Charles Leclerc
Logiquement en-dedans lors de ses trois premières sorties de la saison, Charles Leclerc a magnifiquement corrigé le tir en livrant une prestation de toute beauté dans les rues de Bakou. Un an après avoir survolé l’épreuve en Formule 2, le Monégasque a de nouveau éclaboussé la manche azérie de son talent, décrochant une exceptionnelle sixième place sous le drapeau à damier. Déjà très en verve dans l’exercice du tour chronométré, il décroche sa première Q2 de l’année avec le quatorzième temps, le pilote Sauber a poursuivi sur sa lancée le dimanche après-midi, réalisant à l’inverse de nombre de ses concurrents une course propre et sans la moindre fausse note. Treizième sur la grille à la faveur de la pénalité d’Hulkenberg, le protégé de Nicolas Todt joue habilement la carte de la prudence à l’extinction des feux, une stratégie payante puisque les incidents du 1er tour l’élèvent au onzième rang. Dixième après l’arrêt anticipé de Perez sous régime de voiture de sécurité, le membre de la Ferrari Driver Academy se débarrasse successivement de Gasly, d’Hulkenberg (parti à la faute) et de Stroll pour grimper en septième position à l’amorce de la 12ème boucle. Contraint de céder aux assauts de Räikkönen cinq tours plus tard, le petit prodigue du rocher se maintient à distance raisonnable du pilote Ferrari jusqu’à son changement de pneus dans le 25ème passage. Reparti chaussé de gommes tendres, le poulain de Frédéric Vasseur profite de ses enveloppes fraîches pour se défaire rapidement de la McLaren d’Alonso et réintégrer la zone des points. Propulsé au septième rang par le double abandon des Red Bull et la bourde de Grosjean sous safety-car, le représentant de la Principauté va ensuite bénéficier de la crevaison du leader Bottas à trois tours du terme pour empocher les huit points d’une sixième place inespérée. Un travail d’orfèvre !
Lewis Hamilton
Totalement à côté de ses pompes dans son jardin de Shanghai, Lewis Hamilton a retrouvé une partie de sa flamboyance en Azerbaïdjan. Si sa prestation azérie ne demeurera pas la plus belle de sa carrière, loin s’en faut, elle aura au moins eu le mérite de remettre l’Anglais en selle et de démontrer sa faculté à ne jamais capituler malgré ses difficultés chroniques à maintenir ses pneumatiques en température ou encore son freinage trop appuyé du 22ème tour. De nouveau fringuant dans son exercice favori des qualifications, il signe le deuxième temps du jour devant son coéquipier Bottas, le quadruple champion du monde réalise une mise en action correcte, même s’il ne parvient pas à inquiéter le poleman Vettel. Rapidement distancé par l’Allemand, il compte trois secondes de retard sur « Baby-Schumi » une boucle seulement après le retour au stand de la voiture de sécurité, le pilote Mercedes s’accroche dans le sillage du leader sans toutefois réussir à stopper l’hémorragie. Coupable d’une petite erreur au 16ème tour, le fer de lance de la firme à l’étoile repart à la faute quatre boucle plus tard au virage 1, détruisant au passage ses pneus avant. Contraint d’immobiliser prématurément sa W09 à son stand au 23ème passage afin de monter des gommes neuves, le fils d’Anthony tombe en troisième position derrière le tandem Bottas-Vettel. Promis à la dernière marche du podium, les deux Red Bull derrière lui s’auto-éliminant bêtement au 40ème tour, l’ancien protégé de Ron Dennis va pourtant tirer les marrons du feu dans les derniers tours grâce à une succession d’événements favorables. Vettel s’étant montré quelque peu optimiste au restart au moment d’attaquer la Mercedes sœur de Bottas, Hamilton pointe en deuxième position quand la roue arrière-gauche du Finlandais déchape après avoir roulé sur un débris. Vainqueur chanceux d’une course dont il n’aura dominé que les trois derniers tours, le Britannique met fin à six mois de disette et s’empare par la même occasion des commandes du championnat au détriment de Vettel. De bon augure avant le retour en Europe.
