Les Tops du Grand Prix du Brésil

Sebastian Vettel

Contrarié par la perte du titre mondial, l’Allemand avait à cœur de clôturer en beauté son exercice 2017. Outre la conviction, il y a aussi mis les formes. Brouillon deux semaines plus tôt à Mexico, Sebastian Vettel a cette fois réalisé un sans-faute au Brésil, laissant le soin aux autres de commettre des approximations rédhibitoires pour la victoire finale. Entré discrètement dans son week-end, le pilote Ferrari a progressivement élevé le curseur au point de passer à 38 millièmes d’une nouvelle pole position en qualification. Devancé in extremis par Bottas en Q3, le natif d’Heppenheim a brillement rendu la monnaie de sa pièce au Finlandais le lendemain en appliquant une tactique qui lui est chère : prendre rapidement la poudre d’escampette avant de tranquillement gérer son matelas d’avance sur ses concurrents directs. Placé sur le côté sale de la piste, le quadruple champion du monde réussit pourtant à surprendre le natif de Nastola dans le « S » de Senna et à virer en tête du Grand Prix. Plus personne ne le reverra. Habile lors du restart, « Baby-Schumi » se détache aisément de la flèche d’argent et compte près de deux secondes d’avance sur son dauphin à l’attaque du 12^ème tour. Plus précautionneux que le Nordique en fin de relais, le fer de lance de la Scuderia couvre la stratégie de la firme à l’étoile en s’arrêtant une boucle seulement après Bottas au 29^ème passage. Ressorti de justesse devant le Finlandais, l’ancien protégé d’Helmut Marko abandonne quinze tours durant les rênes du Grand Prix à Hamilton avant de logiquement les récupérer une fois l’Anglais rentré à son box. Pas davantage inquiété en fin d’épreuve qu’il ne le fut pendant tout le reste de la course, la figure de proue de Ferrari achève sa partition parfaite sur le tracé d’Interlagos en ramenant une cinquième victoire à Maranello en 2017 et en sécurisant quasi-définitivement sa deuxième place au championnat pilotes. Avec désormais 22 points de marge sur son plus proche rival Bottas, Vettel peut sereinement se tourner vers la manche finale d’Abou Dhabi. Un métronome.

Lewis Hamilton

Sa grossière erreur du samedi après-midi aurait pu laisser croire à une logique décompression d’après titre pour le Britannique. Mais contrairement à 2015 où il avait terminé son championnat en roue libre après la conquête de sa troisième couronne mondiale, Lewis Hamilton a immédiatement relevé la tête au Brésil pour livrer une course digne de son nouveau statut de quadruple champion du monde. Intouchable lors de la journée du vendredi, il confisque le meilleur temps en libres 1 et en libres 2, le pilote Mercedes a vu sa séance qualificative tourné court après une bévue indigne de son talent lors de sa première tentative chronométrée. Parti s’encaster contre le mur de pneus dans Ferradura, le natif de Stevenage a ainsi été contraint de s’élancer depuis la voie des stands en course. Un handicap que le fer de lance de la firme à l’étoile a brillement surmonté. Passé au travers des incidents du 1^er tour, le fils d’Anthony profite des déboires de Wehrlein, Grosjean et de Ricciardo pour gagner d’entrée trois places sans avoir à effectuer le moindre dépassement. Galvanisé par cette entame tonique, le champion du monde 2017 sort alors le grand jeu en se débarrassant de cinq pilotes en l’espace de cinq boucles. Hartley, Stroll, Gasly, Sainz et Hulkenberg doivent tour à tour s’incliner face à l’ancien protégé de Ron Dennis. Pas décidé à s’arrêter en si bon chemin, l’ex-pilote McLaren poursuit son festival en s’offrant, entre le 14^ème et le 21^ème passage, le scalp de Perez, Alonso et Massa. Revenu en cinquième position alors que le tiers de l’épreuve n’a pas encore été franchi, l’Anglais tire alors merveilleusement bien parti de ses gommes tendres pour enchaîner les meilleurs temps et s’emparer des commandes du Grand Prix. En tête pendant quinze tours, il stoppe finalement au 44^ème passage avant reprendre de plus belle en supertendres. Autoritairement venu à bout de Verstappen dans le 59^ème tour, Hamilton échouera malheureusement sur les talons de Räikkönen à la quatrième place. Mais quelle remontée ! Du très grand Lewis.

