Course : Leclerc touché-coulé

Charles Leclerc course Allemagne 2019
Piégé par le retour de la pluie, Charles Leclerc enregistre à Hockenheim son 2ème abandon de la saison.
Facebooktwitter

Déjà surpris à deux reprises dans ce même avant-dernier virage plus tôt dans la course, Charles Leclerc a vu sa troisième erreur dans Elfkurve se conclure par une embardée contre les protections pneumatiques. Contraint à l’abandon du Grand Prix d’Allemagne alors qu’il était sur le point de croquer la Mercedes du leader Hamilton, le pilote Ferrari gâche une occasion en or d’ouvrir son compteur de victoire en Formule 1.

La victoire de son petit frère Arthur le matin même en F4 aurait dû lui donner des ailes. Le galvaniser. Le pousser à son meilleur lui qui n’a que rarement déçu depuis son arrivée à Maranello. Soucieux de marcher dans les pas de celui qui a rejoint la filière pour jeunes pilotes de l’écurie Sauber en avril dernier, Charles Leclerc a tout tenté pour faire retentir une deuxième fois l’hymne monégasque dans les gradins d’Hockenheim en ce dimanche après-midi pluvieux et brumeux. Quitte à dangereusement flirter avec les limites. Son freinage un peu long lors d’un dépassement audacieux sur la Haas de Kevin Magnussen dans le 6ème tour n’avait été qu’une simple péripétie dans une entame de course où sa prise de risque et les conditions d’adhérence précaires de la piste rendaient ce genre de raté presque inéluctable. Sa spectaculaire glisse du train arrière en mode trophée Andros cinq boucles plus tard lors d’un passage un peu trop au large dans l’avant-dernier virage avait, en revanche, sonné comme un premier avertissement sans-frais.

Parvenu à contrôler la dérobade de sa Ferrari d’un magistral coup de volant, le Monégasque aurait alors pu se sentir invulnérable d’autant qu’une énième largesse dans cette même Elfkurve au 26ème passage se soldait, de nouveau, par une simple chaleur. Généreusement épargnée par la direction de course pour son lâché des stands quelque peu cavalier devant la Haas de Romain Grosjean au moment de son premier changement de pneus (4ème tour), la figure de proue de la Ferrari Driver Academy avait, de surcroît, bénéficié d’un timing parfait (merci la double intervention de la virtual safety-car) lors de ses deux pit-stops suivants. Remonté au deuxième rang par le jeu des arrêts au stand, l’enfant prodige de la Principauté pouvait dès lors ouvertement lorgner sur la première place de l’immuable leader Hamilton, mais c’était toutefois sans compter sur une nouvelle erreur, fatale cette fois, dans ce maudit avant-dernier virage deux tours plus tard. « J’ai tout simplement commis une faute, consent le champion 2017 de Formule 2. L’équipe a réalisé un bon boulot entre hier et aujourd’hui. La stratégie était bonne et j’ai tout jeté à la poubelle. C’est vraiment dommage. »

Une nouvelle occasion gâchée

Englué au milieu de paquet sur la grille de départ, une casse de sa pompe à essence le privant de toute tentative chronométrée la veille en Q3, Leclerc parvient à se jouer avec habilité des mauvaises conditions de visibilité pour gagner quatre positions (au détriment de Perez, Sainz, Gasly et Grosjean) dans le seul 1er tour de course. Appelé à son stand pour troquer ses gommes pluies contre des intermédiaires lors de l’intervention de la voiture de sécurité (consécutive au crash de la Racing Point de Perez), le pilote Ferrari reprend sa marche en avant dès la relance du Grand Prix au 5ème passage. Facilement venu à bout de l’autre Racing Point de Lance Stroll pour le gain de la cinquième place, le protégé de Nicolas Todt se débarrasse dans la foulée et au prix d’un freinage kamikaze de la Haas de Magnussen. Désormais libéré de tout obstacle gênant, le fer de lance de la FDA se montre pourtant incapable de tenir le rythme imprimé par le trio de tête Hamilton-Bottas-Verstappen.

