Un an après avoir déjà conquis la pole position sur le Red Bull Ring, Valtteri Bottas a de nouveau dominé la séance qualificative du Grand Prix d’Autriche. Auteur de deux tentatives époustouflantes en Q3, le Finlandais signe la cinquième pole position de sa carrière devant la Mercedes sœur de Lewis Hamilton et la Ferrari de Sebastian Vettel. Pénalisé de trois places pour avoir gêné Carlos Sainz lors de la Q2, le fer de lance de la Scuderia s’élancera finalement depuis la sixième place de la grille.
L’an dernier il avait dû patienter jusqu’au troisième Grand Prix de la saison à Bahreïn pour justifier, en partie tout du moins, la confiance placée en lui par Toto Wolff et l’état-major de Mercedes. Homme le plus rapide dans l’exercice du tour chronométré dans la nuit de Sakhir, Valtteri Bottas n’avait toutefois pas réussi à convertir sa pole en victoire lors d’une course où sa faculté à rivaliser avec les cadors du championnat, Sebastian Vettel et Lewis Hamilton en tête, avait de nouveau été sérieusement remise en cause à l’intérieur du paddock. Torpillé par une grande majorité de l’opinion publique pour son manque de rythme le dimanche après-midi, le Finlandais allait pourtant prendre sa revanche quelques mois plus tard en Autriche lors d’un week-end quasi-parfait où le natif de Nastola coiffa pole et victoire au nez et à la barbe des deux prétendants à la couronne mondiale. Injustement privé d’une première victoire méritée cette saison à Bakou par une crevaison à trois tours de l’arrivée, le pilote Mercedes entendait bien conjurer le sort là même où un an plus tôt il avait su répondre aux critiques de ses détracteurs.
Sans doute galvanisé par ce doux souvenir, l’ancien petit protégé de Claire Williams a retrouvé toute sa verve dans le très bucolique cadre des montagnes de Styrie, arrachant au prix d’une ultime tentative de toute beauté la cinquième pole position de sa carrière, la toute première de l’année au volant de la redoutable, mais capricieuse W09. « Nous avons bien progressé sur les réglages de l’auto depuis le début du week-end, se satisfait le pendant chez Mercedes d’Hamilton. Nous sommes parvenus à bien mettre au point les nouvelles pièces apportées par l’équipe ici et cela nous a permis de gagner quelques millièmes. Mon premier tour a été très rapide, mais j’ai heureusement pu améliorer mon temps lors de ma seconde tentative. J’en avais besoin. J’espère maintenant prendre le meilleur départ possible et ne pas rencontrer de problème au premier virage. Cette victoire, je la veux ! » Crédité du nouveau chrono de référence du Red Bull Ring en 1’03’’130, Bottas s’est finalement joué de son coéquipier pour 19 minuscules millièmes de seconde, un écart aussi infime que primordial en vue du départ demain.
Vettel pénalisé de trois places
Coupable d’une inhabituelle erreur de pilotage lors de son premier run en Q3, Hamilton (2ème) s’est bien rattrapé par la suite, sans toutefois parvenir à déloger son voisin de garage de la première place sur la grille. Une déception largement atténuée par le rythme affiché par les flèches d’argent en terre autrichienne, merci au passage les nombreuses évolutions aérodynamiques apportées par la firme de Brackley à Spielberg, et surtout par la pénalité infligée à son principal rival au championnat Sebastian Vettel (3ème). Parvenu, lui aussi, à surmonter un début de Q3 mal embarqué, le fer de lance de la Scuderia a vu la Fédération Internationale de l’Automobile le sanctionner d’un recul de trois places sur la grille pour avoir gêné Carlos Sainz (9ème) en fin de Q2. Une décision très sévère au regard des conséquences, l’Espagnol partant de toute façon à la faute dans le virage 1 ruinant ainsi ses chances d’amélioration, et qui pourrait s’avérer lourde de conséquences dans la course au titre. « Ce n’était pas intentionnel, tente de se défendre l’Allemand. On ne m’a pas prévenu à la radio qu’il arrivait sur moi. Je lui présente mes excuses. »
Vettel relégué sur la sixième place de la grille, Ferrari pourra néanmoins s’appuyer sur son autre pilote Kimi Räikkönen (4ème) d’autant qu’à l’instar du quadruple champion du monde, le Finlandais s’élancera en gommes ultratendres au moment de l’extinction des feux. Un choix agressif, la dégradation des gommes Pirelli demeurant comme toujours une inconnue totale, mais qui pourrait permettre aux hommes de Maurizio Arrivabene de grappiller plusieurs positions au départ. Toujours aussi remonté envers les médias, comme en témoigne sa nouvelle sortie orageuse en conférence de presse, Max Verstappen (5ème) a confirmé son très net regain de forme en qualifiant sa Red Bull devant la très bonne surprise du jour, Romain Grosjean (6ème). Accablé, lui aussi, par les critiques en cette entame de championnat 2018, le Tricolore a enfin réussi à mettre tout bout à bout dans l’exercice de la vitesse pure, se permettant même de devancer à la régulière la seconde RB14 d’un Daniel Ricciardo (7ème) pas franchement dans le coup sur les terres de son employeur.
Grosjean répond (enfin) présent
« C’était une superbe qualification, se réjouit le pilote Haas. Nous avons construit notre rythme tout au long du week-end. Je suis fier d’avoir pu me glisser entre les deux Red Bull. Nos deux voitures sont dans le top 10 donc avec un peu de chance, nous marquerons des points demain. » Dominé d’un gros dixième et demi par le Tricolore au terme de sa meilleure tentative, Kevin Magnussen (8ème) offre non seulement à l’écurie américaine son deuxième meilleur résultat d’ensemble dans une séance qualificative après Melbourne, mais aussi un joli tir groupé des VF-18 devant les deux Renault de Carlos Sainz (9ème) et de Nico Hulkenberg (10ème). Impuissants face aux trois tops teams et aux Haas, les hommes de Cyril Abiteboul n’ont pas pu réaliser de miracles sur le Red Bull Ring en dépit de l’introduction du tout nouveau MGU-K censé apporter le fameux « party mode » tant espéré depuis de longs mois. Bloqué aux portes de la Q3 il y a une semaine au Castellet, Esteban Ocon (11ème) a encore vu le passage dans l’ultime partie de la séance se refermer juste devant lui, le Normand ratant le coche pour moins de deux dixièmes.
Regonflé à bloc après sa déception vécue à domicile, Pierre Gasly hisse sa Toro Rosso à une prometteuse douzième position, une performance d’autant plus méritoire que son coéquipier Brendon Hartley a, lui, dû se contenter d’un piteux dix-neuvième chrono au volant de l’autre machine conçue dans les ateliers de Faenza. Visiblement perturbé par les multiples rumeurs faisant état de sa future promotion chez Ferrari en remplacement de Räikkönen, Charles Leclerc (13ème) a multiplié les approximations lors de cette neuvième qualification de la saison, mais s’est tout de même payé le luxe de précéder les McLaren de Fernando Alonso (14ème) et de Stoffel Vandoorne (16ème), la Williams de Lance Stroll (15ème), ainsi que la Force India d’un Sergio Perez (17ème) victime à la fois du trafic et du drapeau jaune brandi en fin de Q1 à la suite de la sortie au large de ce même Leclerc au virage 4. Battu pour la cinquième fois par son voisin de garage en qualification, Sergey Sirotkin (18ème) limite (légèrement) les dégâts en échappant, cette fois, à l’humiliation de la dernière ligne de la grille au détriment d’Hartley et de la seconde Sauber de Marcus Ericsson (20ème).
Andrea Noviello
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