pour une couronne mondiale. Mais bien évidement c’est mon rêve et j’imagine celui de tous les pilotes qui désirent courir en Formule 1. Ils souhaitent tous devenir champion du monde un jour. Nous sommes nombreux à briguer le même objectif. Cependant avant d’y arriver, j’ai encore un long chemin à faire et beaucoup de boulot à fournir.
Propos recueillis par Andrea Noviello
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