Favori logique de la séance après ses brillantes performances des essais libres, Charles Leclerc n’a pas pu défendre ses chances lors des qualifications du Grand Prix d’Allemagne. Trahi par une défaillance du système d’alimentation en essence de sa SF90, le pilote Ferrari échoue à une piteuse dixième position et voit ses chances d’enfin remporter son premier Grand Prix sérieusement compromises.
Toutes les planètes semblaient alignées. Comme à Bahreïn en début de saison ou plus récemment en Autriche, théâtre de ses deux précédentes pole positions, Charles Leclerc paraissait intouchable à Hockenheim. Monté en puissance tout au fil du week-end (il décrocha le meilleur temps en libres 2 et en libres 3), le pilote Ferrari avait même vu la météo basculée en sa faveur au moment d’aborder cette onzième séance qualificative de la saison. Alors que la pluie avait longtemps été pressentie en ce début de samedi après-midi, c’est finalement un grand soleil qui irradia l’ancienne piste d’essai de la firme à l’étoile au plus grand bonheur des milliers de fans de la Scuderia amassés dans le célèbre Stadium. Le ciel avait donc choisi son camp d’autant plus que la chaleur, ennemie jurée de l’écurie rivale Mercedes, avait-elle aussi fait sa réapparition. Mais pour profiter pleinement de cette hausse inattendue du mercure, encore fallait-il se montrer irréprochable dans le chef de l’écurie au cheval cabré. Une fois de plus, le team le plus titré de l’histoire de la Formule 1 n’y parvint pas. Ce fut même tout l’inverse.
Cruelle ironie du destin, la foudre s’abattit d’abord sur celui que tout le peuple allemand était venu soutenir, Sebastian Vettel. Frappé par une défaillance de l’alimentation de turbo dès le début de la Q1, l’Allemand devait mettre pied à terre avant même d’avoir pu entamer le combat. Ferrari aurait alors pu pressentir l’imminence d’une réplique. Que nenni ! Tranquillisée par les bonnes performances de sa jeune recrue (Leclerc réalisa le meilleur chrono en Q1 avant d’échouer à moins de deux dixièmes d’Hamilton en Q2), la Scuderia ne s’alarma guère. Une bien mauvaise inspiration. Dix minutes plus tard, c’est cette fois la monoplace du Monégasque qui allait être victime d’une avarie technique. Source de la panne ? Une casse de la pompe à essence. « Finir la séance de cette façon, c’est vraiment triste, soupire l’enfant prodige de la Principauté dans le carré des interviews. Cela fait d’autant plus mal que l’on avait le potentiel pour faire quelque chose de très bien aujourd’hui. On pouvait viser la pole. Malheureusement, la voiture n’a plus redémarré après être passée à la pesée. »
« Une nouvelle opportunité de manquée »
Classé en dixième position malgré son absence de chrono en Q3 (son meilleur temps de la séance en 1’12’’229 lui aurait au moins permis de se qualifier à la quatrième place derrière la Mercedes de Bottas), Leclerc a, par la faute des errances (répétées) de son écurie, perdu une occasion en or d’accrocher une troisième pole position à son palmarès. Plus grave encore : cette (nouvelle) cascade de pépins mécaniques et les conséquences qui en découlent en termes de positionnement sur la grille de départ privent le Monégasque de quasiment toutes ses chances de victoire dimanche en course. Un véritable gâchis quand on sait que le leader du championnat Hamilton n’affiche pas la forme des grands jours (le Britannique souffre d’un sévère mal de gorge depuis le début du week-end et a failli être remplacé au pied levé par le pilote de réserve de Mercedes Esteban Ocon) et que les Ferrari avaient (sur le papier) réuni tous les ingrédients pour conquérir leur second doublé de l’année (après Bahreïn) dans l’exercice du tour chronométré.
« C’est une nouvelle opportunité de manquée, regrette à sa descente de voiture le champion 2017 de Formule 2. Toutefois, on fera de notre mieux pour se rattraper demain. On est déterminé à faire une belle course. Notre rythme sur les longs relais avait été très bons lors des essais. Bien sûr, ce sera compliqué face aux Mercedes qui partiront devant en ayant la voie libre. J’espère donc qu’on aura de la pluie pour rendre les choses un peu plus incertaines. » Incontestable leader jusqu’à l’arrivée soudaine d’une faible averse, son coéquipier Vettel avait, l’an dernier, payé au prix fort un infime écart de pilotage dans Sachkurve. Seulement quatorzième sur la grille de départ à la suite d’une panne hydraulique en Q1, Hamilton s’était, au contraire, parfaitement joué des conditions météorologiques changeantes pour totalement renverser une situation à priori compromise. Charge donc à Leclerc de s’en inspirer et de démontrer que la vérité d’un jour n’est pas forcément celle du lendemain.
Andrea Noviello
Poster un Commentaire