Mercedes
En repartant de Russie avec son troisième doublé de la saison en poche et un score parfait de 43 points récoltés, l’écurie championne du monde en titre aurait légitimement dû pavoiser et se féliciter d’avoir franchi un nouveau pas décisif vers la couronne mondiale. Au lieu de ça, Mercedes et l’ensemble de ses dirigeants ont quitté le parc olympique de Sotchi par la petite porte, trop gênés qu’ils étaient d’avoir recouru à des méthodes qu’ils s’étaient pourtant promis de ne jamais plus employer après le tollé provoqué par les consignes du Grand Prix de Malaisie 2013. En ordonnant à Valtteri Bottas de s’écarter devant son leader Lewis Hamilton dans le 25ème tour alors que les Ferrari ne représentaient pas une réelle menace, la firme à l’étoile a non seulement bafoué le sport, mais a surtout privé les milliers de spectateurs présents dans les tribunes du circuit d’une véritable lutte au sommet pour la victoire. Plus grave en réduisant le Finlandais à un insignifiant rôle de porteur d’eau, le team dirigé par Toto Wolff a également mis en lumière l’hypocrisie d’une F1 moderne davantage intéressée par les profits qu’elle génère plutôt que par la qualité du spectacle qu’elle produit. Non content d’être ridicule et pas franchement indispensable à ses intérêts mondiaux, Hamilton devançant de toute les manières son principal rival au championnat Vettel à ce moment-là, la décision de Mercedes jette une nouvelle fois le discrédit sur une discipline déjà sérieusement critiquée pour la trop grande prévisibilité de ses courses et pour son désespérant manque d’incertitude. Les justifications vaseuses de Toto Wolff après l’arrivée n’ont d’ailleurs fait qu’aggraver le mal-être de ses pilotes et la colère de passionnés dépités par l’injuste traitement infligé au valeureux Bottas. Si Mercedes jouissait, jusque-là, d’une jolie côte de sympathie auprès des fans en dépit de sa domination écrasante sur la F1 depuis l’avènement de l’ère hybride, elle a tout perdu en l’espace d’une seule course, devenant même aux yeux de tous l’écurie qui aura encore un peu plus creusé le trou entre la catégorie reine et ses admirateurs. Nul !
Kevin Magnussen
À chaque fois qu’on le croit assagi ou tout du moins rentré dans les rangs, le Danois ressort son attirail de pilote détestable et au comportement inadmissible. Absent des débats dans les rues de Marina Bay, Kevin Magnussen avait pourtant retrouvé sa compétitivité sur le sol russe, comme en témoigne son joli cinquième chrono des qualifications. Mais là où une attitude un peu plus responsable en piste aurait, peut-être, pu lui permettre de terminer dans le même tour que la Sauber du débutant Leclerc, le pilote Haas n’a pas pu s’empêcher de dépasser, une nouvelle fois, les limites de l’acceptable en répétant les changements de lignes intempestifs en phase défensive. Crédité d’un envol correct où il se maintient devant Leclerc, le Nordique doit toutefois s’incliner face au Monégasque dès le 2ème tour sur une manœuvre imparable au virage 2. Dépossédé avec tout autant de maestria de sa sixième place par un Verstappen déchaîné dans la 6ème boucle, le champion 2013 de F3.5 se lance alors dans une opération bouchon dont la principale victime se nomme Ocon. Attaqué par le Français au 9ème passage, le fils de Jan oppose une fin de non-recevoir pour le moins virile (pour ne pas dire scandaleuse) au pilote Force India, attendant le mouvement du Tricolore sur le freinage pour se décaler et ainsi couper court aux velléités de ce dernier. Appelé à son stand à l’entame du 10ème tour afin de troquer ses hypertendres contre des tendres, l’ancien protégé de McLaren reprend sa course au treizième rang derrière la Renault de Sainz. Décidé à ne pas trop traîner en route, le natif de Roskilde surprend le Madrilène en bout de ligne droite au 18ème passage avant de honteusement élargir sa trajectoire et envoyer le malheureux « Carlito » dans les pâquerettes. Inexplicablement passé sous silence par la FIA, Charles Whiting and co ne consentant même pas à ouvrir une enquête, ce nouvel écart de conduite du Danois va définitivement sécuriser sa huitième place finale, Ocon comme Perez se refusant à tenter le diable en fin de Grand Prix. Épargné, une fois de plus, par le système, Magnussen doit pourtant comprendre qu’à force de jouer avec le feu, on finit généralement par se brûler. Déplorable.
