Daniil Kvyat
Fragilisé l’an dernier par sa rétrogradation chez Toro Rosso, Daniil Kvyat n’a pas su relever la tête en 2017, s’enfonçant au contraire dans une spirale infernale qui a fini par lui coûter son baquet au sein de l’écurie sœur de Red Bull. Si sa bonne entrée en matière à Melbourne (9ème) aurait pu laisser croire à un rebond de celui qui a longtemps été choyé par Helmut Marko, elle n’aura finalement été qu’une illusion dans le long déclin du natif d’Oufa. Ridiculisé chaque week-end de course par son coéquipier Sainz, le pilote Toro Rosso a de surcroît accumulé les boulettes cette saison comme en témoigne son strike au départ du Grand Prix d’Autriche, son stupide accrochage avec « Carlito » au Royaume-Uni ou encore son pitoyable crash de Singapour. Incapable de grappiller les points en début d’année quand sa voiture lui permettait de se battre régulièrement pour le top dix, le champion 2013 de GP3 s’est progressivement enlisé dans une crise de confiance dont il ne se relèvera pas. Trop souvent handicapé par ses mauvaises qualifications, il ne s’invite qu’à quatre reprises seulement en Q3, l’ex-pilote Red Bull n’a ensuite jamais pu inverser la tendance le dimanche après-midi à l’exception de sa jolie remontée barcelonaise (9ème). Logiquement mis au placard par son écurie après sa bourde de Marina Bay, le Russe a profité du transfert avancé de Sainz chez Renault pour réintégrer l’équipe le temps d’une pige convaincante (10ème) à Austin. Mais le mal était déjà fait. Plus en odeur de sainteté dans le clan Red Bull, le pilote flanqué du numéro 26 a, cette fois, définitivement été écarté par ses employeurs après la manche américaine, mettant ainsi douloureusement fin à un parcours en F1 un temps prometteur, mais trop inconstant pour pouvoir prétendre sur la durée à une place pérenne au plus haut niveau du sport automobile. Un joli gâchis.
McLaren Honda
Le mariage McLaren-Honda s’est conclu comme il avait commencé deux ans plus tôt : par un bide et une piteuse neuvième place au championnat constructeurs. Rassénérée par les (légers) progrès enregistrés en 2016, la mythique écurie britannique avait fondé de gros espoirs sur cet exercice 2017. Quelle ne fut pas sa déception. Incapable d’effectuer le bon en avant promis depuis son retour dans la discipline reine, le motoriste japonais a, au contraire, sévèrement déchanté, accumulant les casses mécaniques les unes derrière les autres sans jamais trouver la solution pour y remédier. Accablés par les pénalités, Fernando Alonso et son coéquipier Stoffel Vandoorne n’ont ainsi que trop rarement eu l’opportunité de briller cette saison si on excepte la belle sixième place enregistrée par le natif d’Oviedo en Hongrie ou les deux septièmes places décrochées par le Belge à Singapour et en Malaisie. Lassé par la médiocrité de son V6 turbo-hybride, le groupe propulseur Honda concédant encore plus de 30 km/h sur les autres moteurs du plateau en ligne droite, le double champion du monde espagnol a choisi de sacrifier le Grand Prix le plus célèbre de la saison à Monaco pour tenter le pari fou de remporter les 500 Miles d’Indianapolis. Stoppé dans sa quête par une casse de son moteur Honda (tiens donc !), le « Taureau des Asturies » a toutefois envoyé un cinglant message à son équipe en délaissant délibérément son costume de pilote de F1 pour s’adonner aux joies des ovales américains. Pas prête à revivre une quatrième saison d’affilée aussi catastrophique ni à perdre son pilote vedette, l’équipe managée par Éric Boullier a donc logiquement mis un terme à sa collaboration avec le motoriste nippon, préférant se tourner vers Renault l’an prochain. Une bien sage décision pour un team qui n’aura su récolter que 30 misérables points en 2017 soit 638 de moins que le champion en titre Mercedes. Navrant.
