Sebastian Vettel
Son piteux tout droit dans le bac à gravier risque de le hanter un long moment. Promis à une première victoire de prestige à Hockenheim, Sebastian Vettel a bêtement tout gâché sur un freinage trop tardif et mal maîtrisé dans la Sachkurve, ruinant ainsi ses chances d’accroître encore d’avantage son avance au championnat sur son rival Hamilton. Époustouflant en qualification, il décroche la 55ème pole position de sa carrière au terme d’une dernière tentative magistrale, l’Allemand a longtemps semblé intouchable en course avant d’inexplicablement se prendre les pieds dans le tapis lors de l’intensification de la pluie. Crédité d’un bon envol à l’extinction des feux, le natif d’Heppenheim conserve l’avantage sur la Mercedes de Bottas et vire logiquement en tête dans l’enchaînement des virages 1 et 2. Rapidement en mesure de se détacher du Finlandais, le quadruple champion du monde gère sereinement son pécule de trois secondes sur la flèche d’argent jusqu’à son passage obligatoire par les boxes au 26ème tour. Tombé en deuxième position derrière la Ferrari sœur de Räikkönen, « Baby-Schumi » ramarre aisément la SF-71H de son coéquipier, mais va se montrer incapable de prendre l’ascendant à la régulière en dépit de gommes accusant onze tours de moins au compteur que celles du champion du monde 2007. Exaspéré par une situation qu’il considère comme « stupide », le fer de lance de la Scuderia réclame à son écurie d’ordonner au Nordique de s’écarter et obtient finalement gain de cause après plusieurs tours de palabres radiophoniques. De retour aux commandes de l’épreuve dans la 39ème boucle, l’ancien enfant prodigue de Red Bull prend aussitôt la poudre d’escampette et profite même de l’arrivée de la pluie pour définitivement s’envoler. Confortablement assis sur un fauteuil de 8,7 secondes sur son dauphin Bottas au 51ème passage, le pilote Ferrari part alors à la faute au milieu de Stadium, enterrant ses espoirs de succès à domicile dans l’un des plus petits bacs du championnat. Coupable de sa deuxième bourde grossière de la saison après celle du Paul-Ricard, Vettel enregistre son premier résultat blanc en 2018 et voit Hamilton s’emparer des commandes du classement avec 17 points de marge. Un beau gâchis.
Williams
Sevrée de bons résultats depuis l’inespérée huitième place de Stroll à Bakou, la mythique écurie britannique a manqué une belle occasion de renouer avec le top dix le jour où la pluie et la défaillance de plusieurs de ses adversaires directs auraient pourtant dû lui permettre de grappiller quelques points de son déplacement en terre germanique. Épatant douzième chrono des qualifications, Sergey Sirotkin n’a pas connu la même réussite le lendemain en course. Loin s’en faut. Crédité d’un envol poussif, le Russe parvient néanmoins à surprendre la Mercedes d’Hamilton dans l’enchaînement des premiers virages. Vite remis à sa place par le Britannique, l’ex-pilote de développement chez Renault doit également s’avouer vaincu face à la Red Bull de Ricciardo au 7ème tour, rétrogradant à une seizième place qui va rester sienne jusqu’à son pit-stop au 29ème passage. Ressorti derrière son coéquipier Stroll, le Moscovite végète un long moment en avant-dernière position avant que les errements stratégiques de Leclerc, Alonso et de Gasly ne lui permettent de remonter au quatorzième rang. Repassé, lui aussi, à son stand dans la 51ème boucle afin de tenter le pari des intermédiaires, Sirotkin abandonne quelques mètres plus loin sur une fuite d’huile. Une nouvelle fois médiocre dans l’exercice de la vitesse pure, il échoue à une piteuse dix-neuvième position, Lance Stroll gagne une place au départ grâce à une mise en action plutôt efficace. Éliminé par Ricciardo au 5ème tour, le Canadien reste tout le premier relais à portée de tir de son voisin de garage sans pour autant jamais pouvoir oser la moindre offensive. Appelé à son box une boucle avant le Russe au 28ème passage, le champion 2016 de Formule 3 repart chaussé en gommes médiums, un choix qu’imitera l’autre pilote Williams. Bloqué une grosse dizaine de tours au dix-septième rang, le Montréalais opte, sans plus de succès, pour les intermédiaires dans la 51ème boucle avant de renoncer deux tours plus tard sur défaillance de freins. Quand rien ne va …
