Quelques heures avant Renault, Sauber a levé le voile sur sa F1 version 2018. Toujours motorisée par Ferrari, la C37 adopte une toute nouvelle philosophie dans l’espoir de redonner de l’allant à une équipe suisse en grande souffrance depuis quatre ans.
Ces quatre dernières saisons, le quotidien de l’écurie Sauber a bien souvent rimé avec cauchemar. Entre ses sempiternels problèmes de trésorerie, une gestion calamiteuse de l’écurie, des monoplaces presque toutes autant ratées l’une que l’autre et une paire de pilotes davantage choisie pour la profondeur de son portefeuille que pour son talent volant en main, le team helvétique a traversé bien des tempêtes sans que jamais (ou presque) la moindre éclaircie ne vienne enjoliver le douloureux quotidien des hommes basés à Hinwil. Sauvée in extremis de la faillite au cœur de l’été 2016, l’équipe chère à Peter Sauber a survécu à une autre crise l’an dernier quand le commandant de bord d’un navire complètement à la dérive, alias Monisha Kaltenborn, s’est vu signifier la porte de sortie par les nouveaux propriétaires et généreux sponsors de Marcus Ericsson.
Longuement restructurée par un Frédéric Vasseur revanchard après son expérience avortée chez Renault (le Français a notamment pris la décision forte de rompre le contrat liant l’écurie suisse à Honda pour privilégier une reconduction du bail avec Ferrari), Sauber a posé un autre jalon dans sa lente reconstruction en dévoilant à la presse les premiers clichés de la machine destinée à supplanter la peu performante C36. « J’ai vraiment hâte de démarrer cette saison 2018, lance le team principal du petit poucet du plateau. On a fourni énormément d’efforts et on a travaillé très dur sur cette C37 ces derniers mois afin de pouvoir la présenter aujourd’hui. Notre objectif cette année est clair : on doit rattraper le bon wagon et améliorer notre performance tout au long du championnat. »
Des solutions novatrices
Pour y parvenir, le team helvétique a opéré une profonde rupture de pensée tant sur le plan purement sportif en renouant avec sa tradition de pépinière pour jeunes talents qu’en termes de conception de voiture, la C37 adoptant une philosophie très différente de ses aînées. Confiée à Jorg Zänder arrivé en fin d’année 2016 de chez Audi, la dernière-née des ateliers d’Hinwil se singularise d’entrée par un-nez avant pour le moins original. Toujours doté de la si peu élégante protubérance permise par la réglementation, il se voit greffer cette année deux petites « narines » de part et d’autre du museau afin de mieux canaliser le flux d’air passant sur le capot. Si cette nouveauté n’est pas sans rappeler la solution utilisée depuis plusieurs saisons maintenant par Force India, elle prouve cependant que seul le manque de financement avait jusque-là empêché les ingénieurs de Sauber de laisser libre cours à leur (riche) imagination.
Parfait exemple de cette créativité retrouvée, la suspension-avant gagne en hauteur et en complexité à l’image de ce pivot de triangle supérieur relié à un support recourbé. Autre nouveauté : la biellette de direction est désormais positionnée à mi-hauteur quand auparavant elle s’alignait au bras avant du triangle inférieur. Résolument conventionnelle au niveau de sa prise d’air à triple conduit d’école Mercedes, la Sauber 2018 se distingue en revanche nettement plus des autres monoplaces du plateau pour ce qui est de ses pontons. Quand toutes les autres F1 présentées avant elle ont pris le parti de suivre la voie tracée l’an dernier par Ferrari avec la SF-70H, la C37 innove en réduisant considérablement la taille de la structure d’impact, privilégiant une ouverture verticale à horizontale comme le veut la tendance actuelle.
Un espoir nommé Leclerc
Atypiques de par leur dessin, les pontons arborent deux ouvertures supplémentaires sur la base de la carrosserie afin de très certainement compenser le volume de refroidissement perdu dans l’opération. « Le concept aérodynamique a changé de manière significative avec cette nouvelle auto, confirme le concepteur de la monoplace à l’élégante robe blanc nacré, Jorg Zänder. La C37 s’est enrichie de très nombreuses nouvelles fonctionnalités en comparaison au modèle précédent. On est confiant, car ces changements devraient nous aider à progresser pendant tout le championnat. » Allongée par rapport à la C36, la première création de l’ancien ingénieur de chez Audi bénéficie grandement du renforcement du partenariat technique avec Ferrari. Outre un moteur enfin fourni dans son ultime version, sans compter les évolutions apportées en cours de saison par les motoristes de la Scuderia, Sauber s’est vue offrir une boîte de vitesses et une suspension-arrière made in Maranello.
Autant d’atouts qui devraient, en théorie tout du moins, permettre aux hommes de Frédéric Vasseur d’effectuer un sérieux pas en avant dans la hiérarchie. Logiquement conservé malgré des résultats plus qu’insuffisants depuis son arrivée en catégorie reine, merci Longbow Finance, Marcus Ericsson aura la lourde tâche de chaperonner celui que l’on décrit comme l’un des plus grands espoirs du sport automobile mondial. Couvé par Maranello depuis 2016, le double champion de GP3 et de Formule 2 Charles Leclerc aura, de son côté, toute la latitude d’apprendre au plus haut niveau avant de pourquoi pas tenter d’imiter quelques-uns de ses glorieux prédécesseurs à Hinwil (Felipe Massa, Kimi Räikkönen ou Sergio Perez pour ne citer que les plus récents) en amenant Sauber à des sphères que l’écurie helvétique n’a plus connu depuis l’entame du second millénaire.
Andrea Noviello
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