Régénéré par son bon résultat brésilien, Michael Schumacher confirme le retour en force des Ferrari lors du Grand Prix de Saint-Marin 1999. Battu de justesse par les McLaren dans l’exercice des qualifications, l’Allemand prend une magnifique revanche sur les flèches d’argent en course grâce à un nouveau coup de maître tactique.
Reparti bredouille de son escale australienne (il termine huitième d’une course cauchemardesque et au cours de laquelle il aura connu un calage au départ, une crevaison et des soucis de boîte de vitesses. Ndlr), Michael Schumacher s’est aussitôt replongé dans le travail, profitant des cinq longues semaines séparant la manche d’ouverture à la deuxième étape du calendrier 1999 pour tenter de combler les carences de sa machine. S’il doit renoncer à une bonne partie de l’intense programme de test prévu par la Scuderia en raison d’une foulure de la cheville gauche (résultat d’une mauvaise chute lors d’une partie de football avec ses amis du FC Aubonne. Ndlr), l’Allemand n’en reste pas moins décidé à vite effacer de son esprit son piteux résultat de Melbourne. Tranquillisé par les 4000 kilomètres avalés en essais privés par les autres pilotes Ferrari, le double champion du monde aborde les qualifications du Grand Prix du Brésil fort d’un esprit revanchard et avec l’ambition chevillée au corps de réduire drastiquement le retard observé sur les McLaren dans les rues de l’Albert Park (il a concédé 1,3 seconde à Hakkinen en qualification. Ndlr).
Hélas pour lui, ses belles aspirations de reconquête vont se heurter à l’implacable réalité du chronomètre. De nouveau relégué à une seconde pleine du poleman Mika Hakkinen, le « Baron Rouge » encaisse difficilement cette deuxième débâcle consécutive dans l’exercice du tour chronométré ce qui ne l’empêche pas pour autant de brillamment rebondir le lendemain après-midi. Somptueux deuxième d’une course dans laquelle il a fait mieux que rivaliser avec son rival finlandais (il franchit la ligne d’arrivée à moins de cinq secondes de la MP4/14 du natif de Vantaa. Ndlr), le pilote Ferrari sent que le lourd labeur mené par toute l’équipe depuis l’Australie commence à porter ses fruits. Et il a bien l’intention de le confirmer dès l’ouverture européenne de la saison à Imola. D’abord discret lors de la toute première séance libre du week-end, le prodige de Kerpen ne va cesser par la suite de se rapprocher des incontournables McLaren, échouant finalement à moins de deux dixièmes du chrono de référence en qualification (à mettre une fois encore au crédit de son grand rival Hakkinen. Ndlr).
Le cadeau d’Hakkinen
Troisième sur la grille de départ, l’ancien poulain de Flavio Briatore s’envole plutôt bien au signal du starter sans toutefois parvenir à menacer les deux flèches d’argent de Mika Hakkinen et de David Coulthard devant lui. Rapidement distancé par les hommes de Ron Dennis (il concède plus de six secondes au champion du monde en titre en l’espace de quatre tours. Ndlr), le « Kaiser » courbe l’échine pendant une dizaine de boucles avant de voir le sort brusquement lui sourire peu avant la fin du premier tiers de course. Insolent leader depuis l’extinction des feux, Hakkinen perd subitement le contrôle de sa flèche d’argent à la sortie de la dernière chicane et s’en va violemment heurter le mur longeant la ligne droite des stands. Le Finlandais hors-jeu à la fin du 17ème tour, la victoire se jouera donc entre la seconde MP4/14 de Coulthard et la Ferrari du « petit Mozart de la F1 ». Galvanisé par ce coup de pouce du destin, « Schumi » hausse aussitôt son rythme et se replace à portée de tir de l’Écossais en seulement quelques tours. Le tracé romagnol n’étant pas réputé pour favoriser les dépassements, le fer de lance de la Scuderia choisit alors d’anticiper son pit-stop et de basculer sur une stratégie à deux arrêts.
L’option prise par le natif d’Hürt-Hermülheim est audacieuse, mais elle se révèle d’autant plus judicieuse que dans le même temps « DC » doit composer avec un trafic en piste particulièrement tenace. Régulièrement une demi-seconde plus rapide que le pilote McLaren, le champion allemand exécute le plan de Ross Brawn à la perfection et prend logiquement les commandes des opérations après le passage par les stands de Coulthard au 36ème tour. Désormais en tête, l’ex-pilote Benetton ne ralentit pas la cadence pour autant, continuant au contraire d’attaquer comme un forcené pour se bâtir l’avance nécessaire avant de sacrifier à son deuxième arrêt-ravitaillement. Plus habile que son rival dans le dépassement des retardataires, l’ogre de Kerpen y parvient avec brio, opérant son deuxième pit-stop dans le 45ème tour fort d’une confortable marge de 22 secondes sur l’Écossais. Renvoyé en piste après un nouvel arrêt expéditif (7 secondes. Ndlr) des hommes de la Scuderia, le pilote de 30 ans conserve les rênes de la course et s’en va quérir une étincelante première victoire en 1999. Magnifique d’opportunisme sur le tracé romagnol, Schumacher met fin à seize années de disette de Ferrari à Imola et s’installe par la même occasion en tête du championnat du monde. La chasse à un troisième sacre est ouverte.
Andrea Noviello
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