Jamais en mesure de contester la suprématie des Ferrari sur le sec en essais libres, Lewis Hamilton a, une nouvelle fois, brillamment su tirer avantage de l’arrivée de la pluie pour reprendre l’ascendant lors des qualifications du Grand Prix de Belgique. Plus habile que ses rivaux lors de l’assèchement de la piste en fin de séance, l’Anglais rafle avec maestria la 78ème pole position de sa carrière, devançant avec une confortable marge de sept dixièmes son dauphin au championnat Sebastian Vettel et la Force India d’un Esteban Ocon tout bonnement impressionnant sous le crachin de Francorchamps.
Trois semaines se sont écoulées depuis la dernière représentation grandeur nature de la Formule 1 à Budapest et rien n’a véritablement changé entre les deux grandes puissances de la catégorie reine. En vitesse pure, les Ferrari semblent définitivement avoir pris l’ascendant sur des Mercedes pourtant intouchables depuis l’avènement de la motorisation hybride. La domination des « rouges » lors de chacune des trois séances libres du week-end (meilleur temps de Vettel en EL1 et EL3 tandis que Räikkönen s’est adjugé les EL2) en est, d’ailleurs, la plus belle illustration. Oui, les hommes de Maranello ont clairement franchi un palier supplémentaire au niveau de la puissance moteur avec l’introduction d’une nouvelle spécification, mais non ils ne sont pas pour autant devenus insubmersibles. Bien au contraire. Sur le tourniquet du Hungaroring, une violente et soudaine dégradation des conditions météos avait suffi à faire vaciller une écurie et des pilotes visiblement un peu trop sûrs de leurs forces.
Cette fois, un simple crachin typique des Ardennes belges aura mis à mal les ambitions du team le plus titré de l’histoire. Alors que le duo de la Scuderia avait verrouillé la première ligne en Q2, il a de nouveau trébuché en Q3, la faute à une petite averse dans l’ultime partie de la séance et à la maestria d’un Lewis Hamilton toujours aussi redoutable dans des conditions d’adhérence précaires. Impuissant jusque-là face aux deux SF-71H, l’Anglais a attendu les toutes dernières secondes des qualifications pour sortir le tour qui allait lui offrir la 78ème pole position de sa carrière, la cinquième sur le majestueux tracé de Spa. « Ce fut l’une des séances les plus difficiles dont je me souvienne, témoigne à sa descente de voiture le quadruple champion du monde. Aucun de nous avions piloté sous la pluie ce week-end et je ne peux même pas vous expliquer à quel point c’était difficile. Je suis sorti deux fois, mais heureusement je suis parvenu à réaliser un bon tour sur la fin. Les Ferrari seront favorites demain ce qui ne signifie pas qu’elles gagneront pour autant. »
Ocon choisit bien son moment
Souverain dans l’exercice de la vitesse pure pour la sixième fois de la saison en 1’58’’179, Hamilton tient une occasion en or d’assommer un peu plus la concurrence au championnat, lui qui reste sur deux victoires consécutives en Allemagne et en Hongrie. Encore fébrile sous la pluie alors qu’il avait régulièrement brillé dans ces conditions chez Red Bull, il avoua lui-même ne pas avoir été assez calme au volant, Sebastian Vettel (2ème) échappe certes au scénario catastrophe vécu par son coéquipier Kimi Räikkönen (6ème), le Finlandais étant privé d’une ultime tentative en Q3 en raison d’un mauvais calcul de consommation en essence de la part des stratèges de Ferrari, mais manque toutefois une belle opportunité d’affirmer la supériorité des Ferrari sur le sol belge. Pas encore assuré de piloter une F1 l’an prochain, le rachat de l’écurie Force India par Lawrence Stroll garantissant l’un des deux baquets à son fils Lance en 2019, Esteban Ocon (3ème) a magnifiquement fait abstraction de son avenir incertain pour venir cueillir une incroyable deuxième ligne juste devant la monoplace sœur de Sergio Perez (4ème).
« Les gars ont réalisé un travail fantastique, s’enthousiasme le Tricolore. Ils ont changé les pneus très vite et j’ai ensuite pu avoir un tour relativement clair. Terminer troisième à Spa, dans ces conditions, c’est juste incroyable ! Le team a traversé des moments difficiles ces dernières semaines. Ce résultat illustre notre nouveau départ dans un contexte plus sain. » Presque aussi brillant que son compatriote, Romain Grosjean (5ème) hisse sa Haas sur la troisième ligne de la grille, une performance d’autant plus délectable que le Français se permet de damer le pion à une Ferrari (celle de Räikkönen) et aux deux Red Bull de Max Verstappen (7ème) et de Daniel Ricciardo (8ème). Privés, tout comme le champion du monde 2007, d’un dernier run en raison d’une mauvaise gestion de la consommation d’essence, les hommes de Christian Horner ne devraient pas rencontrer de gros problèmes pour se détacher des machines américaines demain en course, à condition toutefois d’éviter les embûches d’un premier virage toujours épicé en milieu de peloton.
Renault à la ramasse
Piégé par une dégradation excessive de ses gommes intermédiaires en fin de séance qui l’empêchera de venir se mêler à la lutte avec son voisin de garage, Kevin Magnussen (9ème) parvient néanmoins à rallier la Q3 pour la neuvième fois de l’année, preuve que la VF-18 est belle et bien aujourd’hui la quatrième meilleure F1 du plateau. Condamné à s’élancer depuis le fond de la grille à la suite du remplacement de son groupe propulseur, Valtteri Bottas (10ème) n’a même pas pris la peine d’effectuer le moindre chrono dans l’ultime partie de la séance, le Finlandais se contentant d’assurer son passage dans les deux précédentes parties des qualifications. « Initialement, on ne devait sortir qu’en Q1, révèle le natif de Nastola. On a ensuite changé nos plans dans l’idée de donner un peu d’aspiration à Lewis. On y a finalement renoncé avec l’arrivée de la pluie. » Éliminé aux portes de la Q3 par le pilote Mercedes, Pierre Gasly (11ème) réalise, à l’instar de son coéquipier Brendon Hartley (12ème) qualifié juste derrière lui (12ème), une superbe prestation sur le toboggan des Ardennes.
Bien que desservi par le manque de cavalerie de son anémique moteur Honda, le Normand parvient à battre à la régulière, la pluie n’ayant à ce moment-là pas encore fait son apparition, les Sauber de Charles Leclerc (13ème) et de Marcus Ericsson (14ème) ou encore les Renault de Nico Hulkenberg (15ème) et de Carlos Sainz (16ème). Présent pour la toute dernière fois à Spa au volant d’une Formule 1, l’Espagnol ayant annoncé pendant la trêve son futur départ de la discipline après 17 saisons au plus haut niveau du sport automobile, Fernando Alonso (17ème) se console d’une énième qualification médiocre en battant, une nouvelle fois, son pendant chez McLaren Stoffel Vandoorne (20ème). Incapable de se sublimer devant les siens malgré le soutien de bon nombre de ses compatriotes, le Belge décroche le dernier chrono du jour à près de quatre dixièmes du double champion du monde. Guères plus à la fête sur un tracé pourtant censé (légèrement) mieux leur convenir, les Williams se classent à de piteuses antépénultième et pénultième places sur la grille, Sergey Sirotkin (18ème) se payant le scalp d’un Lance Stroll (19ème) visiblement déjà tourné vers son avenir en rose.
Andrea Noviello
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