Protégé dès le départ par son coéquipier Bottas, Lewis Hamilton a sereinement remporté le Grand Prix de Hongrie, douzième manche de la saison 2018 de Formule 1. Sans opposition sur le tourniquet du Hungaroring, le pilote Mercedes coiffe la 67ème victoire de sa carrière devant les deux Ferrari de Sebastian Vettel et de Kimi Räikkönen. Au championnat, l’Anglais compte désormais 24 points d’avance sur le leader de la Scuderia.
À Hockenheim, Lewis Hamilton avait dû se cracher dans les mains pour empocher le 66ème succès de sa carrière en Formule 1. Relégué sur la quatorzième place de la grille après une rupture hydraulique en qualification, le pilote Mercedes s’était alors lancé dans une improbable remontée qui allait lui permettre de coiffer, avec la complicité indirecte de la pluie et l’erreur involontaire du fer de lance de la Scuderia, une victoire inespérée sur les terres de son principal rival au championnat, Sebastian Vettel. Sorti vainqueur d’un combat à priori perdu d’avance, le natif de Stevenage avait par la même occasion récupéré les commandes du championnat, infligeant un nouveau coup de massue à un pilote Ferrari déjà meurtri par sa bourde de la Sachkurve. En difficulté à l’issue de trois séances libres au cours desquelles il aura multiplié les fautes de pilotage, Hamilton avait de nouveau renversé la situation à son avantage samedi en qualification, déjouant tous les pronostics pour empocher sous le déluge de Budapest la 77ème pole position de sa carrière.
Promis à l’enfer dimanche sous la chaleur suffocante du Hungaroring, le dernier représentant de sa Majesté n’aura pourtant pas eu à forcer son talent pour triompher d’une concurrence nettement moins dangereuse qu’annoncé sur les rives du Danube. Secondé à merveille par un Valtteri Bottas magnifique d’interprétation dans son rôle de bouchon, Hamilton remporte au terme d’une longue chevauchée solitaire la 67ème victoire de sa carrière, la sixième sur le sol hongrois après ses précédents succès en 2007, 2009, 2012, 2013 et 2016. « Quelle superbe journée, se délecte le leader du championnat. On savait que les Ferrari seraient très rapides ici donc repartir avec ces 25 points c’est un sacré bonus. J’ai connu des difficultés en début de course, mais j’ai utilisé beaucoup de boutons différents et j’ai fini par trouver un équilibre acceptable. Je suis très heureux de la force que nous avons montré dans les derniers Grand Prix. Nous devrons revenir aussi forts pour la deuxième partie de saison. »
Verstappen abandonné par sa mécanique
Impeccable au moment de s’extraire de sa position de pointe à l’extinction des feux, le poleman Hamilton vire logiquement en tête dans le premier virage suivi de près par la Mercedes sœur de Bottas et par les deux Ferrari de Kimi Räikkönen et de Sebastian Vettel. Décidé à se défaire au plus vite de son coéquipier, l’Allemand enroule la monoplace du champion du monde 2007 dans le virage 2 et s’empare immédiatement du troisième rang. Héros des qualifications, Carlos Sainz a, lui, quasiment déjà perdu tout le bénéficie de sa belle performance dans l’exercice du tour chronométré. Auteur d’une bonne impulsion, l’Espagnol s’est ensuite laissé enfermer dans l’enchaînement des virages 1 et 2, chutant en huitième position derrière la Red Bull de Max Verstappen, la Toro Rosso de Pierre Gasly et la Haas de Kevin Magnussen. Pris en sandwich entre les deux Force India d’Esteban Ocon et de Sergio Perez, Charles Leclerc est encore plus mal loti, le Monégasque devant renoncer dès l’entame du deuxième tour sur rupture de suspension.
Tombé en seizième position après un départ mouvementé, Marcus Ericsson percutant violemment sa roue avant-gauche au virage 1, Daniel Ricciardo entame son opération rachat par deux dépassements sur Perez et Ocon. Résolu à ne pas traîner en route, l’Australien s’offre dans la foulée le scalp de Stoffel Vandoorne au 6ème tour, grimpant ainsi en treizième position au moment même où son coéquipier Verstappen doit ranger sa RB14 dans l’herbe à la suite d’une perte de puissance du moteur Renault. « C’est difficile à accepter, fulmine le pilote Red Bull. On paye des millions pour ce qui devrait être un moteur décent, mais il vous laisse souvent tomber sans compter que nous sommes les plus lents ici. J’avais 25 secondes d’avance sur Daniel grâce à ma position sur la grille et j’aurais donc pu terminer ce Grand Prix très facilement à la cinquième place. Ce sont encore des points importants qui s’envolent. » Amputée de son prodigue néerlandais, l’écurie quadruple championne du monde peut néanmoins compter sur « Smiling » pour assurer le spectacle en piste.
