Lewis Hamilton
Les mauvaises langues prétexteront que sans l’introduction des nouvelles gommes Pirelli, jamais l’Anglais n’aurait à ce point écrasé cette cinquième manche de la saison. Toujours est-il que Lewis Hamilton a su, comme personne, tirer avantage de cette nouvelle donne technique pour empocher son deuxième succès consécutif après Bakou. D’entrée dans le ton, le quadruple champion du monde monopolise le meilleur temps en essais libres, il ne laisse filer que la première séance libre du vendredi matin à Bottas, avant de rééditer sa performance en qualification où il s’adjuge la 74ème pole position de sa carrière. Impeccable à l’extinction des feux, le natif de Stevenage gère également parfaitement la relance au 7ème passage puis entame une véritable démonstration au cours de laquelle il colle une seconde par tour à son dauphin Vettel. Nanti d’un confortable pécule de 7,5 secondes sur l’Allemand au moment où ce dernier plonge dans la voie des stands pour opérer son premier changement de gommes, le fils d’Anthony poursuit sa promenade de santé jusqu’à son pit-stop personnel dans la 26ème boucle. Rentré en piste en seconde position derrière la Red Bull de Verstappen, le pilote Mercedes récupère logiquement son bien après l’arrêt du Néerlandais au 35ème tour et reprend sans difficulté aucune son rythme endiablé. Débarrassé de la menace Vettel lors de la neutralisation sous régime de virtual safety-car, le Britannique achève sa merveilleuse partition catalane avec plus de vingt secondes d’avance sur l’autre flèche d’argent de Bottas. Vainqueur pour la deuxième fois de l’année, Hamilton consolide sa position de leader au championnat (17 points de marge) et entre un peu plus dans les livres d’histoire en devenant le nouveau recordman du nombre de victoires (41) converties depuis la position de pointe sur la grille. Géant.
Charles Leclerc
Le débutant le plus surveillé du paddock ne pouvait pas rêver meilleure série avant son Grand Prix national à Monaco. Quinze jours après avoir déjà ébloui de son talent la manche azérie, Charles Leclerc a de nouveau fait (très) forte impression en Espagne. D’abord en hissant sa modeste Sauber en deuxième partie des qualifications loin, très loin (près de six dixièmes d’écart) devant l’autre C37 d’Ericsson. Ensuite, en réalisant une autre course de toute beauté au volant d’une monoplace pourtant encore loin de pouvoir jouer les points à la régulière. Quatorzième sur la grille, le Monégasque exécute un envol prudent, mais va habillement profiter de la cohue provoquée par Grosjean dans le virage 3 pour se faufiler à la neuvième place. Appliqué lors de la relance, le fer de lance de la Ferrari Driver Academy oppose une magnifique résistance à la McLaren d’Alonso jusqu’à son unique changement de pneus dans le 21ème tour. Parvenu à conserver l’avantage sur l’Espagnol au jeu des arrêts au stand, le protégé de Nicolas Todt entame son retour en avant-postes par un joli dépassement sur la Toro Rosso d’Hartley au 26ème passage. Aidé dans sa progression par l’abandon de Räikkönen, le pilote Sauber grimpe même jusqu’à la huitième place à la faveur des pit-stop d’Ocon, Vandoorne et Ericsson. Toujours sous la menace directe d’Alonso, le représentant de la Principauté se laisse surprendre par le double champion du monde lors du restart au 43ème tour, reculant au neuvième rang. Ramarré par la Force India de Perez à huit boucles de l’arrivée, le champion 2017 de Formule 2 cède logiquement à l’attaque de « Checo » au 59ème passage, son pneu-avant gauche n’ayant pas résisté au traitement de choc qui lui a été infligé en début de relais. Épatant dixième à Barcelone, Leclerc signe une deuxième entrée consécutive dans les points (une première chez Sauber depuis 2015) et marque davantage encore son territoire au sein d’une écurie en pleine rédemption. De la graine de champion.
Max Verstappen
Attendu au tournant après une entame de championnat entachée de bourdes à répétition, Max Verstappen a enfin livré un Grand Prix propre en Espagne. Plus véloce que son coéquipier Ricciardo dans l’exercice des qualifications, il signe le cinquième chrono avec deux millièmes de marge sur l’Australien, le petit protégé d’Helmut Marko a également dominé le natif de Perth en course, terminant avec près de 25 secondes d’avance sur « Smiling ». Résolument précautionneux à l’extinction des feux, le Néerlandais conserve sa cinquième place initiale non sans avoir légèrement poussé son coéquipier sur l’extérieur en sortie du virage 2. Rapidement détaché de son voisin de garage, le champion du monde 2013 de karting parvient à se maintenir dans le sillage de la Ferrari de Räikkönen jusqu’à que la casse moteur du Finlandais au 25ème tour ne le fasse grimper d’un rang dans la hiérarchie. Maintenu en piste bien plus longtemps que ses adversaires, le pilote Red Bull s’empare momentanément de la tête du Grand Prix grâce à l’arrêt du leader Hamilton, mais la rétrocède logiquement au Britannique lors de son pit-stop au 35ème passage. Ressorti en quatrième position derrière l’autre Mercedes de Bottas, le fils de Jos semble devoir se contenter de cet accessit quand l’abandon d’Ocon au 40ème tour et la neutralisation sous régime de voiture de sécurité virtuelle change la donne. Vettel rappelé à son stand par Ferrari, le natif d’Hasselt récupère sur un plateau une troisième position qu’il ne quittera plus en dépit d’un aileron-avant bêtement endommagé dans un contact avec la Williams de Stroll au moment de la relance. Insensible à la pression de Vettel en fin d’épreuve, Verstappen décroche non seulement son premier podium depuis sa victoire mexicaine l’an dernier, mais se rachète surtout une conduite lui qui s’est plus souvent signalé par ses frasques que par ses coups de génie en 2018. Il était temps.
Kevin Magnussen
De nouveau dans l’œil du cyclone après avoir lourdement rudoyé Gasly à Bakou, Kevin Magnussen a offert la meilleure des réponses à ses détracteurs en réalisant un week-end de toute beauté en terre catalane. Meilleur des autres en qualification, il coiffe le septième temps du jour un dixième devant son coéquipier Grosjean, le Danois a conservé son rang le dimanche après-midi, bénéficiant même du retrait de Räikkönen pour grimper d’une position sous le drapeau à damier. Crédité d’un bon envol, le pilote Haas se positionne à hauteur de la Red Bull de Ricciardo dans le premier virage, mais préfère rester sagement derrière l’Australien. Passé tout proche de la correctionnelle dans le virage 3, sa légère perte de contrôle provoque d’ailleurs la perte de son voisin de garage et le chaos au sein du peloton, le champion 2013 de F3.5 doit conjuguer en début de course avec la pression de la Renault de Sainz. En mesure de progressivement se détacher de l’Espagnol, le fils de Jan choisit de rester en piste au moment où les leaders ouvrent la valse des changements de gommes. Propulsé en sixième position par l’abandon de Räikkönen au 25ème tour, le natif de Roskilde marque finalement son arrêt sept boucles plus tard, troquant ses pneus tendres contre des mediums. De retour en piste sans avoir même perdu sa sixième place, l’ancien protégé de McLaren passe une fin de course tranquille, esseulé entre la Red Bull de Ricciardo (48 secondes de retard) et la Renault de Sainz (31 secondes de marge). Superbe sixième à l’arrivée, Magnussen signe sa troisième entrée dans les points en cinq Grand Prix, gonflant son capital personnel de huit unités supplémentaires. Seule ombre au tableau : son coup de volant grossier et inutile contre le débutant Leclerc lors des libres 1. Une question de mauvaise habitude sans doute.
Andrea Noviello
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