Leclerc vire au rouge

Charles Leclerc Italie 2018
Charles Leclerc devient le plus jeune pilote titularisé par Ferrari depuis Ricardo Rodriguez en 1961.
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Révélation de la saison 2018, Charles Leclerc officiera chez Ferrari l’an prochain aux côtés de Sebastian Vettel. Promu à Maranello en lieu et place du vétéran Kimi Räikkönen de retour chez Sauber, le petit prodigue de la Principauté tentera de justifier la confiance placée en lui par la Scuderia.

L’annonce devait intervenir à Monza, fief de la Scuderia et cadre historique du Grand Prix d’Italie. Elle a finalement été repoussée d’une bonne dizaine de jours, le temps pour la mythique écurie italienne de définitivement trancher un choix qui semblait pourtant déjà acté au milieu de l’été. Avant sa disparition des suites d’une grave maladie, le grand patron de Ferrari, Sergio Marchionne, avait érigé Charles Leclerc comme le futur équipier de Sebastian Vettel l’an prochain en remplacement du vétéran Kimi Räikkönen. Séduit par le talent, la maturité et les multiples coups d’éclat (Azerbaïdjan, Espagne, Canada, France, Autriche) de l’ambassadeur de la Principauté, l’administrateur délégué du groupe Fiat avait tranché en faveur du Monégasque, balayant d’un revers de la main tous les préceptes archaïques qui prévalaient jusque-là à Maranello.

Quand ses prédécesseurs se refusaient obstinément à parier sur la jeunesse, préférant miser sur l’expérience de champions du monde (Schumacher, Räikkönen, Alonso, Vettel) ou de pilotes chevronnés (Irvine, Barrichello, Massa), Marchionne n’a, lui, pas hésité à bousculer les traditions en favorisant la promotion d’un pilote certes prometteur, mais au vécu particulièrement limité (il compte après Singapour 15 petits Grand Prix au compteur) en catégorie reine. Le décès brutal à la fin du mois de juillet de celui qui a largement contribué au redressement du team le plus titré de l’histoire a toutefois failli tout remettre en cause, le team principal de Ferrari, Maurizio Arrivabene, étant de son côté plus enclin à jouer la carte de la stabilité. Après moult atermoiements et autant de renversements de tendance ces dernières semaines, la Scuderia a finalement décidé de respecter les desiderata de Marchionne en titularisant Charles Leclerc dans le baquet d’une Ferrari en 2019.

Une ascension météorite

« Les rêves deviennent réalité, déclare sur son compte Twitter l’actuel pilote Sauber. Je serai éternellement reconnaissant à la Scuderia Ferrari pour l’opportunité qu’elle me donne et à Nicolas Todt qui m’encourage depuis 2011. Je n’oublie pas une personne qui ne fait plus partie de ce monde aujourd’hui, mais à qui je dois tout ce qui m’arrive en ce moment, mon père. Jules, merci pour toutes les choses que tu m’as apprises. On ne t’oubliera jamais. Je souhaite enfin remercier toutes les personnes qui m’ont soutenu et qui ont cru en moi. » Auréolé de deux titres consécutifs en GP3 et en Formule 2 à son arrivée chez Sauber, Leclerc a d’abord vécu des débuts poussifs au plus haut niveau, la faute, principalement, à un style de pilotage particulièrement efficace dans les formules de promotion (il privilégiait alors le survirage), mais inadapté au comportement si complexe d’une F1.

Logiquement discret en ouverture du championnat, le Monégasque a cependant rapidement trouvé le déclic, décrochant dès la quatrième course de l’année en Azerbaïdjan une inattendue sixième place au terme d’une prestation de haut vol. Boostée par cette première performance de choix en catégorie pinacle du sport automobile, l’étoile Leclerc n’a depuis plus jamais cessé de briller, enchaînant les bons résultats avec la maîtrise et la régularité d’un vieux briscard. Si quelques impondérables (mauvaise fixation de roue à Silverstone, accrochage au départ à Budapest et à Spa-Francorchamps) sont venus entraver la progression du pilote Sauber au cœur de l’été, ils n’ont pas pour autant suffi à effacer la bonne impression d’ensemble laissée par le petit protégé de Nicolas Todt depuis son ascension en Formule 1. Bien au contraire.

« Je travaillerai dur comme jamais auparavant »

Redoutable en qualification (il a dominé son coéquipier Marcus Ericsson 12 fois en 15 Grand Prix) comme en course (il compte à ce jour 6 arrivées dans les points dont la dernière dans les rues de Singapour), le natif de Monaco a également su séduire ses employeurs par son degré d’exigence et par son implication au quotidien. « Depuis son arrivée, Charles a insufflé une très grande motivation à l’équipe, corrobore le Team Manager de l’écurie helvétique, Frédéric Vasseur. On a constamment progressé et on va continuer à bosser sans relâche jusqu’à la fin de la saison afin d’obtenir, ensemble, les meilleurs résultats possibles. On connaît le talent de Charles et on sait qu’il aura un avenir brillant. » Façonné une saison durant par celui qui aura activement contribué à l’émergence au plus haut niveau des Rosberg, Hamilton, Hulkenberg et autres Vettel, Leclerc s’apprête donc à franchir une nouvelle étape cruciale dans une carrière menée, jusque-là, tambour battant.

En rejoignant l’écurie la plus renommée et la plus titrée de l’histoire de la discipline, le petit prodigue de la Ferrari Driver Academy sait qu’il lui faudra affronter en 2019 une pression autrement plus élevée que celle qu’il a pu connaître au sein de la pouponnière Sauber. Un défi excitant que le Monégasque compte bien relever avec brio afin de rendre le plus vibrant des hommages à deux étoiles, son père Hervé et son parrain sportif Jules Bianchi, trop vites sorties de sa vie. « Je travaillerai dur comme jamais auparavant pour ne pas vous décevoir, promet sur son compte Twitter le futur compagnon de Vettel. Mais d’abord il y a une saison à terminer, avec une équipe incroyable qui m’a donné la possibilité de me battre et de montrer mon potentiel. » En attendant de basculer dans une autre dimension, Leclerc a encore six Grand Prix devant lui pour gonfler ses statistiques personnelles (il possède 15 points au classement) et pour profiter de la douceur offerte par le cocon d’Hinwil. Après, il sera alors temps pour lui de vivre à plein temps la furia de Maranello et les exigences d’une vie en rouge.

Andrea Noviello

Charles Leclerc Ferrari
Charles Leclerc retrouvera le volant de la Ferrari l’an prochain dans la peau d’un titulaire.
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