Mis en confiance par une entame de week-end quasi-parfaite, Charles Leclerc a décroché le meilleur temps des qualifications du Grand Prix de Bahreïn. Intraitable dans chacune des trois différentes parties de la séance, le Monégasque signe la première pole position de sa carrière au nez et à la barbe de son coéquipier chez Ferrari Sebastian Vettel.
En Australie, il avait (diplomatiquement) accepté de jouer le jeu de l’équipe. Invité par radio à ne pas attaquer son coéquipier Sebastian Vettel dans les derniers tours de course, Charles Leclerc s’était (sagement) plié aux consignes du team de Maranello quitte à sacrifier une belle quatrième place pour son premier Grand Prix au volant d’une machine frappée du mythique cheval cabré. Aussitôt remercié de son attitude par son patron Mattia Binotto, le Monégasque n’en gardait pas moins une once de remords envers lui-même, frustré qu’il était de n’avoir pas su répondre présent au moment le plus important des qualifications. Convaincu que son dimanche après-midi australien aurait pu connaître une toute autre issue sans ses approximations en Q3, le pilote Ferrari s’était promis de ne plus répéter pareil impair à l’avenir dans l’exercice si redouté du tour chronométré. Il a tenu parole. Et avec la manière qui plus est.
Impressionnant d’aisance sur un circuit de Sakhir où il a déjà goûté à l’enivrant parfum du succès en Formule 2, Leclerc a confirmé la bonne impression laissée la veille lors des premiers essais libres (il signe le meilleur temps des EL1 avant d’échouer à 35 minuscules millièmes de son voisin de garage Vettel en EL2) en se montrant tout bonnement intraitable ce samedi. Déjà le plus rapide lors de l’ultime répétition générale des libres 3, le protégé de Nicolas Todt a encore davantage assis sa position d’homme fort du week-end en s’adjugeant le chrono de référence dans chacune des trois parties des qualifications, conquérant au prix d’une dernière tentative magistrale la toute première pole position de sa carrière en Formule 1. « Je suis vraiment heureux, exulte à sa descente de voiture le natif de Monaco. Je vais tâcher de savourer ce moment tout en essayant de rester aussi cool que possible. La pole n’offre malheureusement pas de points et c’est demain en course qu’il faudra concrétiser. »
« Le départ sera très certainement la clé »
Premier poleman monégasque de l’histoire de la catégorie reine en 1’27’’866, Leclerc s’offre non seulement le nouveau record absolu du circuit de Sakhir, mais réussit, en outre, le tour de force de coller près de trois dixièmes à la Ferrari sœur de Vettel (1’28’’160) sur un tracé où le quadruple champion du monde compte quatre victoires et trois pole positions en dix participations. Seul pilote capable de passer sous la barrière des 1’28 au tour, le champion 2017 de Formule 2 peut également s’enorgueillir d’avoir réalisé un véritable sans-faute dans une séance qualificative qui aura vu bon nombre de ses congénères, à commencer par son coéquipier Vettel, se laissés abuser par les nombreux pièges du tracé bahreïni. « Je n’étais clairement pas satisfait de mon tour de qualification à Melbourne spécialement en Q3, confie la révélation de la saison 2018. Je me suis efforcé de ne pas répéter les mêmes erreurs ici. Je voulais absolument réussir à mettre mes trois meilleurs partiels tous ensembles et cette fois cela a fonctionné. »
Dominateur pour la toute première fois de l’année (et certainement pas la dernière) dans le giron de la Scuderia, Leclerc se sait fortement attendu demain dans une course qui pourrait, déjà, profondément modifier son statut à Maranello. S’il parvient à assumer la pression que ne manqueront très certainement pas de faire peser sur ses jeunes épaules les Vettel, Hamilton et autres Bottas, le champion 2016 de GP3 s’immuniserait, du moins provisoirement, de toute nouvelle tentative d’injonction de la part de Ferrari. Dans le cas contraire, l’ambition qui est sienne de s’imposer, à terme, comme le nouveau fer de lance de l’écurie la plus titrée de l’histoire en subirait un sérieux coup. « Le départ sera très certainement la clé demain, prédit l’enfant prodige de la Principauté. La piste est poussiéreuse et on peut facilement patiner à l’extinction des feux. Je vais faire tout mon possible pour garder la première place et offrir à Ferrari le meilleur résultat possible. »
Andrea Noviello
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