Course : Hamilton gâche la fête

Lewis Hamilton course Italie 2018
Magnifique d'abnégation, Hamilton remporte le Grand Prix d'Italie au nez et à la barbe des Ferrari.
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Secondé à merveille par son coéquipier Valtteri Bottas et par une écurie Mercedes parfaite sur le plan tactique, Lewis Hamilton a donné la leçon aux Ferrari en remportant avec panache le Grand Prix d’Italie, quatorzième étape de la saison 2018 de Formule 1. Époustouflant vainqueur d’un combat à priori perdu d’avance, le pilote Mercedes réalise une opération parfaite au classement, reléguant son dauphin Sebastian Vettel, seulement quatrième à Monza, à trente longueurs au championnat.

Son attaque incisive sur Räikkönen lors du restart au 4ème tour avait donné le ton de ce que serait son dimanche après-midi. Elle avait également eu le mérite de chasser les doutes de ceux qui estimaient l’Anglais pas de taille à lutter face à deux Ferrari en course. Non, Lewis Hamilton n’était pas décidé à se contenter des accessits sur les terres de la Scuderia et oui le quadruple champion du monde avait bien l’intention de mener la vie dure à ses rivaux après les avoir déjà poussés dans leurs retranchements la veille en qualification. Tel un félin appâté par l’odeur de sa proie, le pilote Mercedes avait bondi sur le Finlandais dans la Variante del Rettifilo pour s’emparer, l’espace d’un très court instant, des commandes du Grand Prix d’Italie. Hélas pour lui, il allait les rendre aussitôt au nouveau recordman du tour le plus rapide de l’histoire, « Ice-Man » profitant de l’aspiration dans Curva Grande pour repasser le Britannique par l’extérieur au niveau de la deuxième chicane. Pris à son propre piège, le carnassier décidait alors d’opter pour un autre plan d’attaque.

Mais pour parvenir à ses fins, encore lui fallait-il tenir le rythme dicté par le champion du monde 2007 en début de course et rester sous la barre fatidique de la seconde d’écart afin de conserver le précieux soutien du DRS. Le fer de lance de la firme à l’étoile s’y attela avec force, réussissant à tourner dans des chronos sensiblement similaires à ceux de Räikkönen. Son pilote vedette remplissant sa part de contrat avec succès, Mercedes pouvait dès lors déclencher la deuxième partie de son redoutable traquenard. Le coup de bluff des mécaniciens de l’écurie britannico-allemande feintant d’attendre une de leurs machines dans la pit-lane semblait trop gros pour pouvoir fonctionner. Pourtant, Ferrari s’est laissée berner comme une débutante. En stoppant le natif d’Espoo dès le 21ème tour et en le relâchant derrière l’autre flèche d’argent de Bottas, la Scuderia a non seulement mis le Finlandais dans une situation des plus inconfortables, mais elle l’a surtout condamné. Malicieusement freiné par son compatriote, le pilote Ferrari a d’abord vu ses gommes progressivement s’étioler dans le sillage de la flèche d’argent.

Vettel les accumule

Puis, il a subi le coup de grâce d’un Hamilton alléché par l’appétissant goût de la victoire. Avantagé par des pneus accusant huit boucles de moins au compteur que ceux d’« Ice-Man », le Britannique allait porter l’estocade au 45ème passage, scellant ainsi le sort d’une épreuve que le public transalpin croyait, à tort, promis à l’un de ses protégés. « Je tiens tout d’abord à féliciter Ferrari, car ils nous ont vraiment donné du fil à retordre, confie le pilote flanqué du numéro 44. Je souhaite aussi remercier mon équipe pour son soutien et ses efforts. Sans eux rien n’aurait été possible. Un grand merci enfin à Valtteri qui nous a bien aidé. L’erreur de Seb m’a retiré beaucoup de pression, car j’ai ensuite pu me concentrer sur Kimi toute la course. Ce fut une sacrée bataille. Battre les deux Ferrari à Monza, c’est énorme ! J’en suis très fier. » Grand perdant de ce Grand Prix, il ne doit sa quatrième place finale qu’à la pénalité infligée par la FIA à Max Verstappen, son rival dans la course au titre Sebastian Vettel ne conservera, à l’inverse de l’Anglais, pas un souvenir impérissable de son week-end italien.

Privé de la pole par son coéquipier pour seulement 161 millièmes samedi en qualification, l’Allemand s’est également frotté en course à la pugnacité d’un Räikkönen désormais affranchi de ses obligations de lieutenant. Bloqué par le Finlandais à l’extinction des feux, « Baby-Schumi » tente, sans plus de succès, d’attaquer la monoplace sœur par l’extérieur dans la Variante del Rettifilo, un choix qu’il va ensuite amèrement regretter. Moins bien sorti du premier virage qu’Hamilton derrière lui, Vettel aspire la Mercedes du champion du monde en titre dans Curva Grande, permettant ainsi au Britannique de se porter à sa hauteur dans la Variante della Roggia. Surpris par l’audacieuse manœuvre du pilote Mercedes, le leader de la Scuderia heurte le flanc de la W09 sur le changement de direction avant de partir en tête-à-queue devant le peloton. « Il ne m’a pas laissé assez de place, peste avec une évidente mauvaise foi le quadruple champion du monde. Je n’ai pas pu éviter la collision avec lui. » Rejeté en dernière position par sa quatrième (après l’Azerbaïdjan, la France et l’Allemagne) bourde grossière de la saison, Vettel vient de briser ses rêves de succès à Monza d’autant que sa SF-71H a souffert du contact avec Hamilton.

