Privé de roulage dans la matinée en raison d’un problème moteur, Charles Leclerc a bien limité les dégâts lors des qualifications du Grand Prix des États-Unis. Quatrième chrono de la séance malgré l’utilisation d’un ancien groupe propulseur, le pilote Ferrari échoue à seulement un dixième de la pole signée par la Mercedes de Bottas.
Il y a des week-ends comme ça où rien ne fonctionne. Des Grand Prix où la poisse vous colle à la peau. Vendredi, le passage appuyé sur l’une des innombrables bosses du tracé d’Austin lui avait coûté trente minutes de roulage en essais libres 1 par la faute d’une pédale d’accélérateur devenue soudainement inopérante. Samedi, c’est cette fois le groupe propulseur de sa SF90 qui avait décidé de rendre l’âme au moment même où il entamait son tour de préparation en tout début des libres 3. Privé de kilométrage lors de cette ultime répétition d’avant-qualification, Charles Leclerc pouvait légitimement craindre le pire dans l’exercice du tour chronométré d’autant qu’à l’inverse de son coéquipier Sebastian Vettel, lui ne bénéficiait plus de la dernière évolution du moteur ciglé du mythique Cavalino Rampante. Contraint et forcé de se rabattre sur une ancienne version du si décrié groupe propulseur italien, le Monégasque n’a pourtant pas fait pâle figure lors de cette dix-neuvième séance qualificative de la saison. Bien au contraire.
S’il lui a logiquement fallu reprendre ses marques en Q1, il ne décroche qu’un modeste douzième chrono malgré deux tentatives chronométrées, Leclerc a par la suite fait l’étalage de tout son talent en tenant tête jusqu’au bout aux Mercedes et à la Red Bull du trublion Max Verstappen. Homme le plus rapide en Q2, une performance qu’il réalise à l’issue de deux runs en gommes médiums, le pilote Ferrari a également offert une vaillante opposition en Q3, échouant finalement pour un petit dixième à la quatrième place derrière le trio Bottas-Vettel-Verstappen. « Cette qualification fut extrêmement serrée, observe avec lucidité l’enfant prodige de la Principauté dans le carré des interviews. Ce week-end n’a malheureusement pas été facile pour moi jusqu’ici donc s’élancer de la quatrième place n’est pas si mal en fin de compte. On s’attendait peut-être un petit peu à mieux après les essais libres, mais les Mercedes et les Red Bull ont vraiment bien travaillé. Ils étaient simplement trop rapides pour nous aujourd’hui. »
« Le départ est toujours très piégeux ici »
Accablé par les ennuis techniques depuis le début du week-end, Leclerc a tout de même eu le loisir de jauger (en partie tout du moins) le potentiel de sa SF90 sur les longs relais lors de la séance libre du vendredi après-midi. Et le constat du natif de Monaco fut sans appel. Non content d’accuser un réel déficit de performance vis-à-vis des Mercedes et autres Red Bull (surtout celle de Verstappen), la monoplace italienne souffre, de surcroît, d’une dégradation pneumatique bien supérieure à celle de ses rivales directes, de quoi sérieusement entamer les chances de briller de l’écurie la plus titrée de l’histoire sur le toboggan texan. « Nos simulations de course n’ont clairement pas été bonne hier, confirme le protégé de Nicolas Todt à sa descente de voiture. On a donc effectué pas mal de changements sur l’auto et j’ai bon espoir que toutes ces modifications portent leurs fruits demain. Le départ est toujours très piégeux ici, j’espère simplement que des opportunités s’offriront à nous. »
Chassé de la première ligne de la grille pour la première fois depuis le Grand Prix de Hongrie (il partait déjà depuis la quatrième place), le champion 2017 de Formule 2 va tenter de faire mentir la statistique qui veut que seuls les pilotes s’élançant depuis la première ou la deuxième place ont réussi à s’imposer à Austin. Pas une mince d’affaire d’autant que pour y parvenir, encore lui faudra-t-il mater une concurrence à priori intouchable en rythme de course et surtout dompter le si cahoteux tarmac américain 56 tours durant. « La piste est vraiment bosselée, mais j’aime assez le défi que cela représente, avoue le pilote de la Scuderia en interview d’après qualification. Cela rend les choses plus intéressantes encore. La manière dont vous allez affronter les bosses va directement impacter l’équilibre de la voiture. Le pilote a donc une réelle influence ici. » Quelle plus belle occasion, dès lors, pour prouver à tout le paddock que son huitième revers de la saison dans l’exercice de la vitesse pure face à Vettel ne relève que de la simple anomalie ?
Andrea Noviello
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