Daniel Ricciardo

Dans un climat délétère entre son écurie Red Bull et son motoriste Renault, l’Australien a fait fi de toutes les mauvaises ondes pour sortir une prestation de haute volée au Brésil. Si sa qualification (5^ème à quatre dixièmes de Verstappen) n’a guère été emballante, il ne pouvait de toute façon rien espérer de mieux avec sa pénalité de dix places sur la grille, sa course aura en revanche été tout bonnement magnifique. Rétrogradé en quatorzième position en raison du changement de plusieurs éléments moteurs, le natif de Perth a cru voir son Grand Prix s’arrêter net au bout d’une centaine de mètres lorsque la manœuvre pour le moins honteuse de Magnussen envoya le pauvre Vandoorne s’encastrer contre la Red Bull du protégé d’Helmut Marko. Parti en tête-à-queue dans l’herbe, le vice-champion 2010 de F3.5 s’arrête aussitôt à son stand afin de réparer les dégâts et reprend sa route en dernière position. Le show Ricciardo peut alors commencer. Après avoir démarré en douceur par un dépassement aisé sur la Sauber de Wehrlein au 7^ème tour, « Smiling » enclenche la vitesse supérieure en effaçant coup sur coup Hartley, Ericsson, Gasly et Sainz pour intégrer le top dix. Venu également à bout de la Renault d’Hulkenberg dans la 19^ème boucle, le pilote Red Bull réussit ensuite sa « spéciale » sur Perez en débordant le Mexicain dix tours plus tard à l’issue d’un freinage ultra-tardif. Propulsé au cinquième rang par l’arrêt au stand de son coéquipier Verstappen, « Ricci » laisse aussitôt repasser le Néerlandais avant de sacrifier à son propre pit-stop au 44^ème passage. Ressorti derrière la McLaren d’Alonso en huitième position, l’ex-pilote HRT dispose facilement de l’Espagnol au 46^ème tour avant de se débarrasser dans la foulée de la Williams de Massa en répétant sa manœuvre de prédilection. Trop distancé pour espérer venir menacer son voisin de garage dans les dernières boucles, Ricciardo rallie tranquillement l’arrivée en sixième position et renoue avec les points après deux courses plombées par les ennuis mécaniques. Un sacré battant.

Felipe Massa

Un an après des adieux tronqués sur ses terres, le local de l’étape a enfin pu tirer sa révérence comme il se doit devant les siens. Passé in extremis dans la dernière partie des qualifications, il décroche le dixième chrono du jour en collant au passage près d’une seconde à son coéquipier Stroll, Felipe Massa a réalisé une course pleine sur son circuit favori d’Interlagos, démontrant par la même occasion qu’à 36 ans il n’avait rien du pilote has-been que son écurie veut bien laisser croire. Auteur d’une superbe mise en action, il élimine dès le départ Perez, Hulkenberg et Sainz, le Pauliste négocie également parfaitement le restart au 6^ème tour pour griller la politesse à la McLaren d’Alonso. Solidement ancré en cinquième position, le vice-champion du monde 2008 utilise à merveille la puissance de son moteur Mercedes pour contrer toutes les offensives du « Taureau des Asturies ». Relégué au sixième rang par Hamilton au 21^ème passage, le Brésilien reprend alors son mano-à-mano avec Alonso sans pour autant se laisser surprendre par le double champion du monde. Appelé à son box dans la 28^ème boucle afin de monter les pneus tendres, le pilote Williams recule au onzième rang derrière les Renault d’Hulkenberg et de Sainz. Remonté de trois places à la faveur du changement de gommes des deux monoplaces jaunes et de son rival Alonso, le protégé de Nicolas Todt tire ensuite parti du pit-stop de Perez pour récupérer la septième position. Propulsé pendant trois tours au sixième rang par l’arrêt de Ricciardo, l’ancien pilote Ferrari doit néanmoins logiquement s’incliner face à l’Australien au 47^ème tour, retrouvant ainsi une septième place qu’il ne quittera plus jusqu’au drapeau à damier malgré l’intense pression d’Alonso et de Perez dans les dernières boucles. Auteur d’une dernière superbe performance à domicile, Massa relègue son voisin de garage Stroll à deux tours et reprend pour deux points la dixième place du championnat au débutant québécois. Pas mal pour un futur retraité non ?

Andrea Noviello