Sergio Perez
Entre son accrochage du 1er tour avec la Williams de Sirotkin et sa pénalité de cinq secondes pour dépassement préalable à la ligne de relance de la safety-car, Sergio Perez en a vu de toutes les couleurs à Bakou ce qui ne l’a toutefois pas empêché de gravir le huitième podium de sa carrière en Formule 1. Qualifié juste derrière son coéquipier Ocon, il échoue à 24 millièmes du Tricolore dans l’exercice du tour chronométré, le Mexicain a pris une cinglante revanche sur l’espoir de Mercedes en course, réussissant un finish de folie là où son voisin de garage a vu son Grand Prix d’Azerbaïdjan s’arrêter net au bout de seulement quelques hectomètres sur un contact avec Räikkönen. Victime de l’inexpérience de Sirotkin au virage 2, le Russe percutant l’arrière de la Force India à la suite d’un freinage trop tardif, « Checo » abime son aileron-avant en heurtant la Ferrari de Räikkönen ce qui l’oblige à un arrêt au stand prématuré dès le 3ème passage. Ressorti en quinzième position chaussé de pneus tendres, le pilote Force India opère alors une remontée méthodique, gagnant quatre places en l’espace de dix tours. Sanctionné de cinq secondes de pénalité par la direction de course au 24ème passage alors qu’il venait tout juste de se défaire de la Williams de Stroll, le natif de Guadalajara résiste près de dix tours durant à la pression de Grosjean avant que l’auto-élimination des deux Red Bull ne bouleverse totalement la physionomie de sa fin de course. Rappelé à son stand dans la 40ème boucle, le vice-champion 2010 de GP2 purge sa pénalité et monte un train de pneus supertendres neuf. Cinquième au moment de la relance, le protégé de Carlos Slim hérite d’une position après la crevaison de Bottas au 49ème tour puis se joue dans la foulée de la Ferrari de Vettel pour conquérir avec panache son premier podium depuis le Grand Prix d’Europe 2016. Merveilleux d’opportunisme à Bakou, Perez ouvre enfin son compteur de points en 2018 et relance une écurie indienne de retour sur le droit chemin. Hay caramba !
Carlos Sainz
Épatant en fin de saison dernière pour ses débuts anticipés sous ses nouvelles couleurs, Carlos Sainz avait, jusque-là, laissé une impression plus mitigée à ses nouveaux employeurs. Régulièrement mis sous l’éteignoir par un Hulkenberg impressionnant de constance et de solidité, le Madrilène a attendu la première bévue de l’Allemand en 2018 pour reprendre son ascension et se montrer sous son meilleur jour. Battu pour la quatrième fois en autant de séance par « Hulk » en qualification, le fils du double champion du monde des rallyes s’est parfaitement racheté le dimanche après-midi en décrochant le meilleur résultat d’une Renault depuis le retour en F1 de la marque au losange. Neuvième sur la grille grâce à la pénalité infligée à son voisin de garage, l’ancien protégé d’Helmut Marko évite les embûches d’un départ mouvementé et se hisse en sixième position derrière le duo Ricciardo-Verstappen. Habile lors du restart, le champion 2014 de F3.5 efface la Red Bull de l’Australien avant de s’attaquer, sans succès, à l’autre monoplace autrichienne. Bloqué par les manœuvres défensives plus que contestables du Néerlandais, le pilote Renault retente sa chance et finit par trouver l’ouverture dans le 9ème tour. Aidé par l’orageuse bataille opposant les hommes de Christian Horner, l’Ibère consolide un temps sa quatrième place avant que l’écroulement de ses gommes ne le remette à la merci des ses adversaires. Rentré à son stand au 16ème passage afin d’équiper sa monoplace de pneus tendres, l’ex-pilote Toro Rosso élimine son compatriote Alonso au 23ème tour puis stagne un long moment en neuvième position derrière la Haas de Grosjean. Le triple abandon du Français et du duo Red Bull l’ayant propulsé au sixième rang, « Carlito » s’offre un dernier duel avec la Sauber de Leclerc dont il sortira vainqueur dans l’avant-dernier tour. Superbe cinquième en Azerbaïdjan, Sainz efface son début de championnat timoré et permet à Renault de recoller à une seule unité de McLaren dans la lutte pour la quatrième place des constructeurs. Rassurant.
Andrea Noviello
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