Lewis Hamilton
Inarrêtable, ou presque, depuis son renversant succès d’Hockenheim, le Britannique a de nouveau dicté sa loi à la concurrence dans les rues de Singapour, enchaînant un quatrième succès en cinq courses qui pourrait bien définitivement mettre fin au suspense dans la course au titre. Largué par les Ferrari en libres 3, Lewis Hamilton a totalement inversé la tendance dès les qualifications, sortant de son chapeau magique un tour irréel où il colle la bagatelle de six dixièmes à son rival Sebastian Vettel. Une véritable claque qu’il va prendre un malin plaisir à renvoyer dans la figure de « Baby-Schumi » le lendemain en course, infligeant cette fois un débours de près de 40 secondes au leader de la Scuderia. Magnifique à l’extinction des feux, le pilote Mercedes négocie tout aussi habillement la relance du Grand Prix au 5ème tour, créant immédiatement un petit écart (autour de la seconde) avec la Ferrari de l’Allemand. D’abord précautionneux en début de relais, il tente malicieusement de faire croire par radio que ses gommes n’offrent plus beaucoup de performance pour pousser Ferrari à la faute, l’Anglais hausse progressivement sa cadence par la suite avant de se calquer sur la stratégie de Vettel. Appelé à son stand à l’entame de la 16ème boucle, soit un tour après le natif d’Heppenheim, le fer de lance de la firme à l’étoile conserve logiquement l’avantage sur la Ferrari frappée du numéro 5 à sa sortie de la pit-lane. Chaussé de pneus tendres quand Vettel a lui opté en faveur des ultratendres, l’ancien protégé de Ron Dennis justifie très vite l’option tactique de son équipe, s’échappant irrémédiablement d’un Vettel ralenti par des pneus inefficaces. Menacé par son nouveau dauphin Verstappen qu’après avoir perdu un temps monstre derrière le duo Grosjean-Sirotkin, le natif de Stevenage connaît une fin d’épreuve nettement plus sereine, le Hollandais rendant aussitôt les armes faute de pouvoir rivaliser avec la flèche d’argent du leader. Impérial de bout en bout, Hamilton coiffe dans la nuit de Marina Bay sa 69ème victoire en carrière, portant son douillet matelas d’avance sur Vettel à 40 points. La cinquième couronne mondiale se rapproche à grand pas.
Max Verstappen
Il avait beaucoup de choses à se faire pardonner après sa énième crise de rébellion de Monza. Cette fois, Max Verstappen n’a pas commis le moindre faux pas, prouvant au contraire qu’il savait aussi se montrer propre et réfléchi. Irrité par les coupures à répétition de son moteur Renault lors de l’ultime répétition du samedi matin, le Néerlandais a mis à profit sa frustration pour sortir un tour de folie dans l’après-midi. Éblouissant deuxième chrono de la séance qualificative à seulement trois dixièmes du poleman Hamilton, le pilote Red Bull va réussir un Grand Prix de Singapour tout aussi remarquable, tenant notamment tête à la Ferrari d’un Vettel pourtant beaucoup mieux loti que lui en termes de cavalerie. Tout proche de se faire souffler sa deuxième place par ce même Vettel au premier virage après un départ des plus poussif depuis le côté sale de la piste, le fils de Jos préfère sagement ne pas tenter le diable lorsque l’Allemand le rétrograde au troisième rang dans la longue ligne droite précédant le virage du Mémorial. Volontairement lâché par le quadruple champion du monde après la relance, le protégé d’Helmut Marko attend l’arrêt de « Baby-Schumi » au 15ème tour pour fournir son effort et hausser sensiblement sa cadence. Une tactique qui va s’avérer gagnante. Maintenu en piste trois boucles de plus que l’Allemand par les stratèges de l’écurie autrichienne, le natif d’Hasselt opère son changement de gommes obligatoire au 18ème passage et repart, malgré un arrêt assez moyen (2,5 secondes), sous le nez de la Ferrari Vettel. Facilement en mesure de se détacher du natif d’Heppenheim, le champion du monde 2013 de karting ne parviendra toutefois jamais à réellement menacer le leader Hamilton, si ce n’est brièvement lors de l’opération bouchon du tandem Grosjean-Sirotkin. Magnifique deuxième sous le drapeau à damier, Verstappen monte sur son sixième podium de la saison à Marina Bay et confirme sa prise de pouvoir au sein d’une écurie Red Bull où il compte désormais 22 unités de plus que son équipier Ricciardo. De bon augure pour la saison prochaine.
