Alex Caffi : « La Formule 1 n’était pas un monde pour moi » (1/2)

Alex Caffi Sportel Monaco 2017
Alex Caffi affirme avoir vécu ses plus beaux moments de pilote au volant d'une Formule 1.
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Invité du salon Sportel Monaco, Alex Caffi revient en longueur sur une carrière en Formule 1 qui lui aura apporté plus de désillusions que des réelles satisfactions.

Son passage au plus haut niveau du sport automobile fut bref, jonché d’obstacles et rarement très enthousiasmant. Cantonné, comme beaucoup, au rang de simple faire-valoir, Alex Caffi n’a pas laissé une trace indélébile dans les annales de la discipline. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. De ses débuts chez Osella à sa fin de carrière du côté de Footwork, le sympathique pilote italien aura, en vain, tenté de se démarquer au volant de machines bien souvent incapables de tenir ne serait-ce que la distance d’un Grand Prix. Trop souvent trahi par sa mécanique pour pouvoir un jour espérer jouer avec les cadors du plateau, le champion d’Europe 1985 de Formule 3 aura tout de même connu quelques succincts moments de gloire lors de courses où son talent aura pris l’ascendant sur la faiblesse de sa machine. Régulièrement compétitif sur les tracés en ville comme Monaco, le Lombard se sera plus d’une fois illustré sans pour autant goûter aux joies d’un podium en Formule 1. Parti sans grand regret d’un milieu auquel il ne s’identifiait pas, Caffi avoue pourtant n’avoir jamais pris autant de plaisir au volant que lors de ses cinq saisons passées au plus haut niveau du sport automobile.

Durant votre longue carrière en sport automobile, vous avez eu l’opportunité de toucher à quasiment toutes les formes de course. Dans quelle discipline avez-vous pris le plus de plaisir ?

La Formule 1, sans le moindre doute. Elle représente pour tout pilote l’expression maximale du sport automobile. J’ai eu la chance de participer au Rallye Monte-Carlo, au Dakar et à bien d’autres épreuves mythiques, mais la F1 procure des sensations qu’aucune autre voiture de course n’est capable de reproduire.

En cinq saisons de F1, vous avez connu quatre écuries (Osella, Scuderia Italia, Arrows et Footwork) différentes pour quasiment autant de désillusions. Que vous a-t-il manqué pour vous inscrire dans la durée au plus haut niveau du sport automobile ?

Très certainement un peu de chance. La Dallara de la Scuderia Italia en 1988 était une bonne voiture dans le sens où elle m’a permis de réussir quelques coups d’éclats. Je me suis mis en lumière grâce à elle et plusieurs écuries se sont alors intéressées à moi. Malheureusement, mon contrat comprenait une clause qui a refroidi pas mal de postulants. Il fallait payer cette clause pour pouvoir partir et une seule écurie a accepté de la lever : Arrows Footwork. Je les ai rejoints parce qu’ils venaient de conclure un partenariat moteur avec Porsche. Rouler pour un tel nom du sport automobile représentait le rêve de tout pilote à l’époque et c’est toujours vrai aujourd’hui.

« En signant chez Arrows, je pensais tenir ma chance d’autant que Porsche n’avait encore jamais raté un moteur. Le seul qu’ils ont manqué c’est celui-là »

Le rêve va malheureusement se transformer en cauchemar …

Oui, hélas. Porsche sortait de quatre très belles années avec TAG. Ils venaient quasiment de remporter tous les derniers championnats. En signant chez Arrows, je pensais tenir ma chance d’autant que Porsche n’avait encore jamais raté un moteur. Le seul qu’ils ont manqué c’est celui-là (il soupire). S’ils étaient parvenus à fabriquer un moteur compétitif comme ils l’avaient toujours réussi dans le passé, l’histoire serait certainement très différente aujourd’hui.

Lors de votre première saison complète en 1987, vous avez constamment dû abandonner sur problème mécanique à l’exception du Grand Prix au Brésil où vous aviez renoncé sur épuisement. Vous êtes-vous crus maudit à un moment donné ?

Compte tenu de la nouvelle réglementation technique réduisant à 180L la capacité du réservoir et à 3,5 bars la pression de suralimentation, on savait pertinemment que le moteur Alfa Romeo ne réussirait jamais à terminer une course à cause de sa consommation. On n’avait aucune chance de rallier l’arrivée. Un jour, j’ai quand même essayé de rouler très lentement lors du Grand Prix de Saint-Marin. Malgré mon excessive précaution, je suis quand même tombé en panne sèche dans le dernier tour au niveau d’Acque Minerali. La voiture n’était absolument pas fiable et encore moins compétitive. C’était une veille auto. J’ai tout de même réussi à réaliser quelques bonnes courses à son volant notamment à Monaco. Je me suis mis en valeur grâce à cette monoplace et j’ai ensuite pu trouver un meilleur baquet l’année suivante. Même si elle n’a pas obtenu de grandes performances, l’Osella a fait office de tremplin dans ma carrière.

« J’adorais courir à Monaco et je savais que cette course pouvait tourner à mon avantage. Bien sûr la chance a été de mon côté »

À partir de 1989 vous avez constamment brillé sur les tracés en ville, notamment à Monaco. Vous signez cette année-là le meilleur résultat de votre carrière en F1.  Était-ce inespéré avant le départ ?

Inespéré oui et non. La voiture fonctionnait très bien sur les tracés en ville grâce à son excellente traction. En Hongrie aussi on avait bien marché. On avait donc de bonnes chances d’être performant en Principauté. J’adorais courir à Monaco et je savais que cette course pouvait tourner à mon avantage. Bien sûr la chance a été de mon côté parce que sans plusieurs abandons qui ont facilité ma remontée dans la hiérarchie, je n’aurais probablement pas terminé quatrième. Mais Monaco ne pardonne rien et seul celui qui voit la ligne d’arrivée a raison en fin de compte. Cette course s’est bien déroulée pour moi. Avant le départ, on visait au moins un top 6. On voulait décrocher les points. Le résultat a été encore meilleur en fin de compte.

Cette course demeure-elle votre plus beau souvenir en F1 ?

Indubitablement oui, car je décroche ce jour-là mon meilleur résultat en F1. J’ai également signé une autre belle performance à Monaco l’année suivante en terminant cinquième au volant de la Arrows. Je garde aussi en mémoire ma course de Phoenix où j’aurais pu terminer sur le podium. C’était une superbe opportunité, mais Andrea De Cesaris m’a hélas poussé dans le mur (rires). La séance qualificative du Grand Prix de Hongrie reste un autre très bon moment de ma carrière. J’en tire une grande fierté, car décrocher le troisième temps des qualifications derrière le Renault de Patrese et le Honda de Senna n’était pas donné à tout le monde.

Propos recueillis par Andrea Noviello

Alex Caffi Monaco 1989
Caffi garde un souvenir spécial de sa superbe 4ème place obtenue lors du Grand Prix de Monaco 1989.
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