Sebastian Vettel
Le Vettel souverain et inébranlable du Canada a laissé place à un Vettel brouillon et gaffeur en France. Seul opposant crédible au duo de Mercedes sur le tracé Paul-Ricard, l’Allemand a bêtement ruiné toute chance de bien figurer dès le départ en harponnant inutilement la flèche d’argent de Bottas. Une erreur grossière qui n’est pas sans rappeler ses bourdes de la saison passée à Singapour ou à Mexico et qui pourrait bien lui coûter cher au moment du décompte final. Impuissant face à la suprématie des W09 en qualification, il décroche le troisième temps à près de quatre dixièmes de la pole d’Hamilton, le pilote Ferrari aurait très bien pu venir se mêler à la lutte pour la victoire sans un excès de précipitation fatal au moment de l’extinction des feux. Auteur d’une superbe mise en action, le quadruple champion du monde détruit son aileron-avant sur un freinage suicidaire dans le « S » de la Verrerie ce qui le contraint à rentrer à son box changer de museau dès la fin du 1er tour. Recalé en avant-dernière position, le fer de lance de la Scuderia entame alors une folle remontée, se débarrassant coup sur coup de Sirotkin (6ème tour), Stroll (7ème tour), Ericsson (8ème tour) et Vandoorne (9ème tour). Sanctionné d’une (ridicule) pénalité de cinq secondes par la FIA pour sa responsabilité dans l’accrochage avec Bottas, « Baby-Schumi » ne se laisse pas distraire et continue au contraire de remonter dans la hiérarchie, Hulkenberg (11ème tour), Perez (13ème tour), Grosjean (14ème tour), Leclerc (17ème tour), Magnussen (18ème tour) et Sainz (20ème) devant tous s’incliner devant la supériorité du natif d’Heppenheim. Faute de pouvoir recoller à la régulière sur son coéquipier Räikkönen, le Finlandais comptant près de vingt secondes d’avance, l’ancien enfant prodige de Red Bull choisit d’effectuer un second changement de gommes au 41ème passage. Relégué à plus d’une minute du vainqueur Hamilton à l’arrivée, Vettel limite certes les dégâts en cinquième position, mais rétrocède les commandes du championnat au Britannique quinze jours seulement après les avoir retrouvées. Un beau gâchis.
Romain Grosjean
Le Français ne sait décidément plus quelle excuse trouver pour justifier ses contreperformances à répétition. Après avoir rejeté sa nouvelle bourde en qualification sur un mauvais réglage de sa Haas et une erreur de communication avec son équipe (comme si cela aurait changé quoi que ce soit !), Romain Grosjean a osé prétendre après l’arrivée que son coup de volant immonde contre son compatriote Ocon au départ était dû à la présence sur sa droite du débutant Leclerc. Une excuse aussi pitoyable qu’infondée puisque le Monégasque se trouvait largement devant lui au moment des faits. Logiquement sanctionné de cinq secondes de pénalité pour son geste inqualifiable, le pilote Haas n’a ensuite jamais pu rattraper le terrain perdu, achevant sa piteuse prestation sur une onzième place qui lui laissera bien des regrets compte-tenu des performances affichées par sa VF-18 ce week-end au Castellet. Particulièrement fringant vendredi en essais libres, il signe à chaque fois le sixième temps, le Tricolore a vu son rendez-vous à domicile prendre une mauvaise tournure à partir de la séance qualificative où une sortie de piste en Q3 le prive d’une potentielle septième place sur la grille. Inexplicablement agressif au départ, le natif de Genève gagne deux positions grâce aux malheurs de Vettel et Bottas, puis s’attaque sans tarder à Leclerc. Incapable de se défaire de la modeste Sauber, l’ancien protégé d’Éric Boullier perd même trois places face à Vettel (14ème tour), Hulkenberg (16ème tour) et Bottas (19ème tour) avant d’exécuter son unique pit-stop au 35ème passage. Plombé par sa pénalité, l’ex-pilote Lotus ne réussira pas à réintégrer le top dix, seul le duo Williams Sirotkin-Stroll pliant face aux assauts du champion 2011 de GP2. Médiocre tant sur la piste qu’en dehors, ce serait peut-être à lui d’apprendre avant de parler, Grosjean reste pitoyablement bloqué à l’avant-dernière place du championnat pilotes avec zéro point au compteur, un bilan désastreux qui risque bien de lui coûter son volant en F1 l’an prochain alors que son contrat avec Haas arrive à échéance en fin de saison. Nullissime !
