Qualification : Hamilton refroidit la concurrence

Reboosté par son succès heureux de Bakou, Lewis Hamilton a confirmé son retour au top en enlevant le meilleur temps des qualifications du Grand Prix d’Espagne. Favorisé par des températures fraîches plus favorables à sa Mercedes, le Britannique signe la 74^ème pole position de sa carrière devant son coéquipier Valtteri Bottas et la première Ferrari de son rival Sebastian Vettel.

À peine avait-il rangé sa Mercedes devant le panneau flanqué du numéro 1 que Lewis Hamilton s’était empressé d’aller adresser un mot réconfortant à son coéquipier Valtteri Bottas, victime malheureuse d’une fin de course totalement débridée il y a de cela deux semaines en Azerbaïdjan. En enfreignant volontairement les règles d’un protocole qui exigeait de lui sa présence sur le podium afin de célébrer son tout premier succès estampillé 2018, le Britannique s’était non seulement conduit en coéquipier modèle, mais avait surtout tenu à rappeler au plus grand nombre que sans la crevaison du Finlandais à trois tours du drapeau à damier, le quadruple champion du monde n’aurait toujours pas débloquer son compteur de victoire cette saison. Quinze jours après cet abracadabrantesque final de Bakou, le natif de Stevenage a démontré qu’aussi chanceux soit-il, ce succès azéri n’était pas pour autant complètement dénué d’effets en ce qui le concerne.

Car non l’Anglais ne souffre pas d’un déficit de motivation comme certains ont voulu le laisser entendre en début de championnat et non le champion du monde en titre n’a pas l’intention de laisser filer aussi facilement sa couronne à Sebastian Vettel. Son week-end catalan, quasiment parfait jusque-là, en est d’ailleurs la plus belle illustration. Excepté les libres 1 où il s’est contenté du deuxième chrono à distance respectable de son voisin de garage (8 dixièmes), Hamilton a constamment trusté le sommet de la feuille de temps, rééditant sa performance en qualification au terme de deux tentatives à couper le souffle en Q3. « Je suis vraiment heureux, car cela commençait à faire un moment que je n’avais pas réalisé la pole, se félicite le fer de lance de la firme à l’étoile. Jusqu’à la fin, ce fut très serré avec Valtteri. Ce circuit constitue une véritable référence et je suis pleinement satisfait d’avoir battu le record de la piste. En course il faudra comme toujours surveiller de près les Ferrari et les Red Bull. »

Ferrari et Red Bull en arbitre

Nouveau détenteur du record du tracé de Catalunya en 1’16’’173, Hamilton a non seulement frappé un grand coup lors de ces qualifications espagnoles, mais le Britannique a également envoyé un très sérieux signal d’avertissement à une concurrence longtemps présentée comme favorite sur les hauteurs de Montmelo. Dominatrices en Q1 et en Q2, les Ferrari semblaient parties pour enlever une quatrième pole position consécutive après celles de Sakhir, Shanghai et Bakou, mais c’était sans compter sur le sursaut brutal et (quelque peu) inattendu des flèches d’argent. Car outre la démonstration d’Hamilton, Valtteri Bottas (2^ème) s’est également invité à la fête en qualifiant sa W09 en première ligne au nez et à la barbe des deux monoplaces rouges de Sebastian Vettel (3^ème) et de Kimi Räikkönen (4^ème). Si l’Allemand n’avait pas grand-chose à se reprocher à sa descente de voiture, le Finlandais pouvait lui ruminer davantage sa déception après avoir commis une nouvelle erreur dans l’exercice du tour chronométré.

Cette fois, et contrairement à Bakou il y a deux semaines, la pole ne paraissait pas à la portée du champion du monde 2007 et sa petite faute en début de Q3 a (largement) été compensée par une deuxième tentative nettement plus assurée d’autant qu’elle fut réalisée en pneus tendres. Attendu au tournant après son implication dans le très controversé accrochage de Bakou, Max Verstappen (5^ème) a de son côté répondu aux attentes de ses employeurs en devançant d’extrême justesse (deux minuscules millièmes de seconde) son coéquipier et désormais ennemi chez Red Bull Daniel Ricciardo (6^ème). Stigmatisé pour son comportement inadmissible dans la capitale azérie, Kevin Magnussen (7^ème) a rappelé à Barcelone qu’il pouvait toujours se montrer aussi inconséquent volant en main, comme en témoigne son coup de roue grossier sur le débutant Charles Leclerc en libres 1, que brillant à de (très) rares occasions. Meilleur des autres à Barcelone, le Danois précède sur la grille la McLaren du héros local Fernando Alonso (8^ème).

Alonso retrouve des couleurs

Porté par le soutien de ses fans et par un nouvel aileron-avant aussi agressif qu’efficace, le « Taureau des Asturies » offre au team de Woking sa première Q3 de l’année à l’occasion de son rendez-vous à domicile. « Après trois 13^ème place sur la grille, cela fait du bien de réaliser un pas en avant, savoure le double champion du monde espagnol. On en avait besoin. Toutes les améliorations que nous avons apporté sur la voiture fonctionnent. Maintenant, le défi va être de réduire l’écart sur les tops teams. » Seul représentant de Renault dans l’ultime partie des qualifications, l’autre pilote de la marque au losange Nico Hulkenberg (16^ème) ayant été victime d’un problème de pression d’essence, Carlos Sainz (9^ème) précède la Haas d’un Romain Grosjean (10^ème) quelque peu déçu de devoir fermer le top dix et la seconde McLaren d’un Stoffel Vandoorne (11^ème) en léger progrès sur les terres de son glorieux coéquipier.

En grande souffrance ces dernières semaines dans l’exercice de la vitesse pure, Pierre Gasly (12^ème) se rassure à Barcelone en s’invitant devant les Force India d’Esteban Ocon (13^ème) et de Sergio Perez (15^ème). Héro du dernier Grand Prix d’Azerbaïdjan, Charles Leclerc (14^ème) confirme, quant à lui, sa forme du moment en décrochant sa deuxième Q2 consécutive et en infligeant une nouvelle déculottée (près de six dixièmes d’écart) à son voisin de garage Marcus Ericsson (17^ème). Pénalisé de trois places sur la grille de départ pour son implication de l’accrochage du départ de Bakou, Sergey Sirotkin (18^ème) gagne son face-à-face interne chez Williams avec un Lance Stroll (19^ème) coupable d’une nouvelle bévue grossière en qualification. Sorti violemment de la piste en libres 3, Brendon Hartley (20^ème) a dû se contenter de jouer les spectateurs de luxe à Barcelone, ses mécaniciens n’ayant pas eu le temps de réparer à temps les (trop) nombreux dégâts infligés à sa monoplace lors de son impressionnant crash de la matinée.

Andrea Noviello