Déjà relégué à plus de huit secondes du Britannique à l’entame de la 7ème boucle, le champion 2016 de GP3 va voir l’écart avec le leader du championnat grimper au-dessus de la barre des 14 secondes sept boucles plus tard, moment qui voit le moteur du malheureux Daniel Ricciardo rendre l’âme dans un spectaculaire panache de fumée. Exagérément précautionneuse sur le coup, l’Australien rangeant soigneusement sa Renault meurtrie dans une zone de dégagement, la direction de course choisit de lancer la Virtual Safety-Car, neutralisant pour la deuxième fois de la journée un Grand Prix amputé de trois tours par la faute d’une procédure de formation ridiculement longue. Averti par son écurie de l’activation de la VSC, Leclerc plonge aussitôt dans la voie de stands afin de chausser un train de pneus intermédiaires neuf au 15ème passage. Ressorti sans n’avoir quasiment rien concédé sur les leaders, la neutralisation prenant fin dès la rentrée en piste de la Ferrari n°16, le Monégasque met à profit ses gommes neuves pour (rapidement) récupérer le temps perdu sur le trio de tête.

« Inacceptable d’avoir un tel asphalte »

Homme le plus rapide en piste, il colle plus de trois secondes au tour à la Mercedes d’Hamilton, le natif de Monaco fond sur la Red Bull de Verstappen non sans s’occasionner quelques sueurs froides (il rate la corde à l’épingle après avoir adopté une trajectoire trop intérieure). Revenu à moins de trois secondes du Néerlandais à l’amorce du 25ème tour, Leclerc voit la réussite de nouveau l’accompagner une boucle plus tard lors d’une nouvelle virée hors-piste (il avait déjà fauté dans ce même avant-dernier virage au 11ème passage) au niveau d’Elfkurve. Sauvé par son sang-froid, et sans doute aussi par ses exceptionnels réflexes volant en main, le protégé de Nicolas Todt ne se laisse guère perturber par cette énième chaleur, profitant au contraire des arrêts successifs de Verstappen (26ème boucle) et de Bottas (27ème boucle) pour s’emparer de la deuxième place derrière l’intouchable Hamilton. Aidé par l’explosion du moteur de Ricciardo lors de son second changement de gommes, l’enfant prodige de la Principauté va, cette fois, bénéficier de la défaillance du groupe propulseur de la McLaren de Lando Norris.

La FIA décidant, de nouveau, de neutraliser la course sous régime de Virtual Safety-Car, Leclerc marque un troisième passage par la pit-lane au 28ème tour. Reparti chaussé de pneus tendres, un choix différent de celui de Bottas et de Verstappen qui ont préféré monter les médiums, le pilote Ferrari se lance alors à l’assaut des 37,4 secondes qui le sépare désormais du leader Hamilton. Conscient d’avoir une belle carte à jouer avec l’arrêt programmé du fer de lance de la firme à l’étoile, le Monégasque attaque sans ménagement pour tenter de combler son retard sur le Britannique. Piégé par le retour de la pluie dans l’avant-dernier virage, le champion 2017 de Formule 2 part dans une glisse incontrôlée sur la zone de dégagement bitumée avant de heurter la barrière de protection. Game over. « Cela n’enlève rien à mon erreur, mais je trouve inacceptable d’avoir un tel asphalte dans les deux derniers virages », s’insurge l’enfant prodige de la Principauté. C’est juste une honte qu’ils laissent ça pour une course de Formule 1. Nous ne pouvons pas avoir si peu de grip. Je roulais à 60 km/h et je n’avais aucune adhérence. Sous la pluie c’est non seulement inconduisible, mais aussi très dangereux. »

Andrea Noviello

Charles Leclerc course Hockenheim 2019
Charles Leclerc a laissé filer une nouvelle opportunité de victoire en partant à la faute en course.
Facebooktwitter

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*