Kevin Magnussen
Arrivé chez Haas dans la peau d’un pilote constamment poussé vers la sortie par ses précédents employeurs, Kevin Magnussen ne connaîtra pas pareille mésaventure en 2018, mais ce n’est pourtant pas faute d’avoir de nouveau suscité la controverse. Régulièrement tancé par ses congénères pour son pilotage dangereux en piste, le Danois s’est comme toujours montré imperméable aux critiques, préférant se bercer d’illusions sur son prétendu pouvoir d’intimidation. Dominé pour la troisième fois en trois saisons de F1 par son coéquipier, il décroche dix-neuf petits points quand Grosjean en récolte vingt-huit, le pilote Haas a également subi de plein fouet la comparaison avec son voisin de garage notamment dans le si complexe exercice des qualifications (12 à 8). Moins en souffrance le dimanche en course (11-10 à l’avantage du Français), le natif de Roskilde s’est toutefois rarement mis en évidence au volant de sa VF-17 cette année, la faute à de trop nombreuses erreurs et à son incapacité à gérer ses émotions dans les duels rapprochés. Complètement passé au travers de son premier Grand Prix avec l’écurie américaine en Australie, le fils de Jan n’a guère été plus rassurant par la suite, mêlant avec toujours autant de dédain inconstance (Bahreïn, Autriche, Belgique, États-Unis) et manœuvres défensives irresponsables (Canada, Hongrie, Italie, Malaisie, Brésil, Abou Dhabi). Incompréhensiblement épargné par les sanctions de la FIA malgré son attitude scandaleuse en piste, le Nordique s’est même permis d’ajouter à sa panoplie de personnalité la plus détestable du paddock une grossièreté des plus mal venue dans un milieu où le fair-play et le respect devraient logiquement prévaloir. Insipides quand elles ne furent pas totalement transparentes, ses prestations auraient logiquement dû lui valoir une nouvelle mise à pied. Mais à défaut de talent, Magnussen peut au moins compter sur le soutien indéfectible de ses sponsors. Il n’a clairement pas sa place en F1.
Sauber
Épargné d’une telle humiliation l’an dernier par la présence du petit poucet Manor, Sauber n’a en revanche pas pu échapper à la sanction en 2017. Lanterne rouge du championnat avec un miteux total de cinq points récoltés, l’écurie helvétique a durement payé des années de mauvaise gestion et son choix de miser sur une version 2016 du bloc moteur Ferrari alors que le système de jetons avait été supprimé par la FIA. Développée sous la coupe de l’ingénieur Mark Smith avant que ce dernier ne quitte précipitamment le navire, la C36 a d’entrée affiché ses limites tant sur le point aérodynamique qu’au niveau de sa motorisation. Relégués dès le début de l’année en fond de grille, les hommes de Monisha Kaltenborn ont néanmoins réussi à tirer leur épingle du jeu lors des premières courses, profitant des déboires mécaniques de leurs adversaires pour réaliser quelques belles performances. Passé à deux doigts de débloquer le compteur de l’écurie helvétique dès son retour de blessure à Bahreïn (11ème), l’Allemand étant forfait en Australie et en Chine suite à sa figure de la Race Of Champions, Pascal Wehrlein a merveilleusement su tirer parti d’une stratégie à un seul arrêt pour décrocher une splendide huitième place en Espagne. De retour dans les points à Bakou (10ème), le protégé de Mercedes n’a ensuite jamais pu endiguer le long déclin de l’équipe chère à Peter Sauber. Chamboulée pendant l’été avec l’arrivée à sa tête de Frédéric Vasseur, l’écurie basée à Hinwill s’est toutefois montrée incapable de redresser la barre ni de suivre la frénétique course au développement de ses adversaires directs. Marcus Ericsson ne brillant pas par ses coups d’éclats, le Suédois régalant au contraire le paddock de quelques bourdes (Monaco, Singapour, Japon) dont il a le secret, le team suisse va alors végéter de longs mois en queue de peloton avant que l’écroulement de Toro Rosso en fin de saison ne lui permette de (très) légèrement remonter dans la hiérarchie. Un bien maigre lot de consolation dans une saison de désolation.
Andrea Noviello
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