Course : Vettel pour la beauté du geste

Sebastian Vettel course Brésil 2017
Sebastian Vettel coiffe sa 5ème victoire de la saison au terme d'une course maîtrisée de bout en bout.
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Éliminé de la course au titre depuis Mexico, Sebastian Vettel s’est offert un joli lot de consolation en remportant le Grand Prix du Brésil, dix-neuvième manche de la saison 2017 de Formule 1. Parvenu à griller la politesse au poleman Bottas au départ, l’Allemand a ensuite tranquillement géré sa course pour s’imposer une 47ème fois en carrière devant la Mercedes du Finlandais et la Ferrari sœur de Kimi Räikkönen. Parti bon dernier après sa bourde des qualifications, Lewis Hamilton termine finalement aux portes du podium à l’issue une remontée de toute beauté.

Battu pour 38 ridicules millièmes de seconde par Valtteri Bottas lors d’une qualification particulièrement indécise samedi, Sebastian Vettel avait du mal à cacher sa déception à sa descente de voiture. Si son discours d’après séance se voulait résolument optimiste, son langage corporel trahissait une réelle déception. Un certain agacement même. Frustré d’avoir manqué la pole pour si peu, le pilote Ferrari s’était juré de prendre sa revanche en course. Mais pour pouvoir empêcher le Finlandais de triompher en terre brésilienne, encore lui fallait-il virer en tête à l’issue d’un premier virage toujours délicat à négocier sur le toboggan d‘Interlagos. Le démarrage quelque peu chaotique de sa SF70H lors du tour de formation aurait d’ailleurs pu instaurer le doute dans l’esprit du leader de la Scuderia d’autant que jamais encore le mercure n’était monté si haut sur Sao Paulo ce week-end. En bon quadruple champion du monde qui se respecte, « Baby-Schumi » n’a toutefois pas tremblé lors de sa mise en action, réussissant même à mettre à exécution son plan.

Crédité d’une meilleure impulsion que Bottas à l’extinction des feux, l’Allemand devait pourtant patienter quelques mètres avant de porter le coup fatal au protégé de Toto Wolff. Victime d’un léger patinage à la montée des rapports, le natif d’Heppenheim retardait au maximum son freinage à l’approche du « S » de Senna et s’emparait autoritairement de la tête d’une course qu’il ne quitterait désormais plus que l’espace d’une dizaine de tours après son arrêt au stand. Implacable jusqu’au baisser du drapeau à damier, Vettel s’en allait chercher une 47ème victoire en carrière amplement méritée et confortait ainsi de manière quasi-définitive sa deuxième place au championnat pilotes. « Le départ a été crucial aujourd’hui, confirme le pilote flanqué du numéro 5. J’ai d’abord cru avoir manqué ma chance, mais Valtteri a visiblement souffert encore plus que moi en termes de motricité. Cela a suffi pour que je m’infiltre à l’intérieur. J’ai ensuite essayé de créer un petit écart et de contrôler la course. Les dernières semaines ont été pénibles pour nous donc c’est bien de renouer avec le succès. Nous voulions terminer cette saison sur une bonne note et nous l’avons prouvé aujourd’hui. »

Fin de série pour Ocon

Incapable de contenir les assauts d’un Max Verstappen redoutablement agressif il y a deux semaines à Mexico, Sebastian Vettel s’est visiblement inspiré de la tactique employée par le Néerlandais en grillant dès l’extinction des feux la politesse à un Valtteri Bottas un peu tendre dans sa défense. Relégué sur la dernière place de la grille par sa boulette de la veille, le tout frais quadruple champion du monde Lewis Hamilton échappe au carnage du premier virage en s’élançant finalement depuis la voie des stands. Coutumier des manœuvres scandaleuses, Kevin Magnussen écarte grossièrement sa trajectoire en sortie du « S » de Senna et vient s’empaler dans la McLaren du malheureux Stoffel Vandoorne. Parti complètement sur l’extérieur afin de tenter d’éviter les écueils d’un départ toujours agité en peloton, Daniel Ricciardo est accroché par le Belge avant d’être envoyé en tête-à-queue dans l’herbe. Autre victime de cette cohue du premier virage, il a été touché par l’aileron-avant de Vandoorne dans la descente, Romain Grosjean tente vainement de résister à une attaque sur l’extérieur de son compatriote Esteban Ocon dans Ferradura.

Malheureusement pour le pilote Haas, une baisse de pression dans son pneu arrière-droit le catapulte aussitôt en toupie, entraînant avec lui la Force India du protégé de Mercedes. Reparti tant bien que mal au volant d’une monoplace sérieusement chiffonnée, Ocon renonce finalement quelques mètres plus loin, mettant ainsi fin à sa formidable série de 27 arrivées consécutives au volant d’une Formule 1. « Romain n’a pas été très malin sur ce coup-là, déplore le Normand. J’étais devant lui dans le virage. Le choc casse ma jante avant et ma jante arrière. Il a reçu une pénalité, mais cela ne change rien au fait qu’il a détruit ma course. Je ne retire rien d’un tel incident, car ce n’est pas moi qui ai commis une erreur. » Neutralisé pendant cinq interminables tours derrière la voiture de sécurité afin de dégager les épaves d’Ocon, Magnussen et Vandoorne, le Grand Prix reprend finalement ses droits au 6ème passage sous la conduite du trio Vettel-Bottas-Räikkönen. Profitant de la très nette supériorité de son moteur Mercedes sur l’anémique Honda de son adversaire, le local de l’étape Felipe Massa déborde la McLaren de Fernando Alonso dès la relance pour le gain de la cinquième place.