Carlos Sainz
L’Espagnol n’a pas choisi le meilleur moment pour retomber dans les approximations de ses débuts chez Toro Rosso. Alors que son avenir en jaune est encore loin d’être assuré, Carlos Sainz a bêtement gâché ses chances d’entrer dans les points en écopant d’une pénalité de dix secondes pour dépassement sous régime de voiture de sécurité. Devancé par son coéquipier Hulkenberg en qualification, il enregistre tout de même un honorable huitième temps, le Madrilène a également subi la domination de son voisin de garage en course, la faute notamment à une erreur aussi risible qu’évitable. Surpris par la Force India de Perez dans le 1er tour, le pilote Renault passe tout son premier relais dans le sillage de la Haas de Grosjean puis rentre effectuer son changement de pneus obligatoire à l’entame du 21ème passage. Ressorti équipé de gommes médiums, « Carlito » progresse lentement dans la hiérarchie à mesure des arrêts au stand de ses adversaires et réintègre le top dix dans la 34ème boucle après être venu à bout d’Ericsson. Pas assez rapide pour venir menacer devant lui la Force India de Perez, le champion 2014 de F3.5 tente un coup de poker lors de l’entrée en piste de la voiture de sécurité au 51ème tour. Craignant une dégradation massive des conditions, l’Ibère chausse les gommes intermédiaires, un choix qu’il va vite regretter. La pluie ne gagnant pas en intensité, le fils du double champion du monde des rallyes doit replonger dans la pit-lane six boucles plus tard non sans avoir au préalable doublé par mégarde la Sauber d’Ericsson. Placé sous enquête par la direction de course, le membre de la filière Red Bull parvient à se défaire de la Toro Rosso d’Hartley au 63ème passage pour rallier l’arrivée à une dixième place qui se transformera finalement en douzième position après l’ajout de sa pénalité. Rageant d’autant que comme l’a parfaitement démontré son coéquipier Hulkenberg brillant cinquième du Grand Prix, la RS18 avait le potentiel de ramasser de gros points en Allemagne. Brouillon.
Stoffel Vandoorne
Le chemin de croix de l’ancien roi de la GP2 s’est prolongé en Allemagne. Totalement à la rue en qualification, la faute selon lui à un châssis au comportement erratique, Stoffel Vandoorne n’a pas davantage brillé en course, passant la grande majorité de son après-midi dans les profondeurs du classement. Largué dans l’exercice du tour chronométré, il signe le dernier chrono du jour à six dixièmes du temps réalisé par son coéquipier Alonso, le Belge gagne deux places sur la grille de départ à la faveur des pénalités infligées à Ricciardo et Gasly. Un gain dont il ne tirera aucun profit en raison d’un envol complètement manqué au cours duquel il retrouve sa place de lanterne rouge. Parvenu à prendre l’ascendant sur Gasly au 3ème tour, le pilote McLaren se maintient entre les deux Toro Rosso un long moment avant de devoir relaisser passer celle du Français dans la 19ème boucle. Ralenti par des pertes de puissances moteur, le champion 2015 de GP2 croit un temps devoir renoncer, mais se résout finalement à poursuivre son après-midi calvaire. Appelé à son stand à l’entame du 30ème passage afin de troquer ses gommes tendres contre des médiums, l’ancien petit protégé de Frédéric Vasseur végète en dernière position jusqu’à que l’arrivée de la pluie ne lui permette enfin de grimper dans la hiérarchie. Propulsé au seizième rang par les paris stratégiques d’Alonso, Leclerc et de Gasly, le natif de Courtrai hérite d’une autre position après l’abandon de Vettel au 51ème tour. Repassé par son stand sous régime de voiture de sécurité, le Belge ne réussira pourtant pas à profiter de ses pneus ultratendres neufs pour grignoter quelques positions dans les derniers tours de course. Fade douzième sous le drapeau à damier, Vandoorne enregistre son septième résultat blanc consécutif depuis l’Azerbaïdjan et scelle, peut-être, définitivement son sort à Woking alors que le nom de Sainz revient avec de plus en plus insistance ces derniers jours. Seul un exploit à Budapest peut encore le sauver.
Andrea Noviello
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