Trop agressif dans sa dernière tentative en Q1, Charles Leclerc s’est laissé piéger lors des qualifications du Grand Prix de Bahreïn. Parti en tête-à-queue dans l’ultime virage du tracé de Sakhir, le pilote Sauber a dû se contenter du dix-neuvième chrono à trois dixièmes de son coéquipier Ericsson.
Jusque-là son week-end bahreïni se déroulait quasiment à la perfection. D’entrée dans le rythme sur un tracé qu’il avait déjà apprivoisé avec succès la saison dernière en Formule 2 (pole position et victoire en course 2), Charles Leclerc s’était montré plus véloce que son expérimenté coéquipier Marcus Ericsson toute la journée du vendredi. Douzième chrono le matin, seizième dans l’après-midi, le Monégasque avait de surcroît pu mener à bien les différents tests aérodynamiques qu’avait exigé de lui son écurie Sauber. Globalement satisfait de l’équilibre de sa C37, le protégé de Nicolas Todt s’était, en outre, essayé à une simulation de départ après drapeau rouge histoire d’approfondir encore davantage sa connaissance des différentes procédures inhérentes au si complexe milieu de la Formule 1. Déterminé à poursuivre sur sa lancée samedi, le pilote Sauber a pourtant connu un premier accroc lors de l’ultime répétition générale en libres 3.
Devancé de deux dixièmes par son voisin de garage, il signe le dix-huitième temps deux places derrière le Nordique, le fer de lance de la Ferrari Driver Academy y a également perdu une bonne partie de ses sensations au volant. Clairement moins à l’aise en raison d’une monoplace très instable de l’arrière, le débutant n’est pas parvenu à inverser la tendance l’après-midi dans l’exercice des qualifications, se contentant d’un très modeste dix-neuvième et avant-dernier chrono du jour à 3,4 secondes de la pole position réalisée par Sebastian Vettel. « On a vécu un bon vendredi, mais aujourd’hui ce fut nettement plus délicat, constate avec lucidité celui qui arbore le numéro 16 sur sa Sauber. L’équilibre de la voiture ne correspondait pas à ce que j’en attendais. J’ai encore beaucoup de travail devant moi afin de m’adapter à ce type de voiture. Je dois notamment apprendre à piloter avec plus de sous-virage, car j’en souffre pour l’instant. »
Un excès d’agressivité
Particulièrement confiant avant d’entamer sa deuxième séance qualificative au plus haut niveau, Leclerc confirme rapidement la bonne impression de la veille en réalisant une première tentative de très belle facture. Entré en piste juste derrière son coéquipier Ericsson, le natif de Monaco coiffe le meilleur temps provisoire en 1’31’’775, battant le Suédois de deux dixièmes (1’31’’976). Conforté par cette bonne entrée en matière, le champion du monde 2017 de F2 ressort quelques minutes plus tard chaussé d’un train de pneus supertendres neufs avec la certitude de pouvoir conserver l’avantage sur son voisin de garage. Hélas pour lui sa conviction ne se vérifiera pas. Si l’ex-pilote Caterham parvient à gagner près d’une seconde sur sa précédente marque (1’31’’063), le petit prodigue de Sauber va lui plafonner à un gain de trois dixièmes, décrochant le dix-huitième temps avec un chrono de 1’31’’420. Gêné par le trafic lors de son deuxième run, le rookie sait néanmoins pouvoir compter sur une ultime tentative pour inverser la tendance.
Rejeté au dix-neuvième rang par l’amélioration de Sergey Sirotkin, Leclerc regagne le tarmac surchauffé de Sakhir à 2 minutes et 30 secondes du terme de la séance. Obsédé à l’idée de reprendre l’ascendant sur Ericsson, le membre de la Ferrari Driver Academy attaque son dernier tour chronométré le couteau entre les dents. Une approche qui sera fatale à ses belles aspirations. Trop incisif dans la mise en chauffe de ses gommes Pirelli, le champion 2016 de GP3 lâche trois dixièmes sur son coéquipier dès le premier secteur. Sans doute frustré par cette mauvaise entame de tour, le poulain de Nicolas Todt accroît encore davantage son agressivité là où il aurait été plus judicieux de se refréner et de boucler sagement son ultime tentative. Le deuxième partiel valide aussitôt la mauvaise direction prise par l’enfant du rocher, Leclerc ne réussissant pas à améliorer sa précédente marque.
« Revenir plus fort demain en course »
Malmenés par ce traitement de choc, les pneus arrière de la C37 surchauffent sévèrement au point de mettre définitivement fin aux espoirs d’amélioration du représentant de la Principauté. En délicatesse à l’approche du dernier virage, le pilote Sauber perd l’arrière de son auto et s’en va mourir dans les dégagements bitumés au terme d’une jolie figure de style. « Je n’aurais pas dû commettre cette erreur, fulmine à sa descente de voiture le prodigue monégasque. La voiture est vraiment difficile à piloter et nous ne sommes malheureusement pas parvenus à progresser autant que nous avions su le faire à Melbourne. Notre temps au tour n’était de toute façon pas assez bon pour espérer passer en Q2. » Ericsson n’étant, lui non plus, pas parvenu à progresser lors de son dernier run (1’31’’172) après une sortie très large dans ce même dernier virage, le champion du monde en titre de F2 échoue finalement à trois dixièmes de son voisin de garage.
Une performance certes décevante pour celui qui avait fait de l’exercice du tour chronométré l’une de ses plus grandes spécialités l’an dernier (8 pole positions) dans l’antichambre de la Formule 1, mais qui ne condamne pas pour autant les chances du débutant en course. « Forcément ce résultat final est frustrant, mais clairement je vais apprendre de cette faute, positive le protégé de Nicolas Todt. Je ferais de mon mieux pour revenir plus fort demain en course. Notre rythme lors des essais du vendredi était prometteur donc il sera important de bien négocier le départ et de regagner rapidement des positions. » À Melbourne, une mauvaise manipulation au moment de l’extinction des feux avait repoussé l’enfant prodigue de la Principauté en queue de peloton à l’amorce du premier virage et compliqué son début de Grand Prix. Charge à Charles Leclerc d’en retenir les leçons pour ne pas connaître le même sort dans la nuit étoilée de Bahreïn.
Andrea Noviello
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