Red Bull broie du noir

Outre un déflecteur complètement arraché, l’auto du natif d’Heppenheim a également perdu son museau-avant dans la péripétie. Heureusement pour lui, l’entrée en piste de la voiture de sécurité suite à l’abandon de Brendon Harley, le Néo-Zélandais ayant été percuté au départ par la Sauber d’Ericsson, permet au pilote Ferrari de rentrer réparer les dégâts sans concéder trop de temps sur le reste de la meute. Surpris à la relance par un Hamilton opportuniste, le leader Räikkönen a déjà repris les commandes des opérations quand derrière son coéquipier Vettel entame sa fastidieuse remontée depuis le fond du paquet. Facilement venu à bout de Vandoorne, Hulkenberg, Ricciardo ou encore de Leclerc, « Baby-Schumi » gagne une autre position grâce à l’abandon précoce de la McLaren de Fernando Alonso (électricité). À peine la 10ème boucle vient-elle d’être franchie que voilà le fer de lance de la Scuderia revenu au douzième rang. Pas décidé à s’arrêter en si bon chemin, l’Allemand efface dans la foulée Gasly, Sirotkin, Stroll et Perez, intégrant un top huit que le malheureux Ricciardo n’aura jamais le temps de rejoindre.

Lancé, tout comme son ex-coéquipier chez Red Bull, dans une folle remontée après sa rétrogradation en fond de grille (introduction de la Spec C du groupe propulseur Renault), « Smiling » voit sa mécanique le trahir une nouvelle fois au 24ème passage alors qu’il vient tout juste de disposer de la Williams de Sirotkin pour le gain de la onzième place. « Je ne suis pas certain que le moteur soit en cause, explique l’Australien à son retour dans le paddock. J’ai vu de la fumée donc cela pourrait être ça, mais il faudra attendre que la voiture rentre au garage pour en avoir la certitude. » Les malheurs de l’écurie autrichienne en ce dimanche après-midi ne font, hélas, que commencer. Mis sous pression par un Bottas parvenu à recoller à l’aileron arrière de sa RB14, l’autre représentant de la célèbre marque de boisson énergisante Max Verstappen commet un premier impair dans la 19ème boucle en court-circuitant la première chicane à la suite d’une attaque du Finlandais. Rentré en piste sous le nez de Bottas, le Hollandais conserve sa troisième position, mais demeure sous la pression de la flèche d’argent jusqu’à son passage par les boxes au 27ème tour.

Räikkönen encore raté

Momentanément débarrassé du Nordique, Bottas choisissant lui de prolonger un maximum son premier relais afin de venir en aide à son coéquipier Hamilton, Verstappen recroise pourtant très vite la route du Finlandais. Stoppé par Mercedes à l’entame du 37ème passage après avoir bloqué son compatriote Räikkönen pendant près de sept boucles, le natif de Nastola repart à 3,2 secondes du trublion de chez Red Bull, un écart qu’il s’empresse d’effacer à coup de tours canons. Revenu dans le sillage de la RB14 dans la 42ème boucle, Bottas tente une première manœuvre d’intimidation au virage 1 avant de lancer son attaque au même endroit le tour suivant. Déjà particulièrement limite dans sa défense, il enchaîne les changements de direction dans la ligne droite des stands, Verstappen élargit exagérément sa trajectoire dans la Variante del Rettifilo, envoyant valser le malheureux Bottas vers la zone de dégagement. Logiquement sanctionné d’une pénalité de cinq secondes pour son geste, le pilote Red Bull enterre définitivement ses chances de terminer sur le podium de Monza.

« J’estime avoir laissé assez de place à Valtteri, fulmine le fils de Jos. Je ne suis donc pas d’accord avec ces cinq secondes. Je trouve cette pénalité très dure et injuste. » Poussé par son équipe à s’écarter devant Bottas afin de ne pas envenimer son cas auprès de la direction de course, Verstappen préfère jouer la sourde oreille, bouchant toujours aussi ostensiblement et honteusement la Mercedes du Nordique. Une attitude d’enfant gâté qu’il payera après l’arrivée, l’ajout des cinq secondes sur son temps final le reléguant en cinquième position derrière la Ferrari de Vettel. Frustré et fortement agacé de perdre sur tapis vert un podium qu’il estimait avoir amplement mérité en piste, Verstappen repart d’Italie avec le même arrière-goût en bouche que l’autre grand déçu de la journée, Räikkönen. Longtemps en position de reconquérir une victoire à laquelle il n’a plus goûté depuis le 17 mars 2013 en Australie, « Ice-Man » a finalement buté sur le superbe travail d’équipe de la firme à l’étoile, laissant ainsi filer ce qui pourrait bien constituer son ultime chance de remporter un Grand Prix avant son (de plus en plus) probable remplacement par Charles Leclerc à Maranello.

Andrea Noviello

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Encore irréprochable en course, Esteban Ocon signe une seconde 6ème place consécutive après Spa.
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