Sorti vainqueur d’un duel à couteaux tirés avec la Red Bull de Verstappen en début de course, Charles Leclerc a ensuite profité de l’accrochage entre le Néerlandais et l’autre Ferrari de Vettel pour conquérir une belle troisième place lors du Grand Prix de Grande-Bretagne. De nouveau dominateur dans le giron Ferrari, le Monégasque signe son quatrième podium consécutif depuis le Castellet et recolle à trois petites longueurs de son coéquipier au championnat.
Dès son arrivée dans le paddock de Silverstone il avait annoncé la couleur : « mon attitude va changer ». Virilement dépossédé de la tête du Grand Prix à seulement trois tours de la fin par ce diable de Max Verstappen il y a deux semaines en Autriche, Charles Leclerc avait vu la victoire lui filer une nouvelle fois entre les doigts dans le décor bucolique de Styrie en raison d’un certain manque d’agressivité en piste. Conscient de s’être probablement montré trop tendre à Spielberg face au rusé et toujours aussi borderline Néerlandais, le pilote Ferrari s’était juré de retenir la leçon apprise ce jour-là. « Si on peut conduire de cette manière-là, je le ferais aussi », assurait-il encore à ceux qui pouvait mettre en doute ce soudain changement d’approche. Il n’a pas menti. Harcelé une bonne dizaine de tours par le pilote Red Bull en début de Grand Prix, le Monégasque a magistralement repoussé les attaques répétées de « Mad Max », quitte à lui aussi jouer ouvertement avec les limites du fair-play.
Sorti gagnant de son empoignade musclée avec le pilote Red Bull, l’enfant prodige de la Principauté aurait pourtant pu tout perdre par la faute d’un autre membre de la Ferrari Driver Academy, Antonio Giovanizzi. Venu s’échouer dans les graviers de l’avant-dernier virage au 20ème passage, le pilote Sauber provoqua contre sa volonté l’entrée en piste de la voiture de sécurité et par la même occasion la chute du protégé de Nicolas Todt dans la hiérarchie, Leclerc se voyant rappeler à son stand un tour trop tard par une Scuderia Ferrari toujours aussi maladroite en termes de stratégie. Ressorti en sixième position derrière l’autre Red Bull de Pierre Gasly, le champion 2017 de Formule 2 semblait alors devoir se contenter d’une décevante cinquième à Silverstone. Mais c’était sans compter sur le précieux coup de main de son coéquipier Vettel, l’Allemand harponnant violemment Verstappen dans cette même chicane au 37ème tour, offrant sur un plateau une troisième place qui revenait de droit à son jeune voisin de garage à Maranello.
Leclerc-Verstappen acte 2
« C’est sans doute la course où j’ai pris le plus de plaisir depuis mon arrivée en Formule 1, révèle le fer de lance de la Ferrari Driver Academy. Cette course n’a pas pour autant été facile pour nous. Sur les deux premiers relais, nous n’étions pas là où nous le souhaitions. En revanche, nous étions forts sur les gommes dures, mais nous avons malheureusement perdu des positions avec la voiture de sécurité. Je sui donc très content de terminer troisième et d’autant plus satisfait de mes batailles en piste. » Placé en embuscade juste derrière les deux Mercedes de Valtteri Bottas et de Lewis Hamilton sur la grille de départ, Leclerc réalise un envol de bonne facture qui le met immédiatement à l’abri d’une éventuelle offensive de Verstappen. Promptement distancé par les flèches d’argent de tête, il compte déjà trois secondes de retard sur Bottas à l’attaque du 6ème passage, le Monégasque comprend vite que son choix de s’élancer en gommes tendres risque de rapidement se retourner contre lui.
Victime d’une dégradation précoce de son pneu avant-gauche, le champion 2016 de GP3 voit la menace Verstappen sérieusement s’intensifier à partir de la 10ème boucle de course. Attaqué à plusieurs reprises par le pilote Red Bull, le meilleur rookie de la saison 2018 oppose une fin de non-recevoir particulièrement virile au Néerlandais, rendant par la même occasion la monnaie de sa pièce à celui qui était venu cruellement lui chiper une victoire amplement méritée deux semaines plus tôt en Autriche. « La dernière course m’a ouvert les yeux, affirme sans ambages l’enfant prodige de la Principauté. Cela m’a montré à quel point on pouvait être agressif. C’est bien pour la F1 de pouvoir se battre à la limite ainsi. » Appelé à son box à l’attaque du 14ème passage, Leclerc croit alors être momentanément débarrassé du bouillant hollandais. Il n’en est rien. Persuadée (à juste titre) de pouvoir prendre le meilleur sur Ferrari dans les stands, Red Bull stoppe Verstappen dans la foulée du Monégasque avant de réussir un modèle de changement de pneus.
« Nous devons encore améliorer notre rythme de course »
Plus efficaces que leurs homologues de Maranello (2,9 secondes d’immobilisation pour le pilote de la Scuderia), les mécaniciens de Milton Keynes renvoient Verstappen sous le nez de la Ferrari flanquée du numéro 16, offrant au Batave un avantage dont il ne va pas tirer profit bien longtemps. Malicieusement poussé à la faute par Leclerc dans « The Loop », le pilote Red Bull écarte sa trajectoire et doit relaisser passer le champion 2017 de Formule 2. Pas décidé à s’avouer vaincu, Verstappen repart aussitôt à l’assaut du Monégasque, multipliant les manœuvres d’intimidation pour tenter de faire plier son adversaire. Parvenu à se faufiler dans un trou de souris au 19ème tour, le protégé de Nicolas Todt ayant très ardemment défendu sa position dans « Hanghar Straight », le Néerlandais voit le Monégasque le redéborder presque instantanément par l’extérieur dans « Stowe », annihilant ainsi ses desseins de podium. Solidement accroché à sa troisième place, le pilote Ferrari pense alors à tort que le plus dur est derrière lui. Grave erreur.
L’entrée en piste de la safety-car et le manque de réactivité des stratèges de la Scuderia le condamne à reculer en sixième position. Un temps menaçant sur Verstappen, il s’offre un nouveau duel roue-contre-roue avec le Néerlandais au 24ème passage dont il sort finalement perdant, Leclerc va ensuite éprouver toutes les peines du monde à se débarrasser de l’autre Red Bull de Gasly. Bloqué derrière le Français pendant plus de huit tours, l’enfant prodige de la Principauté trouve finalement la faille dans la 36ème boucle à la suite d’un superbe dépassement par l’extérieur dans « Village ». Remontée à un cinquième rang auquel il ne semble plus en mesure de pouvoir se substituer, la figure de proue de la FDA retrouvera la troisième place un tour plus tard grâce au précieux cadeau de son coéquipier Vettel. « C’était une bonne journée pour moi, savoure l’ex-pilote Sauber en interview d’après Grand Prix. Maintenant, sur le strict plan de la performance nous devons encore améliorer notre rythme de course et notre gestion des pneumatiques parce que nous avons un peu souffert aujourd’hui. »
Andrea Noviello
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