Ricciardo assure le show

Lewis Hamilton en fait de même quelques secondes plus tard au détriment du débutant Brendon Hartley et s’installe provisoirement en treizième position. Le show du quadruple champion du monde n’en est alors qu’à ses prémices. Piqué dans son orgueil par sa bourde des qualifications, l’Anglais met un point d’honneur à se racheter en enchaînant les dépassements avec une facilité déconcertante. Après Lance Stroll dans la 7ème boucle, Marcus Ericsson dans la 8ème, Pierre Gasly dans la 9ème et Carlos Sainz dans la 10ème, Nico Hulkenberg cède également face aux assauts du pilote Mercedes au 11ème tour. Déjà remonté au huitième rang, le natif de Stevenage ne compte pas pour autant s’arrêter en si bon chemin. Preuve en est, le fer de lance de la firme à l’étoile se débarrasse d’un Sergio Perez comme toujours très agressif dans sa défense au 14ème passage et s’empare de la septième place au moment Ricciardo poursuit, lui aussi, son brillant retour aux avant-postes. Déjà venu à bout de Pascal Wehrlein, Hartley, Ericsson et Gasly, l’Australien se joue également de la Renault de Sainz la boucle suivante pour récupérer la dixième position.

Confortablement assis sur un douillet matelas de deux secondes d’avance sur un Bottas inoffensif, le leader Vettel continue, pour sa part, de dominer les débats et de gérer sereinement la dégradation de ses gommes supertendre sur un tarmac frôlant avec les 60°. Alors que devant les hommes de tête doivent commencer à sérieusement surveiller l’état de leurs pneumatiques, Hamilton peut, lui, s’en donner à cœur joie grâce à ses gommes tendres. Revenu à coup de record du tour sur le duo Massa-Alonso, le Britannique dépasse son ancien coéquipier chez McLaren dans la 20ème boucle avant d’effacer un tour plus tard la Williams du Pauliste. Installé au cinquième rang, Hamilton a désormais en ligne de mire la Red Bull du trublion Max Verstappen. De dix secondes au 22ème passage, l’écarte entre les deux hommes tombe à 6,4 secondes en l’espace de cinq boucles, de quoi aiguiser encore davantage l’appétit du pilote Mercedes. Si le champion du monde 2017 ne cesse d’affoler les chronos et de se rapprocher de son adversaire, l’autre représentant de la firme à l’étoile éprouve, à l’inverse, toutes les peines du monde à recoller à la Ferrari de tête.

Hamilton en champion

Face à ce constat d’impuissance, Mercedes appelle Bottas à son box dans le 28ème tour pour tenter « l’undercut » sur le leader Vettel. Peine perdue. Prompte à réagir, la Scuderia stoppe son pilote vedette une boucle plus tard et maintient ainsi, virtuellement tout du moins, son emprise sur l’épreuve. L’autre Ferrari de Räikkönen sacrifiant aussi à son pit-stop obligatoire au 30ème passage, Hamilton prend les commandes de l’épreuve au moment où son rival direct Verstappen a, lui aussi, troqué ses gommes supertendres contre des tendres. Impressionnant de régularité malgré une monte pneumatique à la durée de vie déjà bien entamée, il affiche des chronos plus rapides que ceux de Bottas ou de Vettel pourtant chaussés en gommes neuves, le natif de Stevenage conserve les rênes du Grand Prix pendant quinze tours avant de finalement se résoudre à stopper au 44ème passage. Pas en reste au volant de sa RB13, il s’est entre-temps offert le scalp d’Hulkenberg et Perez, l’autre « sérial dépasseur » du jour, Ricciardo, s’écarte logiquement au profit de son coéquipier Verstappen.

Rappelé lui aussi à son stand dans ce même 44ème tour, « Smiling » repart en huitième position avec la ferme intention de terminer sa course en trombe. Le natif de Perth y parviendra avec panache. Alonso et Massa sont croqués en l’espace de trois boucles quand il en faudra quinze de plus à Hamilton pour prendre le meilleur sur un Verstappen totalement à l’agonie avec ses pneus tendres. Douze tours étant encore à couvrir, rien ne semble dès lors pouvoir empêcher le Britannique de ravir la troisième place à Räikkönen. Pourtant si l’écart initial de 4,6 secondes entre la Mercedes du quadruple champion du monde et la Ferrari d’« Ice-Man » s’amenuise rapidement, jamais l’ancien protégé de Ron Dennis ne pourra réellement porter une attaque sur le champion du monde 2007. Condamné à un exploit pour chiper sur le gong la dernière marche du podium au Finlandais, Hamilton préfère en rester là, se contentant d’une quatrième place certes frustrante mais ô combien révélatrice de sa supériorité en terre brésilienne. « J’étais plus rapide que n’importe qui aujourd’hui et de très loin, se conforte l’Anglais. Sans mon erreur en Q1, j’aurais très certainement signé la pole et remporté la course. »

Andrea Noviello

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