Gêné depuis le début du week-end par le comportement de sa monoplace, Charles Leclerc a retrouvé des sensations à l’occasion des qualifications du Grand Prix de Chine. Quatrième chrono du jour malgré un erreur lors de son ultime tentative en Q3, le Monégasque échoue à seulement 17 millièmes de son coéquipier Vettel.
Son week-end chinois n’avait pas débuté sous les meilleurs auspices. Mal à l’aise au volant d’une SF90 étrangement moins docile que sous la lumière artificielle de Sakhir il y a de cela quinze jours, Charles Leclerc voyait, de surcroît, sa mécanique lui jouer (de nouveau) un mauvais tour lors de la seconde séance libre du vendredi après-midi. Privé d’un premier succès en Formule 1 amplement mérité à Bahreïn en raison d’un coupe-circuit dans le système d’injection, le Monégasque était cette fois contraint d’écourter ses essais par la faute du système de refroidissement (huile) de sa Ferrari. Cantonné à treize petits tours de piste quand ses adversaires directs pouvaient en boucler plus du double, l’enfant prodige de la Principauté perdait là l’occasion d’étalonner sa machine sur les longues distances en vue du Grand Prix. Un handicap pas insurmontable certes, Vettel ayant de son côté pu effectuer une simulation de course normale, mais suffisamment contrariant pour empêcher l’ancien membre de la FDA d’aborder sa troisième qualification vêtue de rouge en toute confiance.
Pas encore totalement satisfait de l’équilibre de sa voiture après une EL3 qui l’aura vu décrocher un rassurant troisième temps, le protégé de Nicolas Todt a profité de la pause déjeuner pour apporter de nouvelles modifications aux réglages de sa SF90. Un choix visiblement payant, comme en atteste son bon quatrième chrono du jour dans l’exercice de la vitesse pure. « Il y a pas mal de choses positives à retirer de ces qualifications, affirme à sa descente de voiture la révélation de la saison 2018. J’ai pas mal souffert au niveau du set-up durant les trois séances libres. Je n’étais également pas en confiance dans l’auto et dans mon pilotage. Les changements effectués avant les essais ont sensiblement amélioré mes sensations au volant. Ce fut une bonne séance bien que je sois un peu déçu de ma performance personnelle. Je n’ai pas réussi à extraire tout le potentiel de la voiture aujourd’hui. » Relégué sur la deuxième ligne de la grille à dix-sept minuscules millièmes de son coéquipier Vettel (1’31’’848), Leclerc a toutefois assuré l’essentiel en devançant la très menaçante Red Bull de Max Verstappen (1’32’’089).
« La course s’annonce plus difficile que prévu »
Battu d’un souffle (13 millièmes) par le Néerlandais à l’issue de sa première tentative en Q3, le champion 2017 de Formule 2 a dû s’employer lors de son deuxième run (1’31’’865) pour coiffer le fils de Jos sur le poteau et arracher une quatrième place qui aurait pu se transformer en troisième position sans un écart de pilotage dans son ultime tour chrono. « Je suis un peu contrarié par ma prestation, lâche en toute honnêteté la recrue de la Scuderia dans la zone des interviews. J’ai commis une faute que je n’aurais jamais dû faire. » Logiquement gourmand après avoir connu les joies d’une pole position deux semaines plus tôt à Bahreïn, le pilote Ferrari peut cependant s’estimer heureux de s’être sorti sans le moindre mal du bourbier dans lequel les stratèges de Maranello l’avaient plongé en tout début de séance qualificative. Envoyé en piste au pire des moments lors de sa première tentative en Q1, Leclerc avait vu sa fin de tour pourrie par le trafic, ce qui l’obligea à repartir à l’assaut du chronomètre quand les Hamilton, Bottas et autres Vettel pouvaient sereinement attendre la suite des événements depuis leurs stands.
Fort heureusement cette première grosse bourde stratégique du team italien en 2019 n’allait pas avoir d’autres conséquences que l’utilisation d’un train de pneus tendre supplémentaire, le champion 2016 de GP3 se sortant sans difficulté aucune de la Q1 à la suite d’un second run parfaitement maîtrisé. Tout aussi efficace en Q2, bien qu’il ne put cette fois devancer à la régulière son voisin de garage, l’ex-pilote Sauber concède au final trois dixièmes au poleman Valtteri Bottas (1’31’’547) en Q3, un écart qui l’incite à la prudence au moment de se projeter sur ses ambitions du dimanche après-midi. « On savait nos rivaux compétitifs, affirme l’ancien poulain de Frédéric Vasseur. Ils l’ont été depuis les premiers essais. La course s’annonce plus difficile que prévu. Je n’ai pas pu effectuer le moindre long relais hier pas plus que ce matin en raison du drapeau rouge. J’avance un peu dans le noir. On peut s’attendre à ce que nos adversaires soient très durs à battre demain. Ce sera difficile, mais je vais attaquer aussi fort que possible. »
Andrea Noviello
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