Remonté comme une pendule après sa bourde des qualifications, Charles Leclerc a connu, ce dimanche après-midi, un Grand Prix d’Azerbaïdjan des plus contrastés. Inarrêtable lors de la première moitié de course, le pilote Ferrari a ensuite sensiblement marqué le pas une fois passé en gommes tendres, récoltant le minimum syndical sous le drapeau à damier avec une cinquième place.
Son Grand Prix d’Azerbaïdjan était joué avant même d’avoir réellement commencé. En encastrant, comme un bleu qu’il n’est plus, sa SF90 contre les barrières Tecpro du virage 8 lors des qualifications, Charles Leclerc avait d’ores et déjà condamné ses chances de succès sur les bords de la mer caspienne. Relégué en plein milieu de la grille, le pilote Ferrari pouvait au mieux viser un podium en course à condition, toutefois, de bénéficier du facteur chance. Mais de miracle il n’y en a, cette fois, point eu à Bakou en ce beau dimanche après-midi. Condamné à l’exploit, le Monégasque avait, pourtant, sorti le grand jeu lors d’une première moitié de Grand Prix où son sens de l’attaque se mêlait à merveille avec la vitalité de ses pneus médiums. Il ne lui avait, en effet, fallu que sept tours pour remonter en cinquième position. Et seulement trois de plus pour chiper la quatrième place de Max Verstappen.
Propulsé en tête du Grand Prix à l’entame du 14ème passage par les pit-stop successifs du trio Bottas-Hamilton-Vettel, le champion 2017 de Formule 2 aurait même pu, un très court instant certes, se croire revenu dans la course à la victoire tant son rythme en gommes jaunes fut longtemps impressionnant. Mais son arrêt (beaucoup trop) tardif au 35ème tour allait définitivement sceller ses rêves de grandeur au « pays du feu ». Relégué à plus de vingt secondes de Verstappen à sa sortie des boxes, Leclerc ne pouvait dès lors plus rien espérer si ce n’est de récolter le point bonus alloué au meilleur tour. Comme à Bahreïn, il rafla la mise avec brio. Mais comme à Bahreïn, le cœur n’y était plus. Classé cinquième à l’arrivée, le protégé de Nicolas Todt allait, autre similitude avec Sakhir, se voir décerner le titre du pilote du jour à sa descente de voiture. Mais la déception d’avoir laissé filer une nouvelle opportunité de victoire l’emportait (très largement) sur ce bien maigre lot de consolation.
« Je n’ai pris aucun plaisir dans la voiture »
« Je n’ai pris aucun plaisir dans la voiture aujourd’hui, maugrée au micro de Canal + le fer de lance de la Ferrari Driver Academy. Je me suis retrouvé un peu seul au monde pendant toute la course. J’aurais aimé que l’équipe m’arrête avant de me faire dépasser par les Mercedes, car on a perdu pas mal de temps dans l’affaire. Même chose avec Sebastian. Dans tous les cas, je ne pense pas que l’on aurait pu obtenir beaucoup plus. Le gros problème reste mon erreur d’hier. Je reviendrai plus fort. » Grand perdant des qualifications, Leclerc aborde cette quatrième manche de la saison l’esprit revanchard et avec la ferme intention de se faire pardonner sa (grossière) bourde de la veille. Huitième sur la grille grâce à la double pénalité infligée aux pilotes Sauber, le natif de Monaco va pourtant se montrer exagérément précautionneux à l’extinction des feux. Avalé d’entrée par la Renault de Daniel Ricciardo, le champion 2016 de GP3 se laisse également surprendre par la McLaren de Carlos Sainz, reculant de deux places en dixième position.
« J’avais du mal à faire monter les médiums en température, confie en interview d’après Grand Prix l’enfant prodige de la Principauté. Une fois cette tache réussie, j’ai aussitôt retrouvé du grip et la situation a commencé à s’améliorer. » Rassuré par l’efficacité de sa monte pneumatique, Leclerc se lance alors dans une formidable remontée. Ricciardo (3ème tour), Kvyat (4ème tour), Sainz (5ème tour), Norris (6ème tour), Perez (7ème tour) et Verstappen (10ème tour) cèdent tous devant les assauts du Monégasque, ouvrant à ce dernier les portes du top quatre derrière l’inébranlable trio de tête. Revenu comme un boulet de canon sur la Ferrari sœur de Vettel, l’ex-pilote Sauber s’apprête à avaler le quadruple champion du monde quand ce dernier plonge dans la voie des stands afin de sacrifier à son changement de gommes obligatoire. Débarrassé dans la foulée des deux pilotes Mercedes, le protégé de Nicolas Todt s’empare des commandes du Grand Prix et peut alors pleinement mettre à profit sa stratégie décalée.
Un meilleur tour en guise de réconfort
Conscient de devoir maintenir en vie le plus longtemps possible ses pneus médiums, Leclerc s’évertue à manager ses enveloppes tout en essayant de contenir le retour derrière lui des flèches d’argent. Impuissante face au rythme bien supérieur de ses adversaires, la nouvelle recrue de la Scuderia voit son avance fondre comme neige au soleil, l’écart entre lui et Bottas passant de 13,7 secondes au 15ème passage à seulement 6 secondes dans la 23ème boucle. Prématurément éliminé de la course au podium, Vettel ayant lui aussi comblé la grande majorité de son retard, le Monégasque va de surcroît perdre son duel à distance avec Verstappen pour la quatrième place par la faute d’une écurie Ferrari étonnement inerte. Avalé par le trio Bottas-Hamilton-Vettel, le protégé de Nicolas Todt rentre dans la foulée chausser des pneus tendres et ressort, comble de malchance, derrière la seconde Red Bull de Pierre Gasly. « Après le pit-stop, il paraissait clair que l’on ne parviendrait pas à regagner des places, explique la figure de proue de la FDA. On a donc décidé de ne plus attaquer et de sauver les pneus. »
Volontairement précautionneux dans une fin de course où il ne cherche même plus à combler son (important) retard sur Verstappen, l’enfant prodige de la Principauté ne s’offre que pour seule liberté de reprendre à Gasly le gain de la cinquième position. Passé sans coup férir devant le Français dans la 36ème boucle, le pilote Ferrari se contient jusqu’au 48ème tour avant de finalement repartir à l’attaque et de conquérir, avec l’aide précieuse de pneus tendres neuf, le point bonus du meilleur tour en course. Arrivé à Bakou dans l’aspiration de son coéquipier Vettel, Leclerc cède non seulement du terrain à l’Allemand au championnat (ils sont désormais séparés de 5 points), mais perd aussi une (autre) belle occasion de s’affirmer au sein de la Scuderia. « Dans l’ensemble cela n’a évidemment pas été le meilleur week-end pour nous, mais le potentiel était clairement là, tente toutefois de positiver le natif de Monaco. J’espère que nous serons beaucoup plus forts à Barcelone. »
Andrea Noviello
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