Qualification : Leclerc tsar parmi les stars

Charles Leclerc qualification Russie 2019
Charles Leclerc devient le premier pilote Ferrari depuis Schumacher à signer 4 pole consécutives.
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Revanchard après sa déception de Singapour, Charles Leclerc s’est offert avec la manière le chrono de référence lors des qualifications du Grand Prix de Russie. De nouveau intouchable dans l’exercice de la vitesse pure, le Monégasque enlève sa quatrième pole position consécutive égalant ainsi une performance qui n’avait plus été réalisée par un pilote Ferrari depuis sa majesté Michael Schumacher.

On l’avait quitté chafouin. Vexé. Blessé dans son orgueil de champion. Une semaine après sa désillusion de Marina Bay (il termine deuxième de la course après avoir vu son coéquipier Vettel le dépasser dans les stands à la faveur d’un undercut sciemment orchestré par Ferrari), on l’a retrouvé apaisé et plus flamboyant que jamais. Alors certes Charles Leclerc n’a peut-être, pas encore, totalement digéré le dénouement du Grand Prix de Singapour dimanche dernier. Certes, le Monégasque n’a probablement pas fait le deuil d’une victoire qui lui a longtemps été promise avant de lui être enlevée par sa propre écurie. Certes enfin, le nouveau chouchou des tifosis n’a très certainement pas encore accepté les explications de son patron Mattia Binotto sur le bien-fondé d’une stratégie mise en place (au départ) pour se jouer de la Mercedes de Lewis Hamilton. Mais toujours est-il que le champion 2017 de Formule 2 a merveilleusement fait abstraction de ses rancœurs du moment pour ne laisser transparaître à Sotchi que la plus belle facette de son personnage. Celle de l’éblouissant nouveau petit prince des qualifications.

Invaincu dans l’exercice du tour chronométré depuis le Grand Prix de Belgique, Leclerc a, une nouvelle fois, torpillé l’opposition sur les bords de la mer Noir, infligeant à ses deux principaux opposants (Lewis Hamilton et Sebastian Vettel) une véritable déculottée en Russie (l’Anglais comme l’Allemand accusent plus de quatre dixièmes de retard sur le temps signé par le Monégasque). Seul pilote capable de briser la barre des 1 minute 32 au tour (il établit le chrono de référence en 1’31’’628), l’enfant prodige de la Principauté a, de surcroît, arraché sa quatrième pole position consécutive au volant d’une machine blessée à la suite d’un passage au large sur un vibreur en fin de Q2. « Me retrouver de nouveau en pole, c’est un sentiment incroyable, se délecte le protégé de Nicolas Todt en interview d’après séance. En revanche, je ne prête pas une trop grande attention aux statistiques. Bien sûr égaler le record de Schumacher c’est génial, mais je préfère me concentrer sur le travail que j’aurais à fournir demain. Nous avons été compétitifs tout le week-end et les simulations de course étaient très bonnes donc je suis plutôt confiant. »

« Pas la meilleure piste pour partir depuis la pole »

Dominateur dans deux des trois séances libres du week-end (il n’a abandonné que les seuls libres 2 à la Red Bull de Max Verstappen), Leclerc s’est montré tout aussi intraitable ce samedi après-midi en qualification, assurant tranquillement un (seul) chrono en gommes médiums lors de la Q1 (là où son coéquipier Vettel a dû rechausser un train de pneus tendres à la suite d’une erreur dans le virage 13) avant de progressivement monter en puissance au fil de la séance. Déjà impressionnant de facilité en Q2 (il colle six dixièmes et demi à Vettel à l’issue de leur premier run respectif), le champion 2016 de GP3 a encore davantage élevé son niveau de jeu en Q3, affichant alors une supériorité presque embarrassante sur deux des pilotes les plus redoutables (87 pole pour Hamilton, 56 pole pour Vettel) dans l’exercice de la vitesse pure. « Si on excepte les virages 16 et 17 où je perds un peu l’arrière de l’auto, mon dernier tour en Q3 était vraiment bon, savoure celui qui décroche à Sotchi la sixième pole de sa carrière en F1. Je suis toujours heureux quand je termine une journée avec un tel résultat, mais mon attention est déjà pleinement focalisée sur la course. »

Vainqueur par KO du combat du chronomètre, Leclerc sait pourtant mieux que quiconque (il n’a jusqu’ici converti que deux de ses cinq pole positions en victoire) que sa prouesse de la qualification ne lui garantira en rien un dimanche après-midi paisible au cœur de la station balnéaire russe. S’il souhaite éviter de voir les scénarios de Bahreïn, de l’Autriche ou plus récemment de Singapour bégayer, le natif de Monaco devra non seulement réaliser un envol parfait à l’exception des feux, mais aussi méticuleusement gérer la dégradation de ses pneus tendres pour endiguer la menace Mercedes, Hamilton comme Bottas choisissant à l’inverse des deux pilotes Ferrari de s’élancer en gommes médiums. « On prendra le départ avec un composé différent de celui de nos adversaires, explique le fer de lance de la Ferrari Driver Academy. Je ne crois toutefois pas qu’il y ait une énorme différence entre les tendres et les médiums en termes de dégradation. Ce ne sera pas facile, mais il sera crucial de garder tout le monde derrière au départ, car il y aura un long chemin à parcourir avant le virage 2. Clairement, ce n’est pas la meilleure piste pour partir depuis la pole, mais je donnerai mon maximum. » Comme toujours.

Andrea Noviello

Charles Leclerc pole Sotchi 2019
Leclerc sait qu’il lui faudra bien négocier sa mise en action pour espérer l’emporter ce dimanche.
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