Course : Hamilton c’est renversant

Lewis Hamilton course Allemagne 2018
Hamilton coiffe au terme d'un improbable retournement de situation sa 4ème victoire de la saison.
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Battu sur ses terres par son rival Vettel il y a deux semaines à Silverstone, Lewis Hamilton a pris une cinglante revanche sur le pilote Ferrari en triomphant d’un Grand Prix d’Allemagne renversant. Quatorzième sur la grille après ses déboires en qualification, l’Anglais a remonté un à un ses adversaires avant de profiter de la bévue du natif d’Heppenheim pour empocher la 66ème victoire de sa carrière devant l’autre Mercedes de Valtteri Bottas et la Ferrari rescapée de Kimi Räikkönen.

Quinze jours après s’être déjà agenouillé devant sa flèche d’argent à l’issue des qualifications du Grand Prix de Grande-Bretagne, Lewis Hamilton a remis ça en Allemagne. Mais contrairement à Silverstone, il n’était cette fois pas question de rendre un quelconque hommage à la dernière création des ateliers de Brackley. Épuisé physiquement par une vaine tentative de poussette jusqu’à son stand, le quadruple champion du monde s’écroulait également nerveusement, terrassé par la nouvelle désillusion qu’il venait de subir. Trahi par une fuite hydraulique à la suite d’un passage plus qu’appuyé sur un vibreur en sortie de la Nordkurve, l’Anglais avait dû, la mort dans l’âme, mettre pied à terre dès la fin de la Q1, condamnant ainsi ses chances de lutter pour une éventuelle 77ème pole position en carrière. Relégué à une bien modeste quatorzième place sur la grille de départ, le fer de lance de l’écurie Mercedes ne se donnait d’ailleurs guère de chances d’effectuer une remontée similaire à celle qu’il avait connu sur ses terres à Silverstone, persuadé que l’insipide tracé d’Hockenheim ne lui offrirait que peu d’opportunité de dépassement.

Il n’aura pourtant fallu que quatorze tours au natif de Stevenage pour grimper de la quatorzième à la cinquième place. Aidé il est vrai par l’indiscutable supériorité de sa W09 et le soutien précieux du DRS, le Britannique a avalé un à un ses adversaires avant qu’un joli coup de pouce du destin ne vienne totalement bouleverser sa fin de course. Vettel piégé par la pluie dans le Stadium alors qu’il comptait plus de neuf secondes d’avance sur son dauphin et Bottas victime de la confusion la plus totale de ses mécaniciens lors de son second passage par les stands, Hamilton s’emparait des commandes de la course à treize boucles de l’arrivée pour ne plus les lâcher en dépit de la menace brève, mais réelle de son voisin de garage. « J’y croyais, confie le nouveau leader du championnat. S’élancer de cette position n’était évidemment pas une sinécure, mais il faut toujours y croire. Je ne pensais pas pouvoir réaliser une telle performance aujourd’hui, mais j’ai poussé, j’y ai cru et cela a marché. Quand il s’est mis à pleuvoir je savais qu’une opportunité allait se présenter. J’ai vraiment vécu un rêve. »

La remontée express d’Hamilton

Installé en position de pointe sur la grille pour la cinquante-cinquième fois de sa carrière, Vettel s’élance idéalement à l’extinction des feux et conserve logiquement l’avantage de sa pole au premier virage. Si le top 4 ne subit pas la moindre évolution par rapport au résultat de la veille en qualification, Bottas, Räikkönen et Verstappen suivant toujours le poleman Vettel dans cet ordre, il n’en va, en revanche, pas dans même au cœur du peloton. Respectivement dépassé par Nico Hulkenberg et Sergio Perez, Romain Grosjean et Charles Leclerc ont tous les deux reculé d’une position dans la hiérarchie tandis que Lewis Hamilton est encore plus mal loti. Surpris dans l’agitation du départ par la Force India d’Esteban Ocon et la Williams de Sergey Sirotkin, le pilote Mercedes récupère néanmoins une position dès le 1er tour à l’entrée du Stadium en se défaisant du Russe par l’extérieur. La folle remontée du quadruple champion du monde peut alors commencer. Elle sera expéditive.

Facilement venu à bout du Français à l’entame de la boucle suivante, le Britannique élimine dans la foulée Alonso (3ème tour), Leclerc (4ème tour), Sainz (6ème tour), Grosjean (8ème tour), Perez (10ème tour) et Hulkenberg (14ème tour) pour s’installer en cinquième position. Hamilton bénéficiant désormais du champ libre, Ferrari choisit alors d’anticiper l’arrêt de Räikkönen au 15ème passage afin de se prémunir d’un éventuel retour du pilote Mercedes. Rentré à son stand troqué ses ultratendres contre des tendres, le Finlandais reprend la piste sous le nez de la W09 du quadruple champion du monde, entérinant le choix opéré par les stratèges de la Scuderia. Recalé, tout comme Hamilton, en fond de grille à la suite du changement de plusieurs organes de son groupe propulseur, Daniel Ricciardo éprouve, contrairement à l’Anglais, toutes les peines du monde à revenir aux avant-postes. Parvenu plus ou moins difficilement à se défaire de Vandoorne, Hartley, Stroll, Sirotkin, Ericsson et Ocon en l’espace de onze boucles, l’Australien va buter sept tours durant derrière la McLaren de Fernando Alonso avant de finalement trouver l’ouverture sur le coriace espagnol au 18ème passage.

Ricciardo poursuivi par la guigne

Revenu aux portes des points, « Smiling » croque deux boucles plus tard la Sauber de Charles Leclerc au virage 8 et intègre, à la faveur du pit-stop des deux Haas de Kevin Magnussen et de Romain Grosjean, le top dix du Grand Prix. Sa joie sera toutefois de courte durée. Alors qu’entre-temps le leader Vettel (26ème tour) et son dauphin Bottas (29ème tour) ont effectué leur changement de gommes obligatoire, Ricciardo voit sa mécanique le trahir pour la troisième fois de l’année au 29ème passage, mettant ainsi fin à ses espoirs de grapiller quelques points en terre allemande. « J’ai entendu un bruit bizarre pendant que je rétrogradais au virage 6, explique le pilote Red Bull. Quand j’ai ensuite accéléré en sortie de virage, j’ai perdu la puissance et le son du moteur était vraiment inquiétant. L’écurie m’a alors demandé de stopper immédiatement la voiture. Rencontrer un problème technique après avoir pris toutes ces pénalités est terriblement frustrant d’autant que notre stratégie aurait très probablement fonctionné sur la fin. »

Amputée de l’un de ses principaux animateurs, la course ne perd pas pour autant en intérêt, la valse des arrêts au stand ayant quelque peu redistribué les cartes à l’avant du peloton. Intouchable leader jusqu’à son passage par les boxes, Vettel a rétrogradé en deuxième position derrière la Ferrari sœur de Räikkönen. Bien que s’appuyant sur des gommes accusant onze tours de moins que celles de son coéquipier, l’Allemand ne parvient pas à se défaire du champion du monde 2007 et commence sérieusement à s’impatienter. Agacé par le manque de réaction du pit-wall de la Scuderia, le natif d’Heppenheim laisse, à plusieurs reprises, éclater sa frustration à la radio, réclamant à son écurie d’ordonner au Finlandais de s’effacer. D’abord sourde aux réclamations de son pilote phare, l’écurie la plus titrée de l’histoire finit par obtempérer, ordonnant à son dernier champion du monde d’ouvrir la porte au natif d’Heppenheim dans le 39ème tour. Elle ne le sait pas encore, mais Ferrari vient de réduire à néant ses dernière chances de triompher sur les terres de sa grande rivale Mercedes.

Vettel touché coulé

Alors que son principal adversaire au championnat Hamilton ne représente plus une menace, l’Anglais ayant finalement exécuté son changement au 43ème passage, et que rien ne semble plus pouvoir priver le local de l’étape d’une première victoire à Hockenheim, Vettel va bêtement se laisser piéger par l’intensification de la pluie dans la 51ème boucle. Surpris par le soudain manque d’adhérence offert par la piste germanique, le quadruple champion du monde tire tout droit dans la Sachkurve, terminant piteusement sa course contre les panneaux publicitaires. « Il ne s’agit pas d’une énorme erreur, tente de se défendre le fer de lance de la Scuderia. Mais cela a eu un gros impact sur la course, car nous avons dû abandonner. Jusque-là tout se passait bien pour nous. Nous n’avions vraiment pas besoin de la pluie ! Je tiens à m’excuser auprès de l’équipe, car c’est entièrement de ma faute. » La Ferrari du natif d’Heppenheim tanquée dans une position potentiellement dangereuse, la direction de course choisit de neutraliser le Grand Prix derrière la voiture de sécurité. Sautant sur l’occasion, Mercedes rappelle ses deux pilotes au stand au 53ème passage avant de se raviser pour Hamilton, le pit-stop de l’éphémère nouveau leader Bottas se révélant des plus chaotiques faute de pneumatiques prêts à être montés sur la flèche d’argent flanquée du numéro 77.

Obligé de court-circuiter l’entrée des stands pour revenir en piste, l’Anglais hérite de la tête de la course une boucle plus tard au moment où Ferrari décide de rapatrier à son box la SF-71H rescapée de Räikkönen. Doublé par Bottas au moment où son coéquipier achevait son après-midi dans les graviers, « Ice-Man », perd une autre place dans l’opération, tombant à une troisième position qu’il ne quittera plus jusqu’à l’arrivée. Bien décidé à profiter de ses gommes neuves, Bottas attaque la Mercedes sœur d’Hamilton dès la relance au 58ème tour, mais s’oppose à la résistance du natif de Stevenage. Désireuse de ne pas jeter aux orties une opportunité inespérée de réaliser le doublée à domicile, l’état-major de la firme à l’étoile intime aussitôt au Finlandais l’ordre de ne plus attaquer son chef de file, ouvrant ainsi une voie royale au quatrième succès d’Hamilton en 2018. Le haut de la hiérarchie définitivement figé sous l’autel de la lutte pour le championnat, seule la bataille pour les accessits offre encore un minimum de suspense. Totalement débridée au cœur du peloton, la fin de course voit Grosjean passer de la dixième à la sixième place quand Hartley, neuvième au moment du restart, dégringole au onzième rang derrière la Sauber d’Ericsson et la Renault de Sainz.

Andrea Noviello

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Épatant 5ème à Hockenheim, Hulkenberg co-égale le meilleur résultat de Renault depuis son retour.
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