Fernando Alonso
Le futur retraité de la F1 a encore de (très) beaux restes et il l’a, de nouveau, démontré dans les rues étroites de Singapour. Légèrement diminué par une main toujours douloureuse après son spectaculaire vol plané de Francorchamps, Fernando Alonso a pourtant réalisé un week-end de tout premier ordre à Marina Bay, gratifiant ses employeurs d’une neuvième entrée dans les points en 2018. Passé tout près de l’exploit en qualification, il échoue aux portes de la Q3 avec le onzième chrono quand son coéquipier Vandoorne s’est contenté d’un piteux dix-huitième temps, l’Espagnol n’a, en revanche pas laissé filer sa chance en course, bonifiant une stratégie parfaite par l’ajout de six nouvelles unités à son compteur personnel. Comme toujours redoutable à l’extinction des feux, « Nando » gagne deux places au départ en se jouant de la Renault d’Hulkenberg d’abord puis en bénéficiant de l’abandon précoce de la Force India d’Ocon ensuite. Collé aux basques de Grosjean jusqu’au pit-stop du Tricolore dans la 17ème boucle, le pilote McLaren choisit, à l’inverse du Français, de rester en piste le plus longtemps possible, une stratégie qui va non seulement lui permettre de prendre l’ascendant sur le pilote Haas, mais aussi de disposer de la seconde Force India de Perez. Trop rapide pour être inquiété par son compatriote Sainz, le double champion du monde exploite ses ultratendres jusqu’au 38ème tour avant de finalement consentir à stopper à son box pour chausser les gommes tendres. Logiquement ressorti devant Sainz malgré la tentative d’« undercut » du Madrilène, le « Taureau des Asturies » s’offre le luxe de signer la quatrième meilleur tour en course à quelques encablures de l’arrivée, un mini exploit auquel est venu s’agrémenter la joie de ne pas concéder le moindre tour de retard aux intouchables tops teams. Héroïque septième à Singapour, Alonso effectue un bond en avant au championnat, grimpant de la onzième à la huitième place du classement trois petits points derrière le meilleur des autres Hulkenberg. McLaren va le regretter l’an prochain.
Charles Leclerc
Avec l’officialisation de son transfert chez Ferrari en 2019, le Monégasque se savait attendu au tournant à Singapour. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le rookie a amplement répondu aux (lourdes) attentes placées sur ses jeunes épaules. Parti faire connaissance avec les murs de Marina Bay dès les libres 1, le pilote Sauber a, de nouveau, frisé la correctionnelle en qualification, tutoyant d’un peu trop près le mur qui avait été fatal à son futur coéquipier à Maranello, Vettel, en libres 2. Honorable treizième temps de la séance, le protégé de Nicolas Todt a, comme Alonso, pris le pari de s’élancer chaussé de gommes ultratendres. Un choix gagnant même s’il avère contreproductif au départ. Surpris à l’extinction des feux par la Toro Rosso de Gasly, l’enfant prodige de la Principauté parvient néanmoins à se maintenir à sa treizième place initiale devant l’autre Sauber d’Ericsson grâce à l’abandon prématuré d’Ocon. Incisif lors du restart, le champion 2017 de Formule 2 tente, sans grand succès, d’intimider le Français en se décalant dans la ligne droite des stands. Jamais vraiment en mesure de porter une attaque sur le Normand, le poulain de Frédéric Vasseur va patiemment attendre que les gommes du successeur de Ricciardo chez Red Bull rendent l’âme pour finalement s’en défaire au 26ème passage à la suite d’un dépassement d’école. Remonté en neuvième position à la faveur de sa stratégie décalée et des arrêts au stand de ses adversaires directs, le figure de proue de la Ferrari Driver Academy se construit une avance suffisante pour ressortir devant la Renault d’Hulkenberg après son pit-stop du 39ème tour. Repoussé à un tour de la tête de course par Hamilton dans la 49ème boucle, le natif de Monaco se contente alors de gérer le (timide) retour de « Hulk » en fin d’épreuve. Impressionnant neuvième pour sa découverte du Grand Prix le plus éreintant de la saison, Leclerc renoue avec les points après cinq résultats blancs consécutifs et redonne à Sauber l’infime espoir de devancer Toro Rosso (neuf points de retard) en fin de championnat. Un mental d’acier.
Andrea Noviello
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