McLaren
Plus le championnat avance et plus la mythique écurie britannique recule dans la hiérarchie. Fébrile à Monaco, absente au Canada, McLaren a cette fois frisé le ridicule sur le plateau du Castellet, affichant des performances médiocres d’un bout à l’autre de ce huitième rendez-vous du championnat. Gonflé à bloc par son brillant succès aux 24 Heures du Mans, Fernando Alonso a très vite déchanté pour son retour au volant d’une F1, l’Espagnol devant se contenter d’un peu reluisant seizième chrono en qualification. Sa course ne sera hélas guère meilleure. Pris dans l’agitation du premier virage, « Nando » ne gagne aucune position au départ et va même en perdre lors du restart au 6ème tour à la suite d’une erreur inhabituelle pour lui, mais assez révélatrice du mal qui gangrène sa MCL33. Rejeté en dernière position par son escapade hors-piste, le « Taureau des Asturies » éprouve alors toutes les peines du monde à venir à bout des Williams, une tâche dont il s’acquitte finalement au terme de la 21ème boucle. Bloqué ensuite derrière Ericsson, le natif d’Oviedo stoppera une seconde fois à son box au 48ème passage avant de renoncer sur rupture de suspension à trois tours de l’arrivée. Passé, à l’inverse de son glorieux coéquipier, sous le drapeau à damier en douzième position, Stoffel Vandoorne n’aura toutefois pas connu beaucoup plus de satisfaction en France. Piteux dix-huitième temps dans l’exercice de la vitesse pure, le Belge tire habillement parti de la cohue du départ pour se hisser au douzième rang dès le 1er tour. Mangé par Vettel et Bottas après avoir enfin fait sauter le bouchon Ericsson, le champion 2015 de GP2 économise ses supertendres le plus longtemps possible de sorte à ne devoir s’arrêter que tardivement au 41ème passage. Tombé derrière Alonso, le natif de Courtrai reprendra logiquement l’ascendant sur l’Ibère, un bien maigre lot de consolation pour celui qui n’a plus marqué le moindre point depuis Bakou. Dangereusement sur le déclin, McLaren risque de définitivement perdre son pilote phare si elle ne retrouve pas très vite un niveau plus décent. Désolant.
Williams
Comme McLaren, Williams connaît une courbe de régression désespérément inquiétante à mesure que cet exercice 2018 progresse dans le temps. Déjà pas franchement à la fête depuis l’entame du championnat, les FW41 ont carrément échoué aux deux dernières places des qualifications au Castellet, une humiliation de plus pour une écurie en pleine crise existentielle et dont l’avenir ne cesse de s’assombrir faute de pouvoir compter sur un management et une paire de pilotes à la hauteur de son standing passé. Dix-neuvième sur la grille, Sergey Sirotkin réalise un envol correct qui, conjugué au chaos provoqué par Vettel au virage 1, lui permet de grimper au quinzième rang. Facilement doublé par Vettel et Bottas, le Russe résiste plusieurs tours à Alonso avant de logiquement céder face au double champion du monde dans le 11ème tour. Incapable de suivre la cadence de l’Espagnol, le protégé de SMP végète un long moment en dernière position (à la suite d’une stupide pénalité de cinq secondes pour avoir roulé trop lentement sous régime de voiture de sécurité), puis profite de son arrêt anticipé dans la 1ère boucle pour émerger un court instant au quatorzième rang. Facilement dépossédé de son bien par Ericsson et Hartley, le débutant termine quinzième à la faveur de l’abandon de son coéquipier Lance Stroll à quelques encablures de l’arrivée. Bon dernier samedi, le Canadien a, lui aussi, su tirer parti d’un départ mouvementé à l’avant du peloton pour se hisser à la quatorzième place. Ce sera son seul fait d’arme de l’après-midi. En proie à des vibrations sur sa monoplace, le champion 2016 de F3 plonge progressivement dans la hiérarchie, ne réussissant à se maintenir que devant la machine sœur de Sirotkin. Régulièrement une seconde au tour plus lent que ses adversaires directs, le natif de Montréal parvient néanmoins à grimper miraculeusement en treizième position à la faveur de son pit-stop précoce. Une joie qui sera toutefois de courte durée, un freinage trop appuyé à la chicane Nord lui occasionnant une spectaculaire explosion de son pneu avant-gauche à deux tours du terme. De mal en pis.
Andrea Noviello
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