Légèrement en retrait lors de la journée du vendredi, Lewis Hamilton a remis les pendules à l’heure à l’occasion des qualifications du Grand Prix d’Abu Dhabi. Déterminé à conclure sa saison 2018 en beauté, le Britannique s’est adjugé au terme d’une dernière tentative magistrale le meilleur chrono de la séance, raflant la 83ème pole position de sa carrière au nez et à la barbe de son coéquipier Valtteri Bottas et de son rival Sebastian Vettel troisième au volant de la Ferrari.
Sacré officiellement pour la cinquième fois de sa carrière au soir d’un Grand Prix du Mexique où il n’aura jamais réellement été en mesure de contester la suprématie du vainqueur du jour Max Verstappen, Lewis Hamilton aurait très bien pu terminer sa saison en roue libre, comme il a souvent eu tendance à le faire lors de ses quatre précédentes consécrations. Logiquement moins impliqué une fois le titre en poche, le Britannique n’avait, jusqu’à cette année, jamais su s’imposer après s’être couvert de lauriers, laissant volontairement (ou pas) la gloire à des adversaires tout heureux de profiter de la mansuétude du carnassier de Stevenage. Le très controversé accrochage entre le leader de la course Verstappen et le retardataire Esteban Ocon à Interlagos a, toutefois, permis au désormais quintuple champion du monde de corriger cette anomalie sur les terres de son idole Ayrton Senna et de prouver qu’il savait encore rester impliqué malgré la quête des couronnes pilotes et constructeurs.
Conscient que sans le coup de main précieux du Français il n’aurait sans doute pas triomphé d’un Verstappen déchaîné sur le très vallonné tracé brésilien, le pilote Mercedes s’est évertué à effacer les derniers doutes qui pouvaient encore exister lors d’une séance qualificative où il aura de nouveau étalé toute sa classe et sa détermination. Seulement troisième temps à l’issue de la Q1, le Britannique a ensuite sensiblement haussé le curseur, s’offrant en Q2 comme en Q3 le chrono de référence après avoir atomisé la concurrence dans le dernier secteur de l’insipide circuit de Yas Marina. « Ce fut une qualification assez émouvante, confie à sa descente de voiture le fer de lance de la firme à l’étoile. Réussir à sortir une performance comme celle-ci, c’est quelque chose de vraiment spécial. Je suis tellement reconnaissant de pouvoir autant m’amuser en piste, de m’exprimer et de pousser la voiture comme je le veux. Signer un doublé ici constitue une très bonne manière de terminer la saison. »
Verstappen rentre dans le rang
Tombeur du record de la piste en 1’34″794, Hamilton signe sous les projecteurs de Yas Marina la 83ème pole position de sa carrière, la onzième en 2018, repoussant son plus proche rival et coéquipier chez Mercedes Valtteri Bottas (2ème) un dixième derrière lui. Fringant vendredi en essais libres, le Finlandais n’a en revanche jamais pu contester la suprématie de son chef de file dans l’exercice du tour chrono, le natif de Nastola se contentant, comme souvent, de verrouiller une première ligne 100% Mercedes. Attendu au tournant après son bien trop discret Grand Prix du Brésil, Sebastian Vettel (3ème) a, lui aussi, dû s’avouer vaincu face à Hamilton, l’Allemand concédant trois dixièmes de retard au natif de Stevenage. Soucieux d’achever en beauté son aventure en rouge, l’autre pilote Ferrari Kimi Räkkönen (4ème) n’a pas franchement brillé pour sa toute dernière qualification au volant d’une machine frappée du mythique cheval cabré, mais parvient tout de même à se hisser devant les deux Red Bull de Daniel Ricciardo (5ème) et de Max Verstappen (6ème).
Seul gros bras à avoir dû réviser sa stratégie en Q2 et abandonner les ultratendres pour repasser en hypertendres, le Néerlandais devra impérativement réussir son envol pour espérer effacer son (présumé) handicap pneumatique. « Je ne suis pas heureux de cette qualification, maugrée le petit protégé d’Helmut Marko. L’équilibre de la voiture n’était pas aussi bon que lors des précédentes séances qualificatives. Quand je suis sorti en piste, les pneus étaient cinq degrés trop chauds. Je glissais partout. » Abonné au top dix depuis le début de week-end, Romain Grosjean (7ème) a confirmé ses bonnes dispositions à Abu Dhabi en s’octroyant la si convoitée place de meilleur des autres devant le toujours aussi épatant Charles Leclerc (8ème). Assuré de se retrouver sans volant en 2019 après l’annonce de la titularisation du revenant Robert Kubica chez Williams, Esteban Ocon (9ème) ponctue la première page de sa carrière en F1 par une onzième entrée en Q3, une performance d’autant plus délectable pour le Tricolore que son coéquipier Sergio Perez (14ème) a, lui, piteusement échoué en Q2.
Alonso reçu 21 sur 21
« Je pense qu’on a vraiment extrait le meilleur de la voiture, apprécie celui qui officiera l’an prochain en tant que réserviste chez Mercedes. J’espère que demain nous pourrons faire fonctionner notre stratégie avec les hypertendres. » Dernier pilote parvenu à se hisser dans l’ultime partie des qualifications, Nico Hulkenberg (10ème) devance sur la grille son coéquipier chez Renault Carlos Sainz (11ème) et la seconde Sauber du futur pilote Indycar Marcus Ericsson (12ème). Pas dans le rythme en Q2, Kevin Magnussen (13ème) aura fort à faire pour tenter de réintégrer les points en course, mais pourra tout de même s’appuyer sur un choix stratégique potentiellement différent de son coéquipier chez Haas, Romain Grosjean. Couvert de louanges tout le week-end pour ce qui sera, très certainement, sa dernière apparition au volant d’une F1, Fernando Alonso (15ème) a largement rempli sa part du contrat en qualifiant sa pataude McLaren dans la deuxième partie de la séance et en surclassant, pour la vingt et unième fois de l’année, son voisin de garage Stoffel Vandoorne (18ème).
« Je n’étais pas forcément optimiste avant la qualification donc aller en Q2 représente une excellente chose, affirme le natif d’Oviedo. La voiture marche un peu mieux que prévu. L’objectif maintenant est de terminer la course et de voir le drapeau à damier. » Accroché à son baquet chez Toro Rosso quand bien même ses dirigeants souhaiteraient le remplacer par Alexander Albon, Brendon Hartley (16ème) termine sa pénible saison 2018 devant l’autre pilote de Faenza Pierre Gasly (17ème), une satisfaction à pondérer toutefois, le Normand voyant son ultime tentative en Q1 ruinée par une casse moteur dans le dernier virage alors qu’il possédait six dixièmes d’avance sur son précédent chrono. Condamné à Grove par l’arrivée du tout frais champion de F2 George Russell, Sergey Sirotkin (19ème) s’offre malgré tout une petite consolation en dominant une dernière fois son coéquipier Lance Stroll (20ème). Bon dernier pour la quatrième fois de l’année, le Canadien tentera d’effacer cette énième déconvenue en course, histoire de quitter l’écurie de ses débuts au plus haut niveau sur une note moins amère.
Andrea Noviello
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