Ricciardo seule éclaircie dans la grisaille
Si en tête rien ne bouge à l’exception d’un dépassement opportuniste de Romain Grosjean sur Fernando Alonso lors de la relance pour le gain de la dixième place, Ricciardo poursuit, de son côté, sa folle remontée en prenant le meilleur sur ce même Alonso dans la 9ème boucle. Venu également à bout de la résistance de Grosjean deux tours plus tard, le natif de Perth se défait ensuite d’Hulkenberg (13ème passage) et de Hartley (14ème passage) pour intégrer le top huit d’une course toujours placée sous la domination d’un Hamilton en mode gestion. Chargé par Ferrari de mener la vie dure aux Mercedes en début d’épreuve à l’aide de ses gommes ultratendres, Räikkönen a dû s’incliner dès le départ face à son coéquipier Vettel et faute d’avoir pu mener à bien sa mission, le Finlandais rentre à son box dès le 15ème tour effectuer son changement de pneus obligatoire. L’objectif de cet arrêt anticipé est double : permettre au natif d’Espoo de sortir des turbulences générées par la Ferrari de Vettel et aider l’Allemand à prendre l’ascendant sur Bottas en poussant Mercedes à rapatrier son pilote numéro deux dans la pit-lane.
Le plan de la Scuderia semble, d’ailleurs, fonctionner puisqu’un tour seulement après Räikkönen, Bottas stoppe également chausser les gommes tendres sur sa flèche d’argent. Malheureusement pour l’écurie la plus titrée de l’histoire, là où le pit-stop d’« Ice-Man » avait connu un léger contre-temps en raison d’une roue arrière-gauche récalcitrante, celui du pilote Mercedes se déroule à la perfection, maintenant ainsi les positions à l’avantage de l’ancien protégé de Toto Wolff. Désormais débarrassé du bouchon Bottas, Vettel adopte aussitôt un rythme sensiblement plus élevé, roulant près d’1,5 seconde plus vite au tour qu’avant l’arrêt au stand du Nordique. Après avoir culminé autour des 9 secondes, l’écart entre le leader Hamilton et son dauphin Vettel tombe à 6,6 secondes ce qui oblige la firme à l’étoile à rappeler le Britannique à son box au 26ème passage. Élevé en tête du Grand Prix pour le pit-stop du natif de Stevenage, le pilote Ferrari peut dès lors pleinement mettre à exécution le plan « c » prévu par la Scuderia.
Bottas pris à son propre piège
Tandis que plus loin l’intenable Ricciardo se défait sans coup férir de la Toro Rosso de Gasly sur un freinage d’école au premier virage pour le gain de la cinquième position, Vettel tente par tous les moyens de se construire une avance suffisante pour ressortir devant la Mercedes de Bottas une fois son arrêt exécuté. Mais c’était sans compter sur un trafic particulièrement tenace qui aura raison de belles ambitions du natif d’Heppenheim. Rentré dans la 40ème boucle avec seulement 21 secondes de marge sur le Finlandais, Vettel perd logiquement son duel à distance avec Bottas, retombant au troisième rang derrière le duo de Mercedes. Soucieux de profiter rapidement de l’avantage pneumatique qui est désormais le sien, il a chaussé les ultratendres quand son adversaire roule en tendres, l’Allemand se précipite et vire au large dans le virage 1, gâchant l’une de ses meilleures occasions de dépassement. Il ne le sait pas encore, mais il lui faudra patienter 25 tours de plus avant de finalement trouver l’ouverture sur la flèche d’argent.
Car sur un circuit où doubler relève déjà de l’exploit, se rapprocher de son adversaire se révèle quasiment impossible quand bien même on dispose de l’avantage (supposé) du DRS. Longtemps coincé derrière la W09 de Bottas, Vettel va ainsi voir son coéquipier Räikkönen repasser une seconde fois au stand dans la 39ème boucle et fondre sur lui avant de finalement parvenir à se jouer de l’autre Finlandais du plateau au 65ème tour. Passé par les deux pilotes Ferrari, non sans avoir au passage endommagé son aileron-avant en touchant l’arrière de la monoplace de Vettel, le natif de Nastola devra également s’incliner dans l’ultime passage face à un intenable Ricciardo qu’il avait pourtant emplafonné une boucle plus tôt en tentant vainement de résister aux assauts de l’Australien. Pénalisé pour son geste, Bottas conservera toutefois sa cinquième position à l’arrivée, un bien maigre lot de consolation pour celui qui se sera sacrifié tout l’après-midi pour favoriser l’échappée du désormais leader proclamé de la firme à l’étoile, Lewis Hamilton.
Andrea Noviello
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