Toro Rosso
La sympathique écurie italo-autrichienne ne gardera pas un souvenir impérissable de son week-end russe. Déjà pas franchement dans le coup en qualification, même si Gasly est parvenu à se hisser en Q2, Toro Rosso a vécu dimanche un Grand Prix des plus expéditifs, ses deux monoplaces renonçant coup sur coup au 6ème tour à la suite d’un problème identique sur les freins. Étonnement à son aise en essais libres, Pierre Gasly a confirmé ses bonnes dispositions dans l’exercice du tour chronométré en qualifiant sa STR13 dans la deuxième partie de la séance. Relégué sur la dix-septième place de la grille après le cumul de ses pénalités pour changement de groupe propulseur, le Français connaît un départ des plus chaotiques, passant tout près de caler au signal du starter. Heurté au niveau de la visière par un débris provenant de la voiture de Ricciardo, le Normand part, dans la foulée, en tête-à-queue au virage 4 à la suite d’un violent blocage de ses roues arrière. Bon dernier à l’issue du 1er tour, le Tricolore voit sa pédale de frein définitivement rendre l’âme au 5ème passage, le contraignant à renoncer en même temps que son voisin de garage. Nettement moins à l’aise que son coéquipier sur un tracé qu’il découvrait, Brendon Hartley a encore vu les portes de la Q2 se refermer devant lui en qualification, le Néo-Zélandais devant se contenter d’un bien modeste seizième temps. Contraint, lui aussi, de monter un groupe propulseur neuf sur son auto, le champion 2017 d’Endurance s’élance bon dernier à l’extinction des feux, mais parvient à griller la politesse à son voisin de garage. Rapidement perturbé par un problème de freins, l’ex-pilote Porsche rentre à son box monter les pneus tendres dès le 3ème tour, tombant en queue de peloton. Victime d’un spectaculaire décrochage de sa machine dans le virage 2, le « Kiwi » préfère sagement mettre pied à terre, sa pédale de frein n’offrant guère plus de répondant que celle de Gasly. Complètement hors-sujet à Sotchi, Toro Rosso enregistre son premier double abandon de la saison et voit Sauber revenir à seulement trois petites longueurs au classement constructeurs. Sa huitième place ne tient plus qu’à un fil.
Renault
Jusqu’à Hockenheim, la firme au losange respectait quasiment à la lettre le tableau de marche qu’elle s’était fixée dans le but de conquérir la tant convoitée quatrième place du championnat constructeurs. Mais depuis son beau résultat allemand, Renault connaît une inquiétante baisse de forme symbolisée par son nouveau couac en Russie. Incapables de jouer à la régulière une place en Q3, les monoplaces jaunes ont ainsi préféré faire abstraction de la deuxième partie des qualifications, une tactique à double tranchant qui ne va pas réellement porter ses fruits le lendemain en course. Onzième sur la grille par le biais des pénalités, Carlos Sainz s’extirpe plutôt bien de son emplacement à l’extinction des feux, conservant l’avantage sur la monoplace sœur d’Hulkenberg. Déposé par Verstappen dès le 1er tour, le Madrilène doit également s’incliner face à l’autre Red Bull de Ricciardo au 5ème passage, reculant à une treizième place qu’« Hulk » va s’empresser de lui subtiliser. Handicapé par une monoplace endommagée dans la bousculade du deuxième virage, « Carlito » ne va alors jamais cesser de dégringoler dans la hiérarchie, achevant son pénible après-midi à un indigne dix-septième rang. Classé douzième sous le drapeau à damier, Nico Hulkenberg n’a pas franchement connu beaucoup plus de réussite dans l’ancien village olympique même si lui a pu, un temps, caresser l’espoir de rentrer dans les points. Douzième au départ, l’Allemand se maintient derrière son coéquipier dans la 1ère boucle avant de, lui aussi, céder devant les deux Red Bull de Verstappen et de Ricciardo. Plus véloce que Sainz, le vainqueur 2015 des 24 Heures du Mans prend le meilleur sur le fils du double champion du monde des rallyes au 6ème passage, entamant une remontée qui va l’amener jusqu’à la septième place au gré des pit-stops de ses adversaires. Capable de tenir à distance la Sauber de Leclerc, le leader de l’écurie française prolonge son premier relais jusqu’au 35ème tour, puisse chausse les gommes ultratendres. D’abord en mesure de rattraper une seconde pleine aux Force India devant lui, le natif d’Emmerich s’écroule ensuite totalement, perdant même une place sur la Haas de Grosjean. Les temps sont durs chez Renault.
